Dans un essai publié en 2020 intitulé L’invention du colonialisme vert. Pour en finir avec le mythe de l’Eden africain, l’historien de l’environnement Guillaume Blanc (GB) dénonce, à partir de l’exemple d’un parc national éthiopien, le rôle actif de certaines organisations internationales de protection de la nature – qualifié de « colonialisme vert » – dans l’expulsion des populations locales de cette aire protégée au nom de ce qu’il nomme « l’Eden africain », à savoir le mythe d’une Afrique vierge.
par Jean-Claude Génot (*)
La charge est sévère et l’accusation étayée par l’analyse de nombreux documents. Bref, ce livre ne peut que mettre mal l’aise les conservationnistes car l’expulsion des populations locales des aires protégées, voire la violence à leur encontre, n’est pas défendable sur le plan éthique et entache l’image de la protection de la nature. La sidération provoquée par cet essai est liée à la nature des révélations, mais aussi à la répétition exagérée de la thèse développée, à savoir que les parcs nationaux africains seraient le fruit d’une pensée coloniale selon laquelle la nature originelle doit être préservée des activités humaines. Ce dernier point n’a pas manqué d’être relevé par Bertrand Devevey dans sa critique de l’ouvrage : « la répétition littérale du thème au fil des chapitres devient rapidement un peu « lourde » » Mais malgré la démonstration irrécusable de GB, la lecture attentive de son ouvrage révèle un certain nombre d’erreurs et de lacunes qui n’enlèvent rien à certains faits reprochés aux conservationnistes, mais tempèrent fortement la vision de l’auteur sur ce qu’il nomme pour marquer les esprits le « colonialisme vert » ou « le mythe de l’Eden africain ».
Le Simien : un parc national d’intérêt mondial
Puisque le Parc national du Simien est le sujet principal de GB, en introduction il est important d’indiquer quelques caractéristiques naturelles de cette aire protégée. Le parc est situé dans la région Amhara, au nord-ouest de l’Ethiopie. Il couvre les monts Simien ainsi que le Ras Dashan (4 530 m), le 4e plus haut sommet d’Afrique. Le paysage est formé de montagnes volcaniques très déchiquetées, d’une succession de canyons, de pics et de hauts plateaux.
Le parc abrite des espèces emblématiques extrêmement rares comme le bouquetin d’Abyssinie, le babouin gelada ou le loup d’Abyssinie. Sa végétation est celle des montagnes du Rift africain, composée de forêts de montagne plus ou moins denses pouvant aller jusqu’à 3 000 m avec parmi les arbres le bois de rose africain, des formations buissonnantes à bruyères arborescentes, des groupements à séneçons et lobélies arborescents et au-dessus de 4 000 m des formations à base de mousses et de lichens (1). La flore est composée d’espèces endémiques afro-montagnardes et afro-alpines, qui fait l’originalité des plateaux et montagnes du nord de l’Éthiopie, très marqués par les affinités méditerranéennes. On y estime le nombre de plantes supérieures à 6 500-7 000 espèces, dont plus de 800 endémiques selon l’UICN. L’endémisme concerne aussi la faune avec 22 espèces de mammifères endémiques sur 242 (A. Schnitzler, communication personnelle). Le taux élevé d’endémisme et le degré de différenciation de la flore afro-alpine témoignent d’un isolement ancien. On l’aura compris, ce parc national est une « île » à la biodiversité exceptionnelle qui ne se retrouve nulle part ailleurs dans le pays ni sur le continent. Le Parc national du Simien a été créé en 1969 et compte tenu de ses richesses écologiques, il n’est pas surprenant qu’il ait été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978. C’était le premier site naturel d’Afrique à figurer au patrimoine mondial, aux côtés des parcs prestigieux comme Yellowstone et les Galapagos.
Le parc a couvert une surface de 220 km2 d’un seul tenant de 1969 à 2006. Puis il a ensuite été élargi à 410 km2, mais en trois zones très découpées reliées entre elles par des corridors étroits, ce qui fragilise la circulation des espèces d’un secteur à l’autre et augmente les zones de contact avec les activités humaines. Le parc est habité (4 500 foyers en 2017) et subit les conséquences de pratiques agricoles non soutenables (surpâturage, culture sur brûlis, coupe de bois) qui entraînent une forte érosion des sols, à l’origine des conflits entre la population locale et les autorités.
En 1996, le site a été ajouté à la liste du patrimoine mondial en péril à cause notamment de la construction d’une route traversant le parc, du surpâturage, d’empiètements agricoles aux abords du parc et du déclin des populations de bouquetins, de loups et d’autres grands mammifères. En 2017, le parc a été sorti de la liste du patrimoine mondial en péril. Mais cette aire protégée reste fragile, notamment en ce qui concerne le feu, lié aux pratiques d’élevage, qui contribue au recul de la forêt et des buissons en empêchant la régénération des plantes ligneuses et des graminées vivaces qui disparaissent au profit d’annuelles ne recouvrant plus le sol qu’en partie. Des incendies d’origine humaine se sont d’ailleurs déclarés en avril 2019, détruisant 350 ha de prairies.
