Ce livre écrit d’une plume alerte par un ancien journaliste, un temps membre des JNE, vient à point nommé pour répondre au « bashing » dont sont victimes les éoliennes, y compris chez un certain nombre d’écologistes. Chercheur à l’IFRI (Institut français des relations internationales) après avoir exercé vingt ans à l’AIE (Agence internationale de l’énergie), Cédric Philibert bat en brèche les arguments colportés contre les éoliennes. Il balaie l’idée de leur « intermittence », terme auquel il préfère celui de « variabilité ». Pour prendre le relais des éoliennes pendant les périodes sans vent, des centrales à gaz font l’affaire, sans faire exploser notre bilan CO2. Cédric Philibert souligne également les progrès accomplis dans le stockage de l’électricité.
L’ancien conseiller de Brice Lalonde au ministère de l’Environnement met en avant le fait que l’éolien, de plus en plus compétitif, est désormais moins cher que le nucléaire. Loin d’être ruineux pour les finances publiques comme l’affirment certains de ses opposants, il rapporte plusieurs milliards d’euros par an à l’État du fait de l’explosion récente du prix de l’électricité, lié à la guerre en Ukraine : en effet, une disposition stipule que les exploitants d’éoliennes doivent verser la différence quand le prix convenu est inférieur à celui du marché.
Cédric Philibert réfute ensuite les « terribles nuisances » qu’engendreraient les éoliennes. Le bruit ? « L’éolien à 500 mètres d’une habitation, distance minimale obligatoire, produit le même son grave qu’une conversation grave dans une pièce : 35 décibels », indique le chercheur. La faune ? Selon une étude de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), une éolienne tue en moyenne sept oiseaux par an, et sans doute beaucoup plus de chauve-souris. Aucune étude ne confirme en revanche la responsabilité de l’éolien dans la mort de vaches paissant à proximité. Le recours aux terres rares pour les fabriquer ? Les éoliennes en utilisent beaucoup moins que nos « bonnes vieilles » voitures thermiques, notamment dans les pots catalytiques. Reste l’incontestable, mais subjective, « pollution » visuelle qui suppose de ne pas implanter des éoliennes n’importe où et n’importe comment.
Cédric Philibert s’attaque aussi aux « y’a qu’à » avancés par ceux qui rejettent les éoliennes. Y’a qu’à économiser l’énergie et promouvoir la sobriété ? Oui bien sûr, mais cela ne suffira pas. Arrêter la croissance ? Rien n’indique qu’un découplage entre activité économique et émissions de gaz à effet de serre soit impossible. Miser sur le solaire, la bioénergie, l’hydrogène, la captation et la taxation du CO2 ? Nécessaire mais pas suffisant. Dans une série d’« intermèdes » réjouissants, l’auteur s’en prend à quatre adversaires des éoliennes : le polytechnicien médiatique Jean-Marc Jancovici, l’ex-patron d’EDF Jean-Bernard Lévy, le pamphlétaire Fabien Bouglé et l’animateur de radio André Bercoff.
Fustigeant la « campagne de désinformation » dont sont victimes les éoliennes, alimentée entre autres par les promoteurs du nucléaire, l’ancien journaliste à « Géo » et « Ça m’intéresse » rappelle enfin que les nouveaux réacteurs nucléaires envisagés ne produiront aucun kilowatt avant 2035 dans le meilleur de cas. « Si nous n’accélérons pas le développement de l’éolien et du solaire, nous ne pourrons pas tenir nos engagements pour le climat, ni décarboner notre économie, et nous paierons notre énergie de plus en plus cher », écrit-il en conclusion de ce petit livre d’intérêt public, réalisé en partenariat avec l’Institut Veblen pour les réformes économiques.
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Éditions les Petits Matins, 192 pages, 18 € – www.lespetitsmatins.fr
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(Laurent Samuel)
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