Lynx, un film de Laurent Geslin

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Les félins sont à l’honneur sur le grand écran. Après la superbe panthère des neiges, voilà le lynx, un grand prédateur de chez nous.
par Danièle Boone

Laurent Geslin vit dans le massif du Jura. Ainsi, c’est à sa porte qu’il piste le lynx depuis plus de dix ans. Il arrive dit-il à reconnaître un individu grâce à ses traces. Dans le film, on découvre une famille, le père, magnifique et puissant, et la mère, plus discrète. Une fois, l’accouplement effectué, c’est elle à qui revient la charge des petits. Mais, demande Laurent Geslin, le père ne jouerait-il pas un rôle en défendant le territoire de sa progéniture ?

Le film est l’occasion de faire un état des lieux des populations du Lynx en France. Sa réintroduction dans les Vosges a été un échec : les braconniers ont réussi à les exterminer. Certains humains voient dans les prédateurs des concurrents. Le conflit est récurrent. Dans le Jura aussi : un des jeunes mâles est tiré à sept mois. Le corps est abandonné par l’assassin parfaitement conscient d’avoir détruit une espèce protégée, ce qui pourrait lui coûter cher. La place du prédateur et son importance dans la nature est l’un des principaux messages du film. La forêt jurassienne n’arrivait plus à se renouveler à cause des chevreuils et des chamois qui se délectaient de toutes les jeunes pousses. Les forestiers ont donc demandé la réintroduction des lynx pour que les herbivores soient naturellement régulés. Et cela a marché : la forêt a retrouvé son esprit !

La route est une autre cause de forte mortalité. Le deuxième jeune mâle y succombe à huit mois. « Est-ce le territoire des lynx qui traverse celui des hommes ou bien celui des hommes qui traverse celui des lynx ? » Enfin, le risque de consanguinité pose problème. Des scientifiques s’emploient à déplacer certains individus pour y remédier. Cette gestion, sans doute nécessaire, laisse Laurent Geslin perplexe lorsqu’il voit partir la mère qu’il suit depuis un an, laissant seule l’unique survivante de la fratrie, une jeune femelle de neuf mois. Finalement, elle va s’en sortir, se trouver un territoire, rencontrer un jeune mâle et enfanter à son tour perpétuant ainsi une espèce si fragile encore.

Les amoureux de la nature, et plus spécialement de la forêt, se régaleront de voir les pics noirs amoureux, les faucons pèlerins, une couvée de gélinottes, le grand tétras, la bécasse des bois, le cingle plongeur, et encore bien d’autres oiseaux dont la curieuse chouette de Tengmalm et aussi l’irrésistible petite chevêchette d’Europe. Côté mammifères : les chevreuils et les chamois dont les cabris sautent comme des marsupilamis, le chat forestier, la famille renard, le lièvre, l’hermine en tenue hivernale, toute blanche avec seulement le bout de sa queue noire, et même la mignonne petite belette ! Seul bémol : les commentaires à la manière des documentaires animaliers très classiques. Cela dit, allez voir le film : les images sont magnifiques et le suivi de cet animal si discret est éblouissant.

A noter également, la publication de Lynx, le très beau livre du film, aux éditions Salamandre (29 €).

Coproduction JMH & FILO Films, MC4, La Salamandre. Distribution : Gebeka films – www.gebekafilms.com
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