Ce film de fiction du réalisateur américain Daniel Goldhaber raconte les préparatifs et la mise en oeuvre d’un attentat contre un oléoduc (pourquoi employer le terme anglais pipeline alors qu’un mot français existe !) au Texas.
par Laurent Samuel
On ne s’ennuie pas une seconde au fil de ce récit très factuel, à l’américaine, qui retrace toutes les péripéties de l’opération. Le parcours et les motivations des différents protagonistes (dont l’un a été expulsé de ses terres en raison de la construction de l’oléoduc, tandis que d’autres sont des victimes de la pollution pétrolière) sont esquissés à travers une série de flashbacks. Le film ne les présente ni comme des héros, ni comme des «éco-terroristes» dangereux et irresponsables. Sabotage s’inspire de l’essai controversé d’Andreas Malm, Comment saboter un pipeline, que certains des personnages ont lu. Le titre original du film est d’ailleurs celui du livre, How A Blow Up A Pipeline.
On regrettera que les circonstances de la formation de ce groupe très disparate ne soient pas davantage précisées. On se demandera si ces huit « activistes » croient vraiment qu’un tel sabotage (conçu, précisons-le, pour faire le moins de dégâts humains et environnementaux possible) serait susceptible de provoquer une hausse massive des prix de pétrole, qui entraînerait une prise de conscience générale de la nécessité de sortir des combustibles fossiles. Et on s’étonnera que les protagonistes aient délibérément conservé au sein de leur groupe une « indic », pourtant de longue date identifiée comme telle.
N’empêche, ce long-métrage, même s’il est loin d’être à la hauteur de Night Moves de Kelly Reichart (sorti en 2014 sur un attentat d’un groupe d’activistes écologistes contre un barrage dans le nord-ouest des Etats-Unis), a l’immense mérite de susciter la réflexion et le débat sur le sujet crucial des moyens d’action contre le dérèglement climatique. On espère que des projections suivies de discussions auront lieu dans certaines salles…
Ci-dessous, la bande annonce du film.