Le mythe de « l’Eden africain » ou les lacunes de l’auteur en écologie
L’expression « le mythe de l’Eden » est un des poncifs les plus employés, généralement par des gens des sciences humaines, pour décrédibiliser les protecteurs de la nature. Ces derniers seraient des nostalgiques de l’Eden et c’est au nom de ce paradis perdu qu’ils cherchent à créer des aires protégées sans homme. L’Eden est un jardin dans la tradition juive et chrétienne qui n’a rien à voir avec les derniers espaces naturels de notre planète considérés comme « intacts de toute pression anthropique » que les scientifiques évaluent aujourd’hui à 2,8 % et qu’ils considèrent comme une priorité en termes de protection de la biodiversité (2). GB confond nature vierge et nature sauvage. Si la nature vierge est un mythe, la nature façonnée par l’homme dans un passé plus ou moins lointain qui redevient sauvage après abandon des activités humaines est un cas fréquent. On parle alors de nature férale (3). Un parfait exemple est celui des colons européens venus en Amérique du Nord au XVIIe siècle qui ont eu le sentiment d’être face à une nature intacte alors qu’elle était redevenue sauvage après la disparition d’une grande partie de la population amérindienne au cours des siècles précédents à cause, entre autres, des maladies transmises aux autochtones par les découvreurs européens de l’Amérique. GB confirme d’ailleurs que le même phénomène s’est produit en Afrique du sud et de l’est quand les Européens ont découvert des paysages désertés à cause de phénomènes comme la peste qui a décimé les troupeaux ou la sécheresse qui a entraîné des famines. Pour eux, le continent était encore naturel. En clair, une nature en libre évolution n’a pas besoin d’être vierge pour être sauvage. Mais encore faut-il avoir l’humilité de reconnaître la capacité de la nature à reprendre ses droits quand l’homme cède le terrain. Un autre facteur explique également la persistance d’une nature sauvage en Afrique, à savoir qu’elle est le seul continent à ne pas avoir perdu sa mégafaune durant le Pléistocène, contrairement à l’Australie, l’Eurasie et l’Amérique. La vision de la nature de GB est empreinte d’anthropocentrisme, il a manifestement peu d’attirance pour la nature sans l’homme. C’est le cas quand il estime qu’en Europe « le moindre paysage traduit l’harmonie entre l’homme et la nature ». Outre que la réalité dément cette vision idyllique avec des paysages laminés par l’agriculture et la foresterie industrielle entraînant un effondrement de la biodiversité, cette « harmonie » des paysages agricoles qui résiste encore dans certains coins reculés d’Europe de l’Est cache en réalité une domestication qui laisse peu de place au sauvage, à l’exception des forêts naturelles, pour l’heure très menacées. Quand il affirme « l’Afrique serait donc à la fois domestiquée et encore sauvage, dénaturée mais encore naturelle. C’est impossible. Irrationnel », GB ne peut pas admettre que dans un même pays, ou plus encore dans un continent comme l’Afrique, il puisse y avoir des zones très modifiées par les activités humaines et d’autres encore relativement préservées. Sa vision nature/culture binaire l’empêche de réaliser l’existence d’un gradient de naturalité ou à l’inverse d’hémérobie (mesure de l’impact humain sur les écosystèmes naturels) partout où les hommes et la nature se côtoient. Même si les spécialistes de la biodiversité reconnaissent qu’il existe encore des zones intactes de toute pression anthropique dans le bassin du Congo ou dans le Sahara, aucun expert de la conservation un peu sérieux n’a pu soutenir que l’Afrique était un continent vierge avant la décolonisation.
