Metaleurop est de retour …

Qui aurait pu imaginer que, 18 ans après sa fermeture, on parle encore des dégâts de Metaleurop, site du bassin minier du nord de la France, considéré à l’époque comme le plus pollué de France ?

par Anne Henry-Castelbou

24 000 personnes touchées

Cette usine sidérurgique, installée dès 1894 en plein bassin minier du nord de la France à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), produisait jusqu’à 130 000 tonnes de plomb, 100 000 tonnes de zinc et 250 000 tonnes d’acide sulfuriques par an. L’usine rejetait dans l’air en 1985 jusqu’à 67 tonnes de plomb et 26700 tonnes de dioxyde de soufre. Aujourd’hui, les sols demeurent contaminés en plomb et cadmium sur plus de 700 hectares autour du site industriel. Ce n’est qu’en 1999 que la zone des cinq communes concernées, soit 24 000 personnes, est encadrée par un projet d’intérêt général (PIG) restreignant l’usage des sols, dont l’interdiction de toute activité agricole.

Premier recours perdu

Le 21 décembre dernier, après 4 ans de combat, 87 habitants d’Evin-Malmaison (Pas-de-Calais) dans le bassin minier ont perdu leur procès contre l’Etat dans le dossier Metaleurop. Ils lui reprochent de ne pas avoir mené les contrôles nécessaires sur la pollution engendrée par l’usine sidérurgique fermée en 2003. Ils réclamaient à l’Etat une prise en charge de la pollution toujours présente dans leurs jardins et les terrains de la commune, mais aussi une indemnisation pour compenser la décote de leurs biens immobiliers et les préjudices en matière de santé (58 000 euros/personne).

En ce début d’année 2022, j’ai souhaité les rencontrer pour comprendre l’impact d’une telle pollution sur leur vie et comment ils ont engagé un combat judiciaire pour tenter d’obtenir une réparation écologique, avec le cabinet roubaisien Green Law. Vous pouvez écouter ci-dessous ma rencontre avec Bruno Adolphi et Marc Varupenne de l’Association PIGE (Pour l’Intérêt Général des Evinois), pour la radio RCF Hauts de France.

 

 

L’action continue

L’association a décidé de faire appel. Parallèlement, les élus de la communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin réclament auprès de la justice la remise en état des terres polluées ou 574 millions d’euros en guise de réparation du préjudice écologique. En attendant le résultat de l’appel, l’association PIGE souhaite dépolluer 2000m2 de terrain, grâce à la phytoremédiation et à la plantation de végétaux dépolluants, et ce en lien avec les habitants.

Photo du haut : Bruno Adolphi et Marc Varupenne de l’Association PIGE (Pour l’Intérêt Général des Evinois) © Anne Henry-Castelbou