Violences contre les écologistes : Agnès Callamard d’Amnesty International lance l’alerte

Les thématiques environnementales et climatiques sont au cœur des préoccupations d’Amnesty International. La secrétaire générale de cette ONG, Agnès Callamard, est une Française, originaire de la Drôme. A l’occasion du lancement du rapport annuel de l’association, elle s’est exprimée dans l’hebdomadaire régional La Tribune de Montélimar.

Propos recueillis par Marie-Hélène Léon

Voyageuse infatigable, elle a parcouru quasiment tous les pays du monde, mais revient régulièrement dans la maison familiale tricastine, pour se ressourcer. Agnès Callamard garde un œil attentif sur la région et s’exprime sur la vie locale et les projets : « J’ai découvert avec surprise le projet d’échangeur sur Saint-Paul-Trois-Châteaux. Je ne comprends pas du tout la nécessité de cette sortie d’autoroute alors qu’il y en a déjà deux à quelques kilomètres. J’espère que ce projet ne se fera pas. » (lire ici nos articles sur ce projet).

Elle s’exprime sur les attaques et violences dont sont victimes les défenseurs de l’environnement et du climat : « Amnesty International et Global Witness ont souligné que les premières victimes de meurtres politiques dans le monde, le sont dans le cadre de leurs activités de défense de l’environnement, de justice climatique. Les violences augmentent partout, y compris en France au niveau local. Les défenseurs de l’environnement et de la justice climatique sont parmi les premières victimes d’assassinats, de menaces, d’expulsions, de la part des Etats, des compagnies, ou de groupes armés. Cela met en valeur le fait que leur combat est extrêmement dangereux. Dans ce cadre, les peuples autochtones en particulier sont les premiers visés. Ces peuples sont au centre de mes préoccupations car en première ligne des questions environnementales et climatiques. Je l’ai remarqué en missions au Mexique, en Colombie, et au Canada. Ils sont les victimes du changement climatique, des violences faites par les compagnies pétrolières, minières, les grands agrobusiness, mais aussi de l’énergie verte. A ce propos, il faut être très vigilant pour que cette énergie soi-disant verte ne se traduise pas par une multiplication des violations. Par exemple, l’exploitation des mines de cobalt, essentielles pour la confection des batteries destinées aux voitures électriques, se traduit trop souvent par de multiples violations, telles que le travail forcé, les meurtres et tortures. Le développement des énergies renouvelables se traduit aussi par des violations, provoque des conflits avec les peuples autochtones qui se traduisent par des expulsions forcées et des assassinats. Amnesty International étudie en détail ce nouveau phénomène inquiétant, qui s’ajoute aux conflits des peuples autochtones contre les industries pétrolières, minières, et les Etats qui les soutiennent. Et pour conclure cette thématique, je tiens à ajouter que la transition climatique est financièrement onéreuse. Elle doit s’accompagner d’une justice climatique. Ce qui veut dire que les pays qui n’ont pas participé à la destruction du climat mais qui en subissent les conséquences devraient être dédommagés. C’est un concept essentiel, qui est actuellement au cœur des négociations entre Etats. »

L’article complet consacré à Agnès Callamard est à lire sur le site de La Tribune de Montélimar.

Pour en savoir plus : www.amnesty.org

Photo : au cœur des combats humanistes et sociaux, la Française Agnès Callamard est à la tête de l’ONG Amnesty International. « Je n’ai pas peur de défendre les droits humains partout dans le monde. » ©AmnestyInternational/Catalina Martin-Chico