Voici quelques nouvelles au sujet de la pêche en vue de la réunion de l’ONU sur l’océan, qui aura lieu à Lisbonne (Portugal) le 27 juin prochain.
par Marie-Paule Nougaret
Rien n’est simple, mais toujours, l’océan trouve des défenseurs Même les juges s’y mettent. Le 7 février dernier, un tribunal anglais a relaxé l’équipe de Greenpeace UK qui avait coulé d’énormes blocs de granit dans deux réserves marines de la Manche et de la mer du Nord pour empêcher les filets de chalutiers de racler les fonds. Ces réserves en effet sont très théoriques puisque l’Angleterre y accorde des licences pour les chaluts. Le jugement est allé jusqu’à dire que le procès intenté par les autorités était « absurde » et que les deux parties devraient coopérer.
Entre la Croatie et l’Italie, dans la mer Adriatique, l’une des plus pêchée du monde (après la mer de Chine), l’organisation MedReact a réussi à instaurer une réelle protection de la fosse Jabuka/Pomo, dans les eaux internationales. Le travail a pris des décennies. MedReact a enregistré les prises, jour après jour, dans les ports des deux rives, pour déterminer, avec les artisans, les espèces les plus fragiles et les zones à épargner. Depuis que la fosse est vraiment respectée, les prises de merlu et de langoustine ont nettement augmenté dans la zone tampon tout autour. Les artisans pêcheurs eux-mêmes éloignent les bateaux usines qui auraient l’audace de s’y pointer.
Un projet similaire est en cours dans le delta de l’Ebre en Andalousie, et un autre à Sète, dans le golfe du Lion, où la zone de restriction de pêche est un échec patent. MedReact y participe pour que l’Etat prenne en compte les connaissances des pêcheurs dans la délimitation de zones de protection forte.
La somme d’efforts à fournir pour obtenir une protection, quand presque tout le monde s’accorde sur le problème, a conduit le bureau d’étude (consultancy) Varda Group à élaborer la stratégie « de la réflexion à l’action » qu’elle présentera à Lisbonne.
En quatre points, il s’agit :
– plutôt que de s’évertuer à créer des zones protégées, de protéger tout l’océan et accorder au cas par cas, des zones d’exploitation;
– plutôt que de compter les prises de poisson au poids, sans distinction, de les compter par espèce (têtes ou queue), pour avoir une vue plus claire de la situation;
– d’entamer des négociations de désarmement d’engins de pêche;
– et de traiter les déchets de plastique, dont les plus dangereux sont invisibles, comme des déchets radioactifs.
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Photo du haut : Greenpeace UK coule du granit devant Brighton en 2021 © DR