La 27e conférence de l’ONU sur le climat, organisée à Charm El-Cheikh (Egypte) du 6 au 18 novembre, replace le climat au centre de l’actualité. Y aura-t-il un sursaut de la communauté internationale, notamment des pays les plus développés pour financer les actions climatiques liées notamment à l’adaptation et aux pertes et préjudices ? La société civile, dans son ensemble, reste sceptique.
par Houmi Ahamed-Mikidache à Charm El-Cheikh
La réforme du système financier : une impression de déjà vu
Comme lors de toutes les conférences des Nations Unies de la Convention Cadre sur le Climat, près de 200 dirigeants du monde se rassemblent pendant deux jours pour discuter des avancées et des freins liés à la lutte contre le changement climatique et laisser par la suite les négociateurs travailler autour des thématiques discutés pendant le sommet et en amont du sommet.
Présent à Charm El-Cheikh, Emmanuel Macron, président de la République, s’est exprimé pour la réparation des pertes et préjudices, engendrées par les catastrophes naturelles et sinistres. « C’est un signal fort et nécessaire, mais au lieu de montrer que la France est enfin prête à soutenir la mise en place d’un mécanisme financier dédié aux pertes et préjudices, elle annonce la création d’un énième groupe d’experts pour formuler des recommandations de réforme du système mondial », s’offusque Fanny Petitbon, experte des questions climat pour l’ONG CARE, membre du Réseau Action Climat (RAC). Pour Aurore Mathieu, Responsable Politique Internationale du RAC, l’annonce du président Macron sur la mise en place d’un « conseil de sages pour réformer le système financier mondial, dans un délai de six mois, ne répond pas à l’urgence climatique et à la vulnérabilité des communautés ». En 2022, d’après la compagnie d’assurance Munich Re, les tornades, inondations, chaleurs, feux de forêt, sécheresse extrême ont causé des pertes mondiales de l’ordre de 65 milliards de dollars, contre 105 milliards de dollars l’année précédente.
« Le climat et la biodiversité sont des jumeaux »
Autre point évoqué dans le discours du président français, le lien entre climat et biodiversité. « Nous ne devons pas oublier que cette bataille pour le climat est un combat pour la préservation de la biodiversité : les deux sont jumeaux », précise-t-il.
Pour la Responsable politiques du RAC, l’affirmation d’Emmanuel Macron sur la relation entre la biodiversité et le climat n’est pas un gage de sécurité. Elle ne freine pas « l’utilisation accrue de crédits de compensation carbone : certains projets de compensation ont des effets néfastes sur la biodiversité et les droits humains ». Les résultats sont multiples selon le réseau d’ONG : plantations de monocultures, accaparement des terres et expropriation auprès des communautés locales.