Voici quelques textes sur notre confrère Maurice Soutif, décédé le 19 mai 2024, recueillis lors du congrès des JNE, qui s’est tenu du 31 mai au 2 juin dans le Drôme, ou envoyés par des adhérents.
• C’est avec beaucoup de tristesse que j’apprends le décès de Maurice. Erudit, plein d’humour et d’une vraie gentillesse, il était unanimement apprécié à Terre sauvage. Lorsqu’il est parti à la retraite, lui et sa plume magnifique nous ont terriblement manqué…
Je ne pourrai assister à ses funérailles, mais toute l’équipe de Terre Sauvage sera présente par la pensée. Nous avons envoyé un bouquet et Olivier Thévenet, rédacteur en chef, rend hommage à Maurice dans l’édito du Terre Sauvage de juillet (en cours de bouclage).
Nous nous associons aux membres des JNE qui seront présents demain pour un dernier hommage et faire part aux membres de sa famille et ses proches de nos sincères condoléances.
Au revoir, cher Maurice…
Catherine Perrin, rédactrice en chef adjointe de Terre Sauvage
(lire ici son hommage sur le site des JNE)
• La douceur, le sourire, l’intelligence des relations, un très grand professionnalisme… Et un chapeau ! Voici ce que m’évoque Maurice.
Bernadette Gilbertas, journaliste, écrivaine, réalisatrice (Le Figaro Magazine, Terre Sauvage, Géo), administratrice des JNE
• Souvenirs de nos rencontres aux JNE et de nos échanges à Terre Sauvage, avec une écoute toujours attentive. Pensées émues,
Nathalie Tordjman, journaliste, auteure (Terre Sauvage, La Salamandre), administratrice des JNE
• Humour et douceur, tels sont les deux mots qui me viennent à l’esprit en repensant à mes quelques rencontres avec Maurice, que j’ai plus souvent côtoyé par téléphone ces dernières années. Sa voix témoignait aussi de cela : respect, gentillesse, tranquillité… Je trouve cette photo, qui illustrait son profil sur le site des JNE, parfaite pour témoigner de cela.
Christel Leca, journaliste, auteure (Les clés de la transition énergétique), administratrice des JNE
• Toujours attentionné, d’une grande culture et passionnant, Maurice a beaucoup apporté aux journalistes de notre association.
Carine Mayo, journaliste (Les Quatre Saisons), secrétaire générale des JNE
• Curieux de tout. Doté d’une plume alerte et d’une grande culture « classique » et scientifique. Modeste et pourvu d’un vif sens de l’humour malgré une vision pessimiste sur le monde tel qu’il va. Soucieux de vérifier chaque information. Tel était Maurice Soutif, décédé le 19 mai dernier. Un grand journaliste « à l’ancienne », qui fut un maître et une référence pour plusieurs générations de journalistes qui ont eu la chance de travailler avec lui. (suite ici sur le site des JNE)
Laurent Samuel, journaliste, écrivain, rédacteur en chef du site des JNE
• Chères Esther, Julie et Myriam
J’éprouve une peine profonde en apprenant la terrible nouvelle du départ de votre père. Je partage votre douleur et vous présente mes plus sincères condoléances.
Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de rencontrer votre papa, mais je l’ai beaucoup lu, notamment dans Terre Sauvage.
Spontanément j’ai pensé que je connaissais même sa plume depuis mes 15 ans (j’en ai 55 aujourd’hui), âge de lecture de mon premier numéro de ce magazine qui a forgé mon souhait de devenir journaliste au service de la nature.
En réalité, j’en avais le double quand il a commencé à y écrire. C‘était l’époque où j’ai enfin pu me reconvertir et commencer à concrétiser mon rêv . Mais c’est dire à quel point le nom de Maurice Soutif est associé dans mon esprit à mon cheminement et combien je l’ai considéré comme un exemple à suivre, dont j’aspirais à suivre les pas.
