Durant les « Trente Glorieuses », qui commencent dès l’après-guerre, l’explosion démographique inégalée, doublée de fortes productions industrielles et agricoles, la réalisation de nombreuses infrastructures lourdes, notamment de transports, ont profondément et durablement affecté les ressources et milieux naturels du pays et ont façonné une part de notre paysage actuel. Jamais l’empreinte écologique n’a été aussi forte sur une aussi courte période. Il s’en est suivi des atteintes croissantes portées aux milieux, à la biodiversité, avec sa cohorte de pollutions et de nuisances, notamment d’origine industrielle et agricole. Des penseurs comme Bernard Charbonneau, Robert Hainard ou Jacques Ellul ont dénoncé très tôt le primat techniciste.
Jusqu’en 1945, l’industrie agricole n’est essentiellement présente qu’aux États-Unis. Ce qu’appelle Bernard Charbonneau la « seconde révolution industrielle », à savoir celle des hydrocarbures et de la chimie, donc de l’industrialisation et de la chimisation agricoles, avec son cortège de concentration d’exploitations, et, partant, de capitalisation et d’influence, n’a affecté les campagnes françaises qu’au cours des années 1960. Mais ce processus avait déjà été analysé et critiqué par Bernard Charbonneau.
Des années 1930 à sa mort, en 1996, Bernard Charbonneau pense les dangers pour la nature et pour la liberté qui résultent de la montée en puissance du progrès technique, scientifique et industriel. Longtemps, cette préoccupation fera de lui un marginal dans le monde intellectuel – comme son ami Jacques Ellul. Cependant, plus le temps passe et plus son œuvre s’avère pertinente et actuelle ; ainsi les problèmes écologiques et politiques qu’il n’a cessé de révéler avec tant de clairvoyance ne font que s’aggraver.
Le livre présente les clés, très bien présentées avec un souci à la fois scientifique et didactique, d’une œuvre tout entière consacrée à la nécessité et aux difficultés de la révolution pour réorienter notre civilisation. Un livre magistral et incontournable.
.
Édition L’échappée, 290 pages, 11 € – www.lechappee.org
Relations presse : Jacques Baujard. Tél.: 07 69 67 06 62 – presse@lechappee.org
(Gabriel Ullmann)
.