Le 7 décembre a débuté à Montréal (Canada) la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la Diversité Biologique des Nations Unies. Face à l’effondrement dramatique de la biodiversité sur l’ensemble de la planète, les gouvernements des 196 pays participants devront définir de nouveaux objectifs et élaborer un plan d’action efficace.
par Christine Virbel Alonso
L’objectif à atteindre est non seulement de stopper la perte de biodiversité d’ici 2030, mais aussi d’inverser la tendance en accroissant le vivant sur la planète en 2050. Pour y arriver, le cadre mondial qui sera défini doit imposer plusieurs critères, dont la protection dans des systèmes efficaces, représentatifs et équitables d’aires protégées d’au moins 30 % des écosystèmes terrestres, d’eau douce, marins et côtiers dans le monde, y compris toutes les zones clés pour la biodiversité. Ceci inclut aussi des territoires conservés par les peuples autochtones et les communautés locales, avec leur consentement.
Concrètement, il faut que la perte de superficie, d’intégrité et de connectivité de tous les écosystèmes naturels soit stoppée dès aujourd’hui, leur restauration étant en cours d’ici 2030, et en accroissement pour 2050*. Le risque global d’extinction d’espèces doit aussi être réduit de 20 % d’ici 2030 et être à zéro en 2050. Parallèlement, les populations d’espèces autochtones sauvages doivent augmenter de 20 % d’ici 2030 et retrouver leur viabilité en 2050. Ceci implique que ces populations d’espèces soient nombreuses et génétiquement suffisantes pour avoir plus de chances d’engendrer des individus pouvant s’adapter aux changements du siècle à venir.
Autre objectif à atteindre : des systèmes de production durables, y compris l’agriculture, permettant la conservation de la biodiversité et de la connectivité écologique terrestres et marines.
Le cadre doit également être social en établissant l’égalité hommes-femmes dans les activités économiques durables, permettre l’autonomisation des femmes et des filles, des jeunes, des peuples autochtones et des communautés locales, ainsi que leur pleine participation à la mise en œuvre et aux évaluations de sauvegarde et de récupération de la biodiversité. Par exemple, des pêcheurs artisanaux côtiers doivent pouvoir vivre dignement avec leur famille de leur travail et la filière doit permettre aux jeunes de la localité de reprendre le métier et de pouvoir en vivre, tout en protégeant les ressources par une bonne gestion de leur pêche.
Le cadre doit aussi augmenter les ressources financières en faveur de la biodiversité, estimées à au moins 200 milliards de dollars par an, et accroître les flux financiers internationaux pour la conservation afin qu’ils correspondent à la part mondiale de la biodiversité dans le commerce international. Simultanément, des mesures doivent être prises pour éliminer et réorienter d’au moins 500 milliards de dollars par an les subventions nuisibles à la biodiversité, ce qui ferait une enveloppe totale de 700 milliards en faveur de la biodiversité.
Le cadre devra mobiliser et responsabiliser tous les acteurs de la société et du monde économique : collectivités locales, entreprises, banques et secteur financier, associations, communautés autochtones et locales, citoyens.
Enfin, un rapportage et une évaluation régulière des efforts accomplis devront être effectués. Le Standard mondial de l’UICN pour les Solutions fondées sur la Nature™ fournit notamment des paramètres clairs ainsi qu’un cadre commun pour aider à évaluer les progrès réalisés. Un accord réel et efficace est indispensable dans le peu de temps qu’il reste pour sauver la biodiversité sur Terre dont les humains font partie intégrante.
* Soit, restaurer au moins 2 milliards d’hectares d’écosystèmes dégradés sur cette période.