GB persiste et signe en évoquant plus précisément le mythe de la forêt originelle : « Dans les milieux semi-arides, les ceintures forestières ne sont pas le reste d’une forêt primaire que l’homme aurait dégrossie et morcelée. Au contraire, elles ont généralement été créées par les hommes : d’abord, une terre plutôt dénudée ; ensuite, de l’agriculture pour fertiliser les sols et créer des arbustes ; enfin des incendies de savane pour se doter d’un couvert forestier jamais abondant, mais rarement épuisé. » Ou encore : « Plus il y a d’hommes et plus il y a de forêt. C’est la tendance générale. Contrairement à ce qu’affirment les scientifiques venus d’Europe, dans la plupart des écologies d’Afrique, les ruraux n’ont pas détruit leur milieu. Ils s’y sont adaptés en créant les forêts grâce auxquelles avoir du bois de chauffe et de construction. » Ces deux affirmations traduisent l’ignorance de GB en matière de fonctionnement des forêts. Il confond plantations d’arbres et forêt et passe sous silence les causes de la régression des forêts, à savoir la culture itinérante sur brûlis, le défrichage pour l’élevage ou pour éloigner les animaux déprédateurs et la carbonisation. Selon lui, c’est sur la base de témoignages non étayés par des données statistiques que les experts occidentaux auraient affirmé qu’entre 1900 et 1960 la forêt serait passée de 40 % à 4 %, d’où l’exagération sur la déforestation. C’est bien possible car les statistiques par photos satellite n’existaient pas encore au début du XXe siècle. Mais si GB avait fait un peu de bibliographie, il aurait su que la surface des forêts naturelles et des terres boisées est passée de 15,1 millions d’hectares en 1990 à 12,3 millions en 2010. De cette superficie, les réserves restantes de forêts denses naturelles constituent 4,12 millions d’hectares, soit 3,37 % de la superficie des terres de l’Éthiopie. Entre 1990 et 2005, l’Ethiopie a perdu plus de 2 millions d’hectares de ses forêts, avec une perte moyenne annuelle de 140 000 ha (4). De plus, une étude effectuée à l’aide de photos satellite, aériennes et terrestres dans les montagnes du nord de l’Ethiopie confirme la déforestation sur deux périodes, entre 1917 et 1965 puis entre 1982 et 2013. La déforestation atteint 63 % entre 1982 et 2010, associée au doublement de la densité de population, passant de 77 à 153 habitants au km2. La bruyère arborescente, espèce typique des forêts tropicales d’altitude, a vu un relèvement de sa répartition en altitude sous la pression humaine (5). Quant au Parc national du Simien, une étude récente a montré une situation contrastée. Une augmentation spontanée de la forêt de 20 à 40 % sur les bordures est et ouest du parc et une diminution de 1,4 % par décennie au centre autour du plus gros village (6). Ces travaux contredisent les affirmations fantaisistes de GB selon lesquelles il n’y a pas eu de déforestation des forêts naturelles et son slogan absurde « plus il y a d’homme et plus il y a de forêt ». GB est pris dans ses contradictions, on ne peut pas d’un côté, nier une Afrique « vierge », donc occupée par l’homme depuis des millénaires et, de l’autre, refuser l’ampleur de la déforestation due à l’homme, et pas uniquement le colonisateur, alors que les causes de ce phénomène sont ancestrales et perdurent au moins depuis le Néolithique.
Les organisations internationales de conservation, ou le lourd héritage
Dans son essai, GB incrimine trois organisations dans ce qu’il nomme le « colonialisme vert » : le WWF, l‘UICN et l’UNESCO. Le WWF est une fondation à vocation internationale qui soutient financièrement des programmes de conservation et possède des experts par programme. L’UICN est une organisation regroupant des scientifiques, des ONG et des agences gouvernementales. Elle établit des listes d’espèces menacées et a défini les catégories d’aires protégées au niveau international. Elle rédige des rapports sur la conservation de la nature. L’UNESCO est une antenne de l’ONU consacrée à l’éducation, la science et la culture, elle est donc intergouvernementale. Elle s’intéresse à la nature au travers de deux programmes : le patrimoine mondial et le programme scientifique MAB (Homme et Biosphère) et son réseau de réserves de biosphère. Que le WWF et l’UICN aient une origine coloniale ne les disqualifie pas pour autant en ce qui concerne leurs actions actuelles. Dans son livre Qui a tué l’écologie, Fabrice Nicolino (JNE) avait d’ailleurs épinglé les fondateurs du WWF et notamment son premier président, le prince Bernhard, corrompu et membre du parti nazi avant-guerre, ainsi qu’un des responsables du développement du WWF international qui fut un fervent partisan de l’apartheid en Afrique du Sud et membre d’une société secrète afrikaner. Dire que ces ONG ont poursuivi la mission de protection de la nature initiée par des colons en un « colonialisme vert » est à peu près aussi ridicule que lorsque Luc Ferry avait accusé les écologistes d’avoir des tendances fascistes parce que les nazis avaient édicté une loi sur la protection de la nature. Par son statut, l’UNESCO est aussi africaine puisque tous les pays en font partie. De ce fait, on imagine mal cette organisation utiliser la coopération internationale pour un quelconque dessein néo-colonialiste.
