Nous avons eu la tristesse d’apprendre le décès de notre fidèle adhérent Marc Ambroise-Rendu, qui fut l’un des premiers à traiter des questions écologiques au sein du journal le Monde, où il exerça de 1974 à 1995 et qui était également président d’honneur de FNE Ile-de-France.
Ses obsèques ont eu lieu le vendredi 28 juin à 15 h 30 au cimetière parisien de Bagneux. Jusqu’au bout, Marc Ambroise-Rendu a porté haut la défense de l’information sur l’écologie, exhortant les JNE à se mobiliser encore plus pour cette question (voir son intervention lors des 50 ans des JNE aux Archives nationales en 2019 https://www.youtube.com/watch?v=3kpqXTmXpF8 à partir de la 11e minute). Une exigence à ne pas oublier en ces temps difficiles pour l’écologie, la liberté d’informer et la démocratie.
Ci-dessous, un beau texte de Marc Ambroise-Rendu sur son itinéraire professionnel et personnel, qu’il avait écrit pour notre série « Grands Témoins » en 2019.
« J’ai adhéré aux JNE en 1971, deux ans après leur création par Pierre Pellerin, Jean Carlier et une poignée de collègues. Nous n’étions pas tombés de la dernière pluie, l’écologie non plus. Moi, par exemple, j’étais journaliste professionnel depuis des lustres, provincial monté à Paris parce que « c’est là que ça se passe », quadragénaire, père de famille, syndiqué, cadre de la presse écrite magazine. J’aurais pu m’en contenter et faire carrière. Impossible : la fièvre environnementaliste montait dans les villes et les campagnes. Une époque effervescente. 1970-1980 les dix glorieuses de l’écologie !
Les citoyens découvraient en ouvrant leur fenêtre comme leur petit écran que la planète se dégradait et que pour la sauver il fallait changer de mode de gestion. Formidable et double révélation : le problème et la solution. Comment un témoin de son temps aurait-il pu passer à côté de cette nouvelle-là ? Les alarmes arrivaient de partout : de Jean Dorst au Muséum, de Pompidou à Chicago, de Rachel Carson dans le Middle-West, du Club de Rome, de Robert Poujade au ministère, de Bernard Laponche au Commissariat à l’énergie atomique. Mais aussi de nos confrères Pierre de la Garde qui crie « Chefs d’oeuvres en péril ! », de Louis Bériot dénonçant ceux qui « défigurent la France », d’Alain de Swarte qui traque les démembreurs de nos campagnes, de Jean Carlier dont le micro fustige les promoteurs sur la Vanoise.
Moi qui suis né au cul des vaches dans le Sud-Ouest mais dans une famille d’artistes, je souffre personnellement de ces multiples agressions. J’ai rédigé mon premier papier (fort complet) sur les périls de la pollution de l’air à Paris dès 1958, mobilisant le préfet sur cette question « d’intérêt public ». Et soudain nous comprenons tous qu’il ne s’agit pas de créer un syndicat de défense des professionnels de la nature mais une association – il y en a déjà 1500 – de défense de la nature tout court. Du journalisme engagé, militant, mal élevé, à l’envers de tous les usages. Nous mettons en commun nos découvertes quasi-quotidiennes et nous allons constater que l’alerte est universelle. Nous voici avec les JNE en URSS, aux Etats-Unis, au Brésil, en Chine bientôt. Nous mondialisons l’écologie. Cela me permet de nourrir de reportages originaux la rubrique environnement du Monde, de fonder Mieux Vivre puis Combat Nature. L’échec – la politisation de l’écologie par les Verts sans profit pour personne – sera aussi navrant qu’était productif notre enthousiasme d’investigateurs. Les journalistes français de l’environnement sont aujourd’hui plus de 300. Bon courage collègues ! »
Marc Ambroise-Rendu a écrit, entre autres, Des cancres à l’Elysée, cinq présidents de la République face à la crise écologique, Éditions Jacob Duvernet, 2007, 358 pages.
A lire aussi, cet hommage sur le site de France Nature Environnement Ile-de-France.