Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences présente le travail scientifique d’une recherche expérimentale* sur modèle animal, réalisée par Laurent Bègue-Shankland professeur de psychologie sociale à l’Université Grenoble-Alpes. Elle met en évidence à l’instar des travaux début 1960, de Stanley Milgram psychologue américain, une possible altération de l’empathie face à des facteurs d’autorité à connotation symbolique et psychosociale.
Lucide sur le fait que la communauté scientifique moderne, marquée par l’apogée industrielle de l’exploitation animale n’a pas réussi à conclure aux multiples débats sur la cause animalière, le professeur Laurent Bègue-Shankland prend acte, dans son ouvrage très bien conçu, de l’émancipation d’une conscience à l’échelle planétaire, qui se révèle plus d’un processus de civilisation garant d’un savoir empirique, tant culturel que scientifique. Ce qui va décider le professeur à orienter sa recherche dans la psyché de l’être humain, peut-être finalement pour mieux discerner l’origine des représentations de l’animal chez l’Homme dans nos sources primitives, lesquelles ont évolué au cours des siècles face à une hostilité réelle ou imaginaire plus ou moins fondée. Et l’auteur, qui est aussi directeur de la Maison des Sciences de l’Homme-Alpes, d’énumérer nombre d’exemples dans l’art, la culture, l’histoire, l’économie,…bien révélateurs de nos faits et pensées dans la représentation que nous nous faisons des animaux depuis l’aube de l’humanité. Un livre passionnant à lire comme une enquête scientifique.
En racontant aussi les témoignages de chercheurs de renom comme Boris Cyrulnik ou Georges Chapouthier qui dans leur jeunesse ont dû, comme nombre d’étudiants actuels s’exercer à la vivisection, Bègue-Shankland plante le décor d’une science expérimentale réputée prenant source dans le giron de Claude Bernard formé par François Magendie fondateur, dès 1831, de la 1ère Chaire de physiologie animale au Collège de France. D’où l’intérêt majeur de ce « remake de Milgram » sous la direction du professeur Laurent Bègue-Shankland qui, en expérimentant cette fois-ci la capacité empathique de l’être humain face une souffrance animale, pourtant ici fictive dans sa modélisation (le cobaye étant un robot biomimétique), n’en reste pas moins réellement vécue par les volontaires participant à l’expérience, tout en y apportant un autre regard.
* Expérience ayant fait l’objet d’une importante publication académique
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Éditions Odile Jacob, 352 pages, 22,90 € www.odilejacob.fr/
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(Michel Cros)
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