Selon GB, l’avis des experts de la conservation a toujours été de protéger la nature sans l’homme en Afrique, mais pas en Europe. C’est bien évidemment faux comme en atteste le parc national suisse en protection intégrale depuis 1914 et les multiples parcs nationaux en Allemagne, en Suède, en Roumanie ou en Pologne avec des dizaines de milliers d’hectares en libre évolution et sans activité humaine extractive. Mais il est nécessaire de rappeler qu’un parc national ne figure pas dans la catégorie de protection la plus stricte. Il possède généralement un zonage qui permet certaines activités humaines ou des interventions liées à la protection, mais généralement le cœur du parc est inhabité, ce qui n’est pas le cas dans le Simien. En ce qui concerne la question des activités humaines tolérées ou pas dans une aire protégée et la prise en compte des populations locales, les débats existent depuis fort longtemps au sein des scientifiques de la conservation. Comme l’a rappelé le sous-directeur de l’UNESCO en réponse au livre de GB: « Faire l’impasse sur les évolutions et les réflexions de la communauté scientifique, c’est avoir un demi-siècle de retard. Aucun pays ne crée aujourd’hui de réserve naturelle sans impliquer sa population. » Ainsi, l’UICN, dès les années 80, a rédigé un rapport intitulé Stratégie mondiale de la conservation : la conservation des ressources vivantes au service du développement durable, qui faisait glisser cette organisation de la préservation de la nature vers la conservation des ressources naturelles. Toutefois, il restera toujours des écosystèmes qui devront être épargnés par les activités humaines extractives ou intrusives. Evidemment, on s’est vite rendu compte que l’adjectif durable couplé au développement ne faisait pas illusion longtemps.
Quant à l’UNESCO, dès les années 90, elle a adopté pour ses réserves de biosphère une stratégie de prise en compte des activités humaines et d’implication des populations dans la gestion des ressources naturelles autour des aires centrales dédiées à la nature, tenant compte des particularismes locaux, des cultures et des coutumes. En Afrique, 21 millions de personnes vivent dans près de 80 réserves de biosphère réparties dans 29 pays. GB a reproché à l’UICN d’être alarmiste quant à la situation des bouquetins du Simien, espèce emblématique du parc, en indiquant que leur nombre était en augmentation en 2006. Pourtant en 2020, l’UICN a indiqué un chiffre supérieur à celui de 2006 avec 975 individus en expliquant que ce bon résultat était dû au fait que les bouquetins occupaient des zones plus en altitude et que des mesures de protection avaient été prises par les communautés locales et le gouvernement. Tandis que GB, dans le même temps, voit que la population humaine a également augmenté et donc que l’homme n’est pas une menace pour les bouquetins. Si le nombre de bouquetins est suivi scrupuleusement par les scientifiques, c’est parce que, en-dessous d’une taille minimale (appelée population minimale viable), la population a moins de chance de survie dans les 100 prochaines années. Trop petite, la population est plus sensible et vulnérable aux variations de l’environnement. GB parle de l’expert en conservation comme s’il était seul face à l’habitant du parc, alors que dans ce genre de coopération, d’autres acteurs sont présents comme l’administration du parc et/ou une agence régionale ou nationale ou un ministère. Il s’avère que le Parc national du Simien a été utilisé par les divers gouvernements éthiopiens pour s’imposer aux habitants qui contestent l’Etat trop centralisateur, voire à réprimer les populations locales accusées de soutenir des mouvements indépendantistes. Mais dans ce dernier cas, les violences auraient certainement eu lieu même en l’absence de parc. Pour autant, cette instrumentalisation des aires protégées ne fait pas des ONG de la conservation des promoteurs du colonialisme. Tout au plus leurs experts peuvent être accusés d’ingérence, mais au même titre que les ONG humanitaires qui sont souvent instrumentalisées par les belligérants dans les conflits où elles interviennent. En matière de conservation de la nature, qui est rarement la priorité des Etats, l‘expert peut proposer et faire des recommandations, mais c’est toujours le gouvernement qui décide. C’est pourquoi face aux attaques de GB, le sous-directeur de l’UNESCO considère que « ces accusations insinuent que les Africains ne sauraient pas ce qu’ils font, ce qui est une insulte ».
Enfin, GB semble s’étonner que la conservation ait une visée économique et que les parcs nationaux africains soient des sources de devises pour de nombreux pays via le tourisme de nature. Effectivement, on peut regretter que la protection de certains parcs dépende à ce point du tourisme. Mais le responsable de la Fondation pour la vie sauvage africaine, qui intervient dans de nombreux parcs africains, estime que la préservation de la faune et de la flore est nécessaire au développement économique du continent. Pour ce qui est de la gouvernance des aires protégées, de très nombreuses publications font état des menaces qui pèsent sur elles. Ces articles pointent du doigt « le manque de financement, la pénurie de personnel qualifié, la faiblesse institutionnelle et politique, le manque de cadre juridique, l’application aléatoire de la réglementation, l’insuffisance de la communication avec les résidents locaux, le manque de coordination entre les organisations participant à la gestion, l’absence de plans d’utilisation des sols de portée générale ou encore la délimitation inadéquate des zones à protéger ». Certains Etats défaillants confient la gestion d’aires protégées à des fondations comme au Malawi ou en Zambie (observations personnelles). Ailleurs, en lien avec les administrations des parcs, de multiples fondations occidentales financent des opérations de lutte contre le braconnage, d’éducation, de développement local ou de réintroductions d’espèces. Les communautés locales reprochent à certains parcs de privilégier une conservation policière plutôt que communautaire comme dans le parc des Virunga en République Démocratique du Congo, mais les gardes du parc risquent leur vie face à des groupes armés qui fréquentent cette région (21 gardes tués en 2020 !). Les aires protégées sont des sortes de « ghettos pour la vie sauvage » au sein d’un monde dominé par l’homme. A qui la faute ? Si elles apparaissent comme des citadelles protégées par des gardes armés, c’est parce qu’en réalité elles sont fragiles face aux multiples défis de la démographie, du changement climatique, du braconnage international, de la violence qui sévit dans certaines régions et des aléas politiques du pays qui les dirigent.
