La ville de Die, dans la Drôme, est connue pour sa Clairette, un vin effervescent, léger et fruité. Les JNE, de passage dans le Diois pour leur congrès 2024, ne pouvaient pas rater l’occasion de déguster (avec modération !) cette spécialité locale et d’aller à la rencontre de viticulteurs.
par Carine Mayo
Imposante bâtisse, la cave Jaillance trône à l’entrée de la ville. Créée en 1950, cette coopérative réunit 210 viticulteurs et viticultrices et emploie 68 collaborateurs à Die. Troisième entreprise agro-alimentaire de la Drôme, son activité contribue à la vitalité économique de ce territoire. Sur les 1600 hectares dédiés à la production de Clairette de Die, 1200 sont cultivés par des viticulteurs qui ont choisi de s’associer au sein de la coopérative Jaillance. Ici, chaque exploitant dispose d’une voix et ensemble, ils président à la destinée de la coopérative. Trente deux pour cent des vignes sont cultivées en bio ou sont en conversion vers l’agriculture biologique et 30 % disposent du label Haute Valeur Environnementale. Soixante pour cent des bouteilles sont commercialisées dans la grande distribution, tandis que 12 % partent à l’export.
Direction le MuséObulles, un parcours pédagogique destiné aux touristes. On y apprend que ce vin existe depuis l’époque romaine. La Clairette de Die, aujourd’hui issue des cépages muscat blanc à petits grains et clairette blanche, résulte d’une fermentation lente à très basse température (entre 0 et 4 ° C) sous l’effet des levures naturellement présentes sur les raisins. Elle se poursuit en bouteille jusqu’à atteindre 8 ° d’alcool. Le choix du verre des bouteilles est important car ces contenants doivent pouvoir résister à la pression due à la fermentation.
La production de la Clairette de Die a pris son essor au XIXe siècle avec l’arrivée du train et l’inauguration de la gare de Die en 1888 car elle a permis d’exporter ce vin. Aujourd’hui, elle se heurte à la concurrence d’autres vins pétillants. Mais elle a pour elle de disposer d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) qui fait qu’elle est limitée à 50 hectolitres par hectare. Ici, on préfère la qualité à la quantité ! Et cela a aussi un effet sur l’environnement car les viticulteurs peuvent se permettre d’avoir un peu de perte, ce qui les conduit à moins épuiser les sols et à moins utiliser d’intrants.
Après la visite du MuseObulles, nous sommes allés dans la montagne découvrir les vignes cultivées en biodynamie de Ponet Saint-Auban. C’est Sylvain François, viticulteur engagé en bio, qui nous a montré les vignes de l’un de ses collègues indisponible. Dans une coopérative, on cultive aussi la solidarité ! Cette visite a été l’occasion de parler librement des choix de chacun : culture d’engrais verts, bandes enherbées entre les rangs de vigne, recherches pour diminuer l’utilisation du cuivre, nécessaire pour lutter contre le mildiou, qui, bien qu’autorisé en bio, a tendance à s’accumuler dans le sol et est toxique pour le milieu aquatique… Pour Sylvain François, le choix du bio s’est imposé par respect de l’environnement et de la santé : « je ne veux pas mourir en disant que je n’ai rien fait pour mon enfant ». Mais face aux bouleversements climatiques, les producteurs de Clairette de Die vont devoir s’adapter : trouver des variétés résistantes à la sécheresse, apprendre à conserver l’eau au maximum dans le sol. « A l’horizon 2050, c’est sans doute 20 % des vignes qui devront être arrachées ou irriguées », a annoncé Matthieu Bégou, vice-président de la coopérative Jaillance, lors de la table-ronde organisée par les JNE sur le thème de la Biovallée. En attendant, les coopérateurs continuent d’échanger sur leurs pratiques et d’expérimenter. Ainsi, des nichoirs et des abris à chauve-souris ont été installés chez certains viticulteurs après un diagnostic biodiversité effectué par la LPO. Et l’opération continue de s’étendre…
Photo du haut : à l’occasion de leur congrès 2024 dans la Drôme, les JNE partent à la découverte des vignes cultivées en biodynamie de Ponet Saint-Auban, dont le raisin est utilisé pour la fabrication de la Clairette de Die © Isabel Soubelet