Par les JNE
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Depuis mars 2022, des journalistes de différentes rédactions travaillent sur l’écriture d’une Charte destinée à améliorer le traitement médiatique des enjeux écologiques. Cette Charte, dont notre association est co-autrice, est rendue publique ce mercredi 14 septembre 2022. Constitué de 13 points clés sur les meilleures pratiques pour améliorer le traitement de tous les sujets liés au climat, au vivant et à la justice sociale, ce texte fait écho aux sujets que nous portons depuis la création des JNE en 1969, et à l’exigence de transparence que nous n’avons cessé de mettre en avant, notamment vis-à-vis des industries nucléaires, chimiques et pétrolières.
Cette charte a été signée par plus de 500 journalistes, de même que par des collectifs (dont Antidotes ou Journalisme et citoyenneté), des syndicats (dont le Syndicat national des journalistes et le SNJ-CGT), des associations (dont les JNE, l’AJE et l’AJSPI), des écoles de journalisme (dont l’Ecole supérieure de journalisme de Lille), des organismes de formation (Samsa, Imagine 2050), ainsi que par de nombreuses personnalités (voir la liste complète ici) comme Valérie Masson-Delmotte (co-autrice du rapport du GIEC), Marc-André Selosse (professeur au Muséum d’histoire naturelle), Cyril Dion (réalisateur de films comme Demain ou Animal) ou Denis Couvet (président de la Fédération pour la recherche sur la biodiversité). Une cinquantaine de rédactions sont engagées, ainsi que la Conférence des écoles de journalisme. Un site internet dédié est lancé pour permettre à tous les journalistes qui le souhaitent de s’emparer de la Charte et de l’insuffler au sein de leurs rédactions, afin d’appuyer le besoin de formation des journalistes sur les enjeux écologiques et sociaux du XXIᵉ siècle. Une tribune a également été mise en ligne sur France Info pour expliquer la démarche.
Pourquoi cette charte ? À l’heure où le climat s’emballe, certaines pratiques journalistiques sont encore en décalage avec la gravité de la situation : les images d’enfants qui jouent dans l’eau pour illustrer des vagues de chaleur mortelles ; l’invitation en plateau de personnes qui minimisent le problème, l’appel aux « petits gestes » sans remise en cause des principales sources d’émissions de gaz à effet serre… Certaines rédactions ne disposent même pas de rubrique « écologie » alors que tout notre modèle de société doit être réévalué à l’aune de cette urgence. Quant aux journalistes traitant des alertes scientifiques sur le sujet, ils sont parfois désignés comme des « journalistes engagés ». Pourtant, « les réseaux sociaux et les médias peuvent avoir un impact significatif pour faire progresser la conscience climatique et la légitimité des actions engagées », estiment les auteur·ices du GIEC. Ils « cadrent et transmettent les informations sur le changement climatique. Ils ont un rôle crucial dans la perception qu’en a le public, sa compréhension et sa volonté d’agir ». Selon une étude réalisée par Climat Medias, lors de la sortie du dernier rapport du GIEC, le temps d’antenne du sujet cumulé de tous les JT a été de 13 minutes. Pourtant, un Français sur deux estime que les médias n’accordent pas assez de place aux questions posées par le changement climatique et l’environnement, et que le sujet est trop souvent mal traité. Il est temps de lancer le débat sur la couverture médiatique de cette crise majeure, et de proposer au public des contenus, enquêtes et reportages de qualité.
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