Nous avons eu la tristesse d’apprendre le décès de Nicole Lauroy, présidente d’honneur des JNE, et présidente de 1989 à 1995. Un journaliste algérien, membre de longue date de l’association, nous a adressé ce beau texte.
par M’hamed Rebah
J’ai fait la connaissance de Nicole Lauroy début novembre 1994 au congrès de la Fédération internationale des journalistes de l’environnement (FIJE), tenu à Paris.
A la fin de la première journée, elle m’a accompagné en voiture à l’hôtel. Au cours du trajet, j’ai longuement parlé. Elle m’écoutait, concentrée sur la conduite de son véhicule, mais très attentive à ce que je disais. Elle m’a interrompu, une seule fois, brusquement, alors que je faisais référence aux « valeurs universelles », que j’ai citées par contraste aux excès identitaires véhiculés par l’islamisme, qui faisait des ravages en Algérie. « Quelles valeurs universelles ?», m’a-t-elle lancé, comme si elle avait été choquée par mes propos. Elle a tenu à m’expliquer pourquoi il ne fallait pas trop croire aux « valeurs universelles ». C’était à mon tour de subir le choc. Ce fut le début de la remise en question d’une idée qui était pourtant bien ancrée dans ma tête. Un enrichissement extraordinaire. Merci Nicole !
Elle s’est démenée pour me faire participer au Congrès de la FIJE aux Philippines, en 1996.
J’ai encore ses lettres, le plus souvent écrites directement de sa main, envoyées par fax, pour me témoigner sa solidarité à un moment, dans les années 1990, où l’intolérance des islamistes en Algérie les a amenés à assassiner les personnes qui s’opposaient à eux ou même ne pensaient pas comme eux. J’ai relu ce matin, avec une grande émotion, ses messages d’encouragement, dont l’un se termine justement par le mot « courage ».
Je ne l’ai plus revue depuis 1998. Dans un de nos derniers échanges par courriel, elle avait écrit : « Le temps et la distance n’ont pas de prise sur l’amitié ».
Le souvenir que je garde de Nicole Lauroy : une femme admirable, d’un humanisme naturel. Ses qualités morales rayonnaient.
Le dernier échange avec Nicole Lauroy
jeu. 21 avr. 2016 à 11:39
Bonjour M’hamed,
Ton petit mot m’a fait un immense plaisir. Ton amitié me va droit au coeur…. Mais… je ne mérite pas tant d’éloges. Non, vraiment pas. Les JNE tenaient (tiennent toujours) une place importante dans ma vie et j’ai simplement voulu faire mon boulot, le mieux possible.
« Faire ma part » comme le colibri de Pierre Rabhi. Avec l’aide précieuse de ceux qui m’entouraient.
Je garde un excellent souvenir de nos conversations. Saches que si tu avais un jour la possibilité de revenir en France, je serais ravie de les reprendre et de t’accueillir dans ce petit coin de Normandie où je vis désormais.
Avec toute mon amitié
NicoleLe 19 avr. 2016 à 14:00, M’hamed Rebah a écrit :
Chère Nicole, bonjour,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ton témoignage, sur l’annuaire 2016 des JNE. Il reflète bien tes grandes qualités morales. Tu as exposé des idées que je partage entièrement. J’ai encore en mémoire, tes appréciations sur les sujets abordés dans nos discussions et surtout les marques de solidarité dans les moments terribles vécus par mes confrères et moi-même en Algérie. Permets-moi de te dire que tu es une femme admirable et te dire aussi merci.
Amicalement
M’hamed
Image en haut : la couverture d’un livre de Nicole Lauroy