Dans cette seconde semaine de négociations de la COP26 de Glasgow, de nombreux sujets n’ont pas encore trouvé d’accord, notamment celui du financement des « Pertes et dommages », générés par la crise climatique et subis par les pays vulnérables.
par Anne Henry, envoyée spéciale à Glasgow
Or, les impacts de la crise climatique sont souvent irréversibles, avec des conséquences économiques, sociales et environnementales (déplacements de populations, pertes de cultures et de langues locales, réduction du trait de côte …). Les besoins se chiffrent entre 290 et 500 milliards d’euros par an jusque 2030, et rien n’a été pour l’instant débloqué depuis les accords de Varsovie il y a 8 ans. Ce retard semble lié à certains blocages du côté des Etats-Unis, comme une conséquence de l’ère Trump. L’Union européenne freine également à débourser, avec la France en chef de file sur cette position.
L’Ecosse a marqué le coup cette semaine sur le sujet : sa première ministre Nicola Sturgeon – indépendantiste et alliée aux Verts – a annoncé que l’Ecosse débloquait 1 million de livres (soit environ 1,6 million d’euros) pour financer les pertes et dommages. C’est la première région dans le monde à le faire, mettant en porte à faux le premier ministre britannique Boris Johnson, aligné sur la position américaine. Mais cela ne sera pas suffisant.
Mobilisation des plus vulnérables
C’est pourquoi certains territoires du Pacifique, victimes du réchauffement climatique, se mobilisent à la COP26. Ils viennent rencontrer les décideurs politiques et négociateurs pour tenter de faire avancer le sujet afin qu’il figure dans la déclaration finale de la COP26 vendredi. Emile Méne, secrétaire général de la province des îles Loyauté (Lifou, Maré, Ouvéa et Tiga) de Nouvelle Calédonie, présent à Glasgow, explique qu’ils n’ont pas attendu le rendez-vous britannique pour tirer la sonnette d’alarme : « Depuis 2013, nous n’avons jamais rien eu, que ce soit de l’État français ou de nations industrialisées. Nous sommes encore spectateurs. On subit le changement climatique. Ce n’est pas une utopie pour nous. »
Nouvelle étape franchie durant cette COP26 : une commission des Etats insulaires a été lancée, pour explorer des pistes juridiques en dehors des négociations onusiennes. Il s’agirait de solliciter les tribunaux pour obtenir des compensations financières liées à ces pertes et dommages.
Photo du haut : Emile Méne, secrétaire général de la province des îles Loyauté (Lifou, Maré, Ouvéa et Tiga) de Nouvelle Calédonie, lors de la COP26 de Glasgow le 9 novembre 2021 © Anne Henry