Notre confrère Maurice Soutif, adhérent de très longue date des JNE, nous a quittés le 19 mai 2024.
par Catherine Perrin *
Après avoir travaillé au sein du magazine Géo pendant près de 20 ans, il avait rejoint le magazine Terre Sauvage comme reporter pigiste en 2000. C’est là que je l’ai rencontré lorsque j’ai intégré la rédaction en 2003. Maurice fait partie de mes meilleurs souvenirs professionnels, je suis certaine qu’il en est de même pour tous les collègues de l’époque. Ce fut un plaisir et un honneur de travailler avec ce journaliste de la vieille école pour qui « conscience professionnelle » n’était pas une vaine expression. Quel que soit le sujet commandé, il commençait toujours par réaliser un long travail de documentation, une bibliographie fournie (ah le sac à dos de Maurice débordant de livres !), vérifiant et recoupant ses sources. Travail de base du journaliste ? Certes, mais à l’heure des fake news et de l’info qui se consomme comme du fast-food, du copier-coller sur internet et de l’IA qui grossit chaque seconde un peu plus, c’est une façon d’œuvrer en voie de disparition.
Précis et rigoureux, Maurice était comme ces nobles artisans qui aiment le travail bien fait. Curieux, il était passionné de nature de voyages, de préhistoire et de civilisations, capable d’écrire aussi bien sur des sujets traitant d’agriculture que de la vie des animaux sauvages, de faire découvrir une région autant que de raconter les grandes expéditions naturalistes. Doté d’une grande érudition, il la partageait en toute simplicité, en en faisant bénéficier ses lecteurs comme ses collègues sans prétention aucune. Discuter avec lui était toujours un vrai plaisir, autant que lire sa prose. Maurice fut une des grandes plumes de Terre sauvage. Je me souviens de ces moments à la rédaction où nous découvrions ses articles avant les lecteurs. On savourait ce privilège, en dégustant les papiers de Maurice comme des friandises. Qu’il nous parle du Marsupilami et autres créatures imaginaires, des voyages de Lapérouse, de la nature en Seine-Saint-Denis ou dans la baie du Mont Saint-Michel, son écriture était toujours vivante, parfaite et teintée d’humour car Maurice en avait beaucoup, autant que de gentillesse.
* Rédactrice en chef adjointe de Terre sauvage.
Les JNE, dont Maurice Soutif était un fidèle adhérent, adressent leurs condoléances à ses filles, au reste de sa famille et à ses proches.