Lui si expérimenté et si humble, lui si rigoureux et poète a la fois , lui si doué pour partager son émerveillement et entraîner par là-même tant de lecteurs dans son sillage en les sensibilisant à la beauté fragile du monde et des êtres qui le peuplent..
Votre père fut un modèle pour moi, l’est resté et le restera. C’est dans le cadre professionnel que j’ai eu l’immense joie et privilège de faire un jour de visu sa connaissance. Je fut surtout frappée par son immense modestie… Il a pris sa retraite peu après. Mais nous sommes restés ponctuellement en contact, notamment par le biais de l’association des JNE.
Depuis, la vie a filé pour moi avec un bébé (de 11 ans maintenant) qui m a accaparée, le temps s’est écoulé et je ne l’ai pas vu passer. Mais mon estime et mon admiration pour votre père sont toujours restées intactes. D’autant qu’au delà du journaliste talentueux qu’il était, je n’ai jamais oublié l’homme profondément sensible, attentif, généreux et discret que j’ai découvert également à une période particulièrement sensible de ma vie.
Votre papa restera toujours dans mon cœur et dans de nombreux cœurs, à commencer évidemment par les vôtres.
Je vous souhaite toute la force possible pour faire face à cette douloureuse épreuve et à son absence physique.
Je ne doute pas que la Terre , les chemins qu’il a décrits, tous les êtres qu’il a croisés, et surtout ses filles tant aimées, sont empreints de sa mémoire pour l’éternité 🙏
Marie Sophie Bazin, auteure (Éd. Milan, Éd. Terre Sauvage/Nature et Découvertes)
J’ai connu Maurice Soutif dans la décennie 90 avant de le savoir aux JNE, ou peut-être avant d’y être moi-même. Je ne sais plus et peu importe. Nous avons été en rapport autour d’un numéro du magazine Géo tout particulièrement dédié à la Forêt. J’étais plutôt dans la posture de l’interviewé consulté en coulisse car mes apports se limitaient à celle du photographe ayant déposé ses planches diapo au magazine, avec déjà un très fort quota d’images de forêts aujourd’hui classées en « libre évolution ». Mais ce vocable n’existait pas du tout à l’époque. Je connaissais moi-même les spécialistes scientifiques de la forêt, et dans la décennie 90, il me semblait nécessaire d’avoir une curiosité d’investigation et une passion relevant de dispositions personnelles fortes pour en détecter certains. Je pense notamment à un professeur de l’ENGREF de Nancy, phyto-sociologue végétal (Jean-Claude Rameau) lui-même décédé un beau jour sur le terrain devant ses élèves et que Maurice Soutif avait contacté de son vivant.
A l’évidence, je n’ai pas retrouvé l’ampleur de son investigation répercutée dans la revue Géo, et je sais que les rédactions rabotent souvent les sujets par rapport à la recevabilité du public et par rapport à l’espace d’écriture. Cette impression de décalage m’a rappelé une remarque de Théodore Roszak, initiateur du courant de l’écopsychologie déclarant avec une élégance diplomatique remarquable que « les journalistes sont plus intelligents que ce qu’ils écrivent ». J’ai devant Maurice Soutif une impression de même ordre, en ayant été témoin d’une investigation dépassant largement le propos final. C’est un aspect qui n’apparaît pas aux yeux d’un lecteur d’article, mais avec un regard de coulisse, j’ai vu ! J’estime vraiment important de rappeler le niveau d’investigation d’un journaliste avant d’écrire, car aujourd’hui je m’inquiète de plus en plus en plus de médias qui sacrifient le temps, le coût et la passion de l’investigation, seulement en se sécurisant entre deux portes sur un interviewé déjà connu et laconiquement abordé. Tout cela juste pour boursicoter sur l’attention du public et garder une caution de crédibilité. Cela me donne d’autant l’envie de saluer l’âme du journalisme quand il s’en va par-delà tout recueillement que je pourrais naturellement avoir en regard de tout être quittant ce monde.
Bernard Boisson, écrivain et photographe, auteur de la Forêt est l’avenir de l’homme.