Le « colonialisme vert » et les expulsions
Colonialisme est un terme qui renvoie à une histoire tellement honteuse pour les Occidentaux que toute action qualifiée de colonialiste est une injure suprême qui discrédite celui qui la reçoit. Le colonialisme est une doctrine qui vise à légitimer l’occupation, la domination politique et l’exploitation économique de territoires par certains Etats. Accuser les ONG de colonialisme est bien évidemment exagéré et pour l’UNESCO tout à fait fantaisiste, car il n’est ici question ni d’occupation, ni d’exploitation économique par des Etats et si domination il y a, elle n’est pas politique au sens d’influer sur les décisions stratégiques des pays africains, mais relève plus d’une certaine hégémonie intellectuelle des scientifiques de la conservation. Le modèle de conservation qui a longtemps prévalu est celui d’une aire protégée des activités humaines, donc inhabitée, quel que soit le continent. Puis à partir des années 90, un autre modèle a commencé à émerger, notamment dans les réserves de biosphère de l’UNESCO, pour obtenir une meilleure intégration des populations locales et expérimenter des pratiques soutenables qui ne vont pas à l’encontre de la protection d’aires centrales inhabitées. Toutefois, certains scientifiques ont continué de militer pour une protection forte des hot spot de la biodiversité mondiale avec un souci d’optimisation quasi économique : le minimum de zones pour un maximum d’espèces. Mais, face à la difficulté, voire l’impossibilité, de rendre plus soutenables les pratiques agricoles, forestières, halieutiques et cynégétiques à grande échelle, le modèle de l’aire protégée inhabitée resurgit car les zones encore intactes se restreignent et la libre évolution de la nature sans contrainte anthropique apparaît comme une des solutions à mettre œuvre pour répondre simultanément au changement climatique et à la sixième extinction des espèces.
Pour GB, les experts occidentaux ont toujours mis en cause les populations locales et leur impact négatif sur la faune et la flore. Mais face à ce constat, c’est le gouvernement éthiopien qui a choisi l’expulsion comme solution radicale. L’expulsion peut prendre deux formes : interdire certaines pratiques (élevage, coupe de bois, chasse, etc.) à l’intérieur du parc et déplacer les populations de force pour les installer à l’extérieur du parc. Une étude a été réalisée en 2006 à partir de 250 rapports concernant l’expulsion et le déplacement dans 184 aires protégées du sud et de l’est de l’Afrique établies avant 1980. Les auteurs signalent que l’information disponible dans ces rapports est assez pauvre. Au niveau mondial, les expulsions concernent 29 % des aires protégées, principalement en Afrique, en Asie du Sud-est et en Amérique du Nord. Les documents disponibles indiquent rarement le nombre de personnes déplacées. Une estimation a été faite pour l’Afrique : entre 900 000 et 14,4 millions de personnes. Ce n’est plus une fourchette, mais un véritable gouffre, et c’est sans doute la raison qui a conduit GB à choisir le chiffre le plus bas arrondi à un million. Les auteurs de l’étude soulignent effectivement la forte influence des ONG qui promeuvent le modèle de la wilderness, mais en dernier ressort ce sont les Etats qui entreprennent les expulsions si les élites de leur pays y sont favorables. C’est là que les Etats peuvent instrumentaliser les aires protégées, en se réfugiant derrière l’avis des experts pour justifier des déplacements souhaités à d’autres fins que la protection de la nature. Ce fut le cas en Tanzanie à la période socialiste, où le gouvernement souhaitait regrouper des personnes dans des villages collectifs. Au Botswana, le déplacement visait à en finir avec les modes de vie des autochtones, jugés peu compatibles avec la modernité souhaitée par le gouvernement. Au Mozambique, le déplacement a servi à développer le tourisme. D’ailleurs, les auteurs de l’étude sur les expulsions reconnaissent que l’expulsion pour la conservation et celle pour des raisons politiques et économiques sont indifférenciables. Selon GB : « Depuis la fin du XIXe siècle, l’Etat moderne éthiopien déplace ses populations pour construire des barrages, exploiter des régions agricoles et soumettre des territoires à son pouvoir », cela n’excuse pas de le faire pour protéger la nature, mais cela montre que l’expulsion des populations n’est pas forcément une idée coloniale. Les expulsions sont une forme de violence car elles provoquent des préjudices matériels et psychiques. GB insiste également sur la déstructuration des communautés villageoises à la suite des expulsions, mais c’est oublier qu’en Afrique il existe aussi des animosités au sein de ces communautés que GB imagine homogènes, entre pasteurs et cultivateurs, entre nomades et sédentaires ou entre ethnies ou religions différentes. D’ailleurs, lors des déplacements de populations, il y a toujours des personnes prêtes à accepter si on leur garantit de meilleures conditions de vie à l’extérieur du parc, comme c’est le cas au Simien. Les expulsions du Simien sont contestées par l’UNESCO avec l’argument suivant : « Loin d’« expulser » les populations, ce sont les frontières du parc qui ont été redessinées, pour en exclure les villages les plus peuplés, tandis que les populations des villages situés au cœur du parc, comme le village de Gich, qui avaient déjà commencé à quitter le site pour s’installer en ville, du fait de la crise agricole, ont été accompagnées – au prix d’infinis débats entre conservateurs, autorités locales et sponsors des programmes ». Enfin, il est intéressant de constater que la multiplication récente des aires protégées ne s’est pas accompagnée d’une hausse des expulsions.
