Le 30 juin s’est tenu le congrès français de l’UICN en présence de Bérangère Abba, secrétaire d’Etat à la Biodiversité. Il avait pour but de mobiliser les organismes membres et les experts du comité français de l’UICN et de leur présenter les principaux messages en faveur de la biodiversité qui seront défendus par le comité lors du congrès mondial de Marseille en septembre qui fixera les priorités de conservation mondiale pour les quatre prochaines années, et pour lequel les JNE organisent un voyage de presse pour leurs membres.
par Christine Virbel
Dix messages-clefs (voir ci-dessous) en faveur de la biodiversité ont été présentés auxquels il faudra porter une attention particulière lors du congrès mondial car ils sont porteurs d’actions concrètes à mettre en place au niveau international pour protéger la vie sur Terre. Ces messages ont été l’occasion de rappeler des réalités le plus souvent cruelles, comme le fait que nous serons peut-être la génération qui verra la disparition des grands singes (chimpanzés, bonobos, gorilles, orang-outans) sur la planète, dont la population a diminué de 70 % en 40 ans en raison de la déforestation, du braconnage et des maladies des populations restantes (lire ici).
A chaque intervention, des solutions ont été proposées comme la prise en compte des crimes environnementaux au même niveau que les infractions graves. Concernant la protection des mammifères marins, il a été rappelé qu’en dehors de la pollution, des prises accidentelles et du trafic maritime (bruit et collisions), la migration de ces espèces rend plus difficile leur protection car elle nécessite une coordination entre différents pays, dont certains s’opposent à toute mesure ou limitation permettant cette protection. Concernant la conservation des sols, l’UICN a demandé que l’artificialisation soit prise en compte dans les études d’impact environnemental de chaque nouveau projet d’utilisation des sols. Une recommandation concernant les espaces protégés a insisté sur le fait qu’il faut non seulement les développer (30 % d’espaces protégés d’ici à 2030), mais aussi les relier entre eux pour permettre la circulation des espèces.
Des chiffres percutants ont été donnés concernant la partie financière en faveur de la biodiversité : à l’échelle mondiale, à peine 0,2% du PIB est alloué au maintien de la biodiversité quand il faudrait au moins réserver 1 % du PIB par an pendant 10 ans (soit 800 milliards de USD). En France, le pourcentage serait d’environ 7 %, ce qui est notablement plus important . Mais pour chaque euro investi dans la protection de l’environnement, six seraient dépensés dans des projets qui le détruisent. Le congrès français a aussi été l’occasion d’indiquer que des prises de conscience ont été faites par certaines enseignes de grande distribution qui commencent à demander à leurs fournisseurs de ne pas utiliser telle matière première en provenance de telle région particulièrement saccagée. Le rôle très positif des mangroves, qui absorbent 3 à 5 fois plus de CO2 que les forêts tropicales, a été souligné, même s’il faut largement les développer aujourd’hui car 25 % des surfaces de mangroves ont disparu depuis les années soixante-dix.
Le congrès français s’est conclu avec la présentation d’un manifeste éthique intitulé « L’avenir du vivant : nos valeurs pour l’action » qui donne des repères pour « habiter le monde différemment » et savoir « vivre avec les non-humains », les reconnaître comme individus au même titre que les humains, et à ce titre leur laisser des espaces où vivre et s’épanouir.
Les JNE et l’AJE ont organisé plusieurs rencontres de presse avec l’UICN :
– zones humides et artificialisation,
– aires protégées
– rôle des collectivités dans la préservation de la biodiversité
– climat et biodiversité – bilan de la COP25
Les messages du Comité français de l’UICN
– Protéger les espèces et lutter contre la criminalité environnementale
– Lutter contre l’artificialisation des sols
– Renforcer le réseau des espaces protégés
– Généraliser les pratiques alternatives aux pesticides de synthèse
– Déployer les solutions fondées sur la nature
– Lutter contre la déforestation importée
– Préserver les côtes et l’océan
– Protéger les vieilles forêts d’Europe et les mangroves
– Réduire les impacts de l’industrie extractive
– Accroître les financements pour la biodiversité
Photo du haut : Maud Lelièvre, présidente de l’UICN France, lors du congrès du 30 juin 2021 © UICN