Les plantes du chaos. Et si les pestes végétales étaient des alliées ? par Thierry Thévenin (JNE). Préface de Pablo Servigne. Illustrations de Jacky Jousson.

Thierry Thévenin, paysan herboriste, est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur les plantes sauvages « utiles », c’est-à-dire comestibles, médicinales ou encore tinctoriales. Dans ce nouveau livre, fruit d’une douzaine d’années de travail, il met en lumière des espèces végétales bien différentes. En effet, ces « plantes du chaos », trivialement qualifiées d’envahissantes ou d’invasives, sont généralement considérées comme étant « inutiles » voire même nuisibles. L’auteur nous aide d’abord à comprendre les raisons de leur expansion en France : elles colonisent des milieux dont les équilibres naturels sont rompus… des espaces où l’humain sème le chaos au nom du développement économique et technologique. Puis le regard affuté porté par Thierry Thévenin sur ces espèces conduit à les voir autrement : elles apparaissent comme des plantes à haut potentiel, que ce soit au plan alimentaire, médicinal, tinctorial, ligneux, etc., mais aussi et surtout écologique. Exemple des renouées qui sont comestibles à l’état de jeunes pousses, antiinflammatoires et antivirales si l’on considère les racines et « bioindicatrices du faible niveau de naturalité des sols qu’elles envahissent ». Plutôt que de les diaboliser, comment valoriser ces richesses botaniques disponibles en abondance et qui ont simplement trouvé des conditions favorables à leur prolifération ?

Nous faire renouer avec les renouées… voilà en résumé l’ambition de Thierry Thévenin dans Les plantes du chaos. Le monde végétal est bien sûr au centre de l’ouvrage, sublimé par les illustrations botaniques de Jacky Jousson. Nous apprécions le caractère synthétique du livre composé essentiellement de douze portraits de plantes : ailante, ambroisie, armoise annuelle, baccharis, buddléia, datura, jussies, raisin d’Amérique, renouées du Japon, robinier faux-acacia, séneçon du Cap, vergerettes. L’auteur dit avoir sélectionné les « pires » ; une ironie car ces douze plantes se révèlent être les meilleures dès lors que nous les regardons avec curiosité et bienveillance. Plus qu’un livre sur l’écologie et la botanique, cet ouvrage nous invite à réfléchir sur des notions comme la tolérance et la capacité d’accueil. L’excellente préface signée Pablo Servigne, intitulée « Accueillir et cueillir », est éclairante : « Nous les détestons car elles signalent que nous sommes destructeurs, que nous ne savons pas accueillir l’étranger, que nous avons peur de la nouveauté. Le changement de regard, c’est aussi se rendre compte qu’elles nous font un cadeau de lucidité et de réconciliation. »


Éditions Lucien Souny, 126 pages, 17 € – www.luciensouny.fr
Contact presse : Véronique Thabuis. Tél. : 06 86 50 65 03 / 04 70 66 36 96 – veroniquethabuis@gmail.com
(Adeline Gadenne)