Comment les journalistes parlent-ils du climat ailleurs en Europe ? Quelles sont les initiatives inspirantes mises en place ? Tel était le sujet du débat animé par Véronique Auger, présidente de l’Association des journalistes européens dans le cadre des Assises du journalisme de Tours.
par Isabel Soubelet
Selon un état des lieux réalisé par l’association Reporters d’espoir, la place du climat dans les journaux télévisés de 20 h de TF1 et France 2 a été multipliée par 2,5 à 3,5 fois entre 2010 et 2019. Et l’année 2015 a clairement eu un effet booster avec la tenue de la COP 15 à Paris. Mais globalement, 1 % seulement de la profession parle du climat. Nous sommes encore loin d’une prise de conscience massive. Ailleurs, en Europe, des initiatives intéressantes ont vu le jour pour aborder la question climatique.
Gwenaelle Dekegeleer, journaliste à la RTBF en Belgique, s’occupe d’une toute nouvelle cellule de coordination éditoriale sur l’environnement. « Nous avons constaté que beaucoup de choses se faisaient sans synergie, parfois même contradictoires. Le but est donc de regrouper tous les acteurs qui parlent d’environnement au sein de la RTBF, précise-t-elle. Nous souhaitons faire émerger une plateforme qui explique les enjeux environnementaux. Le public doit pouvoir venir trouver l’information dont il a besoin pour comprendre les défis climatiques. » Un vaste et jeune projet lancé cette année en septembre.
Ségolène Allemandou, responsable éditoriale de ENTR, a présenté ce tout nouveau projet développé par France Médias Monde et Deutsche Welle. Mené en partenariat avec une dizaine de médias, ce média numérique est diffusé en six langues : français, allemand, anglais, polonais, portugais, roumain. « Le but est de donner la parole aux jeunes européens âgés de 18 à 34 ans qui créent des associations ou lancent des projets pour un avenir meilleur, souligne-t-elle. Nous proposons des regards croisés et favorisons l’échange en créant des ponts entre les jeunes sur des sujets qui les relient, et le climat en fait partie. Mais il y a aussi la solidarité, les libertés, la culture, les technologies et l’emploi. Nous privilégions les formats numériques qui répondent aux nouveaux modes narratifs de l’information. » Parler autrement des sujets et s’adresser autrement à son public implique aussi de travailler différemment. Ainsi, un problème traité dans un pays peut trouver sa solution dans le reportage d’un autre pays. C’est un réel projet collaboratif qui s’appuie sur des conférences de rédaction menées dans plusieurs pays en même temps.
Et enfin, Hanna Lundquist, journaliste et spécialiste des médias à Journalisten en Suède, a fait part d’une initiative dans son pays qui allie climat et citoyenneté. « Le quotidien en ligne ETC, qui compte 13 000 abonnés, dispose de trois reporters climat, explique-t-elle. Ils ont supprimé les publicités des entreprises qui travaillent dans les énergies fossiles, cela a généré une baisse de 20 % des de la publicité mais une hausse de 40 % des abonnements. Deux jours de congés supplémentaires sont même octroyés aux salariés qui ne prennent pas l’avion. » Cette initiative aurait-elle un écho positif en France ? À voir…
Image du haut : le logo de ENTR, tout nouveau projet développé par France Médias Monde et Deutsche Welle