Le mythe du « bon paysan africain »
Même si GB a conscience de « l’ampleur des risques environnementaux associés à l’érosion, la déforestation ou la contamination des espèces sauvages par le bétail », en voulant défendre les populations locales face au parc et aux experts occidentaux, il cède volontiers au mythe du « bon paysan africain ». Or on ne peut pas d’un côté, dénoncer le mythe de l’Eden africain en rappelant que l’Afrique est peuplée et, de l’autre, minimiser ou occulter le fait que des activités humaines menacent ou détruisent la faune et la flore. Même si ces activités sont le fait de modestes paysans dont l’empreinte carbone est faible par rapport à celle d’un Européen ; encore que la culture sur brûlis dégage du gaz carbonique, sans parler de la déforestation qui ne permet plus à la forêt d’atténuer le réchauffement climatique et de fixer du gaz carbonique. Si GB avait été plus objectif, il n’aurait eu aucun mal à trouver de multiples documents qui tous soulignent les maux endémiques de l’Ethiopie, à savoir l’érosion des sols, la déforestation et le surpâturage. L’érosion des sols dans les montagnes du pays est décrite par divers processus tels que le glissement des sols dans les fortes pentes, le labour, le ruissellement et le piétinement du bétail. Ces phénomènes physiques ont pour cause des facteurs anthropiques tels que la déforestation, l‘agriculture et le défrichage des restes de végétation. Un travail mené en 2004 sur l’érosion des sols du nord de l’Ethiopie a montré que « le taux moyen d‘érosion aréolaire sur les terres cultivées est estimé à 9,9 tonnes par ha et par an. Le taux de ravinement, qui est actuellement de 4,7 tonnes par ha et par an de perte en sol, s‘est accéléré pendant ces 50 dernières années, suite à une plus forte pression sur la terre résultant en un défrichage généralisé, ainsi qu‘à la construction de routes »
Par ailleurs, une enquête menée auprès de centaines de villageois dans le sud-ouest du pays a montré que la majorité des enquêtés considéraient le défrichage en faveur de l’agriculture comme la principale cause du déboisement. L’agronome éthiopien qui a mené cette enquête souligne : « A cause de la teneur en principes nutritifs de la cendre et de la mobilisation de certains nutriments par le sol, les rendements agricoles augmentent avec la culture sur brûlis. C’est la raison pour laquelle de nombreux agriculteurs, qui n’ont pas les moyens d’acheter les intrants agricoles nécessaires, convertissent chaque année des terres boisées en terres agricoles ». Et l’auteur d’ajouter : « L’épuisement et la dégradation de la forêt menacent la diversité de l’écosystème et influencent considérablement le niveau de vie de nombreux ménages. » Quand GB affirme : « Accepter que l’érosion existe est une chose ; affirmer qu’elle est une menace généralisée est mensonger », il est soit ignorant, soit de mauvaise foi. Il lui suffisait de sélectionner « désertification en Ethiopie » sur Google Scholar pour se rendre compte de la réalité d’un phénomène pris très au sérieux par l’Etat depuis les années 80 à cause du déboisement à l’échelle nationale. Quant au feu dont les Africains usent et abusent, il est souvent impliqué dans la destruction de la végétation et « il est généralement admis qu’une succession de feux non contrôlés est néfaste pour la végétation et le sol » (7).
