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Cent quatre vingt-seize États et l’Union européenne se réunissent à Glasgow au Royaume-Uni du 31 octobre au 12 novembre 2021 pour la 26e Conférence des parties. Objectif : tenter de limiter de le réchauffement climatique à 1,5°C. Un rendez-vous à enjeux mondiaux, qui interroge aussi sur la pratique journalistique.
On se souvient de la COP25 de 2019 à Madrid. Les signaux d’alerte sur le dérèglement climatique étaient déjà sans équivoque. Et paradoxalement, cette rencontre mondiale s’était clôturée sur un goût amer : une déclaration finale au rabais révélant la force des pays pollueurs à limiter l’ambition climatique (États-Unis, Brésil, Australie …), l’accord sur l’encadrement des marchés carbone repoussé à la COP26 (l’article 6 de l’accord de Paris) et seuls 80 pays sur les 187 signataires de l’Accord de Paris avaient annoncé vouloir renforcer leurs efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais sans aucune feuille de route claire, ni même de nouveaux financements pour les pays vulnérables.
Mise en application de l’accord de Paris
La COP26 marque en tout cas une nouvelle étape depuis la COP21 en 2015. Après moult COP techniques, c’est la première qui verra la mise en application de l’accord de Paris. Les États doivent présenter leurs Nouvelles contributions climatiques (NDC), qui seront revues tous les 5 ans.
Les pays et l’UE doivent aussi se mettre d’accord sur les règles de fonctionnement du marché carbone, la finalisation du cadre de transparence pour le reporting climatique ou encore l’adaptation au changement climatique. Des pressions devraient aussi se faire sentir pour accélérer l’abandon du charbon, la limitation de la déforestation et des émissions de méthane, le développement de technologies de rupture comme l’hydrogène vert et le respect du montant des aides financières. Il était attendu 100 milliards d’euros/an vers les pays le plus pauvres. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), seuls 79,6 milliards de dollars ont été versées en 2019 (78,3 en 2018).
Mais des signaux positifs sont là : ces dernières années, l’essor des énergies renouvelables a permis de réduire drastiquement leur coût. La Chine a annoncé ne plus financer de centrales à charbon à l’étranger. Et les entreprises, villes et régions du monde entier ne se sont jamais autant mobilisées avec de nouveaux projets, et ce sans attendre l’avancée étatique. Elles étaient notamment présentes à la COP25 à Madrid pour s’engager à la neutralité carbone d’ici à 2050 (Alliance pour une ambition climatique). On devrait les retrouver à la COP26, aux côtés de personnalités du monde politique, économique, associatif, mais aussi de Greta Thunberg et du pape François.
La première semaine devrait être assez technique, permettant aux experts de travailler ensemble par thématiques (océans, élevage, économie circulaire …), de partager des outils, de rencontrer les négociateurs. Tandis que la seconde semaine sera davantage politique, avec des tours de négociation qui risquent de durer bien au-delà de la fin officielle du vendredi 12 novembre. Mais en attendant, les conditions d’organisations ne sont pas optimales. Le prix exorbitant des logements et les difficultés d’accès aux vaccins et aux visas font craindre l’absence de nombreuses délégations, notamment de pays en voie de développement.
Dans ce contexte, quelle pratique journalistique ?
Dans cet environnement quelque peu anxiogène, entre militantisme et engagement, de nombreux journalistes s’interrogent sur les façons de partager au mieux ce qui se passe durant un tel évènement. Certains prônent – notamment lors des Assises du journalisme à Tours début octobre, où les JNE étaient présents – le journalisme de solution, ou encore journalisme intégral. Il s’agit de répondre aux cinq questions du journalisme (qui, quoi, où, quand, pourquoi), tout en abordant une sixième : quelles solutions face au problème évoqué ? « On répond à cette sixième question en suivant une démarche scientifique : comment ça fonctionne, quelles sont les preuves, les limites, est-ce duplicable rapidement ? Il n’y a pas de solution miracle. C’est l’effort qu’il faut regarder », explique Sophie Roland, journaliste et représentante en France du réseau Solutions Journalism Network.
En tout cas, les Français attendent beaucoup des journalistes durant la COP26. Selon le dernier baromètre Viavoice 2021 sur l’utilité du journalisme présenté aux Assises, pour 81 % des Français, le journalisme est utile dans une société démocratique. Et sur les questions écologiques, 35 % d’entre eux trouvent que l’information est anxiogène et moralisante. Cinquante pour cent d’entre eux attendent du journalisme d’être un intermédiaire entre pouvoir et contre-pouvoir, mais pas de militantisme, avec une information vérifiée, pédagogique et des solutions préconisées.