Si les gardes du parc patrouillent pour faire respecter « l’interdiction de la chasse, de la culture sur brûlis, de la déforestation et du pâturage », c’est que ces activités humaines exercent une forte pression sur le milieu et occasionnent des dégâts, omniprésents en dessous de 3 500 mètres (A. Schnitzler, communication personnelle). En 2006, selon GB 12 000 personnes vivaient au sein et aux alentours du parc et 5 000 dans le parc. Quand on sait que l’Ethiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique subsaharienne derrière le Nigeria avec 100 millions d’habitants et que 80 % vit en milieu rural, les problèmes qui se posent au Parc national du Simien vont se poursuivre et probablement s’amplifier. Les conditions de vie de cette population rurale ne permettent pas d’améliorer leurs rendements avec des engrais, d’où la perpétuelle culture sur brûlis et ses effets dévastateurs sur la forêt, forêt qui fournit également le bois de chauffe. Et ce ne sont pas les plantations de caféiers qui peuvent remplacer les forêts naturelles… Passons sur le fait que GB n’a fait appel qu’à un seul témoignage d’un ancien habitant d’un village abandonné : « C’est au temps où on y était que le parc était plus beau (…) C’est aujourd’hui qu’il est mort, maintenant qu’il n’est plus labouré, qu’il n’y a plus rien pour retenir l’eau, qu’il n’y a plus de bétail. Nous on faisait des terrasses, on faisait des retenues pour l’eau, des sillons, on utilisait de l’engrais pour les cultures, et on vivait une bonne vie. C’est maintenant que le parc va être menacé. » GB estime que cet habitant ne sépare pas la nature des humains, alors que j’y vois la réaction ancestrale de l’agriculteur qui exploite la terre et ne semble avoir qu’une vision utilitariste de la nature, en n’ayant aucun recul sur les conséquences de ses pratiques. Car spolier la terre qui nourrit l’homme ne lui permet pas d’y vivre à moyen ou long terme. Il est bien dommage que ce travail d’historien n’ait pas été complété par un travail d’enquêtes sociologiques pour bien comprendre le lien entre ces populations et la nature du parc. Ainsi, une étude sur le pastoralisme dans les aires protégées d’Afrique de l’Ouest a montré que les revenus ne suffisent pas pour que les populations locales adoptent une attitude positive car « les relations entre les populations et l’environnement ne s’inscrivent pas seulement dans des préoccupations matérielles. Elles renvoient également à des valeurs culturelles ». Un tel travail est indispensable pour définir une quelconque stratégie d’alliance entre les habitants et le Parc national du Simien dans le futur.
Quel avenir pour les aires protégées à l’heure de la sixième extinction ?
Les principaux points qui résultent de la lecture critique de l’ouvrage sont les suivants :
– GB ne souligne pas le caractère exceptionnel du Parc national du Simien et donc de l’importance de le protéger, surtout dans le contexte d’extinction de la vie sauvage. Quand il dit que ce parc ne peut pas être à la fois mondial et éthiopien, naturel et anthropique, il est dans l’erreur. Ce parc appartient à l’Ethiopie, mais est unique au monde par sa faune, sa flore et sa géologie, d’où son inscription sur la liste du patrimoine mondial que le pays a accepté. Le problème réside dans le fait que les gouvernements successifs n’ont pas assez pris la mesure de cette responsabilité face à la communauté internationale et n’ont pas mis les moyens pour travailler à une meilleure acceptation du parc auprès des habitants et à une amélioration de leurs conditions de vie. Dans un passé lointain, la zone où se trouve le parc a certainement été le théâtre d’activités telles que le pastoralisme et la coupe de bois, ce qui a modifié les milieux, c’est pourquoi le parc actuel abrite à la fois des écosystèmes naturels dans les endroits inaccessibles peu ou pas touchés et des zones anthropiques modifiées, dont certaines peuvent très bien redevenir naturelles (on parle alors de nature férale) dès que la pression humaine disparaît ; c’est ce qui explique que le parc peut être à la fois naturel et anthropique,
– GB n’a pas assez de connaissances sur les réflexions des scientifiques de la conservation pour parler encore de ce poncif de « l’Eden africain ». Il a aussi des lacunes en écologie pour nier le fait que des forêts couvraient une grande partie des montagnes du Simien, notamment entre 1 800 et 2 500 m, à l’origine colonisée par une forêt sempervirente d’altitude, défrichée depuis des millénaires en raison de l’origine volcanique des sols, très propices à l’agriculture (A. Schnitzler, communication personnelle),
– La contestation par GB de l’hégémonie du modèle de la nature sans l’homme pour les aires protégées africaines n’a rien de nouveau puisque, en 1998, Guha avait déjà vivement critiqué la wilderness américaine comme modèle pour les pays du sud (8). Il critique fort légitimement notre civilisation qui continue de détruire la nature en dehors des aires protégées, là encore rien de neuf puisque Bernard Charbonneau et François Terrasson estimaient il y a plus de 40 ans, que les parcs nationaux étaient des alibis pour continuer à éliminer la nature à l’extérieur. Les ONG de conservation défendent les aires protégées en sachant bien ce qui se passe en dehors, pour autant elles ne sont pas responsables des destructions commises par notre civilisation anti-nature. A ce stade, on aurait aimé que GB esquisse au moins des propositions pour éviter les expulsions et améliorer la gouvernance des parcs et qu’il évite d’extrapoler son étude de cas à toute l’Afrique, ce qui pose problème compte tenu des perceptions culturelles de la nature variables selon les pays,
– Sa thèse selon laquelle les avis des ONG conservationnistes relèvent d’un « colonialisme vert » est exagérée et même fantaisiste pour ce qui est de l’UNESCO, mais on dirait que le scientifique a été tenté par le marketing avec un mot choc dans le titre, fait pour assommer l’adversaire. Notons aussi au passage cette chose pour le moins étrange, à savoir que toute la thèse sur le colonialisme est échafaudée à partir d’une étude de cas prise dans un des rares pays africains à n’avoir jamais été colonisé et dont on peut penser qu’il en tire une farouche volonté de ne pas se laisser influencer par des acteurs étrangers.
– GB passe sous silence l’appauvrissement des sols lié à l’érosion, due aux pratiques culturales des paysans éthiopiens, car il a besoin dans cette charge contre les ONG de la conservation qui poussent à l’expulsion d’avoir en face, des paysans victimes irréprochables ou presque, oubliant que partout dans le monde de nombreuses régions ont été déboisées et les sols appauvris par des pratiques ancestrales non soutenables telles que le surpâturage, la déforestation ou l’écobuage, comme dans le quart sud-est de la France durant la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, où il a fallu reboiser des bassins versants entiers trop érodés par les pratiques agricoles d’une forte population rurale avec la restauration des terrains de montagne confiée à l’administration des Eaux et Forêts.
La protection de la nature doit plus que jamais être considérée comme une idée universelle au même titre que la défense des droits humains. Face à l’extinction de masse et pour éviter une militarisation des aires protégées afin de défendre les dernières populations d’espèces rares, il est urgent d’orienter l’agriculture paysanne dans un contexte de croissance démographique vers la soutenabilité à long terme, mais aussi de travailler avec des médiateurs locaux pour réfléchir avec les communautés locales à la notion de « progrès » et de « développement »; on aurait aimé que GB aborde un peu cette question qui ouvre des pistes d’amélioration pour éviter les expulsions de populations qu’il a eu raison de dénoncer. Cela lui aurait permis d’être beaucoup plus crédible plutôt que de brandir de façon lassante son accusation de « colonialisme vert », qui dessert son propos central sur les expulsions dans les aires protégées.
(*) Ecologue
Photo du haut : éleveurs dans le parc national du Simien, en Ethiopie © Annik Schnitzler
(1) Jean-Louis Guillaumet. 2009. La végétation des montagnes du Rift Hirsch B – http://horizon.documentation.ird.fr/exl-php/accueil
(2) Andrew J. Plumptre, Daniele Baisero, R. Travis Belote, Ella Vázquez-Domínguez, Soren Faurby, Włodzimierz Jȩdrzejewski, Henry Kiara, Hjalmar Kühl, Ana Benítez-López, Carlos Luna-Aranguré, Maria Voigt, Serge Wich, William Wint, Juan Gallego-Zamorano and Charlotte Boyd. 2021. Where Might We Find Ecologically Intact Communities? http://www.frontiersin.org/articles/10.3389/ffgc.2021.626635/full
(3) Annik Schnitzler et Jean-Claude Génot. 2020. La nature férale ou le retour du sauvage. Jouvence. Jouvence.
(4) Million Bekele. 2011. Plantations Forestières et Ilots Boisés en Ethiopie. African Forest Forum Nairobi.
(5) Miro Jacob, ,Hans Beeckman,Gebrekidan Mesfin, Marijn Hendrickx, Etefa Guyassa & Jan Nyssen. 2015. North Ethiopian Afro-Alpine Tree Line Dynamics and Forest-Cover Change Since the Early 20th Century Land Degrad. Develop. 26 : 654–664 DOI: 10.1002/ldr.2320.
(6) Miro Jacob, Amaury Frankl, Hans Hurni, Sil Lanckriet, Maaike De Ridder, Etefa Guyassa, Hans Beeckman & Jan Nyssen. 2017. Land cover dynamics in the Simien Mountains (Ethiopia), half a century after establishment of the National Park. Regional Environmental Change 17 : 777–787.
(7) F. White. 1986. La végétation de l’Afrique. Mémoire accompagnant la carte de végétation de l’Afrique. ORSTOM, UNESCO.
(8) R. Guha. 1998. Radical American Environnmentalism and Wilderness Preservation : A Third World Critique. In J.B. Callicott & M.P. Nelson. 1998. The Great New Wilderness Debate. Pp. 231-245.
Mes remerciements à Annik Schnitzler pour le prêt de ses photos et son témoignage suite à sa visite dans le parc national du Simien. En ce qui me concerne, l’Afrique ne m’est pas totalement inconnue puisque en 30 ans, j’ai pu visiter de nombreuses aires protégées en Tanzanie, en Zambie, au Malawi, en Ouganda, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe.