Une enquête pour savoir comment les Français vivaient le confinement afin d’imaginer la ville de demain

Les citadins souhaitent avoir un nouveau rapport à la nature : c’est le résultat de la dernière étude d’une géographe, professeur de l’université de Lyon 3, Lise Bourdeau-Lepage, venue présenter ses derniers résultats à l’Université d’été des urbanistes au Familistère de Guise dans l’Aisne les 27, 28 et 29 août dernier.

par Anne Henry-Castelbou

Lise Bourdeau-Lepage, géographe, professeur de l’université de Lyon 3

Une enquête pour savoir comment les Français vivaient le confinement afin d’imaginer la ville de demain. Intitulée « Le confinement et ses effets sur le quotidien », elle a été réalisée du 23 mars au 10 mai 2020 sur un échantillon de 10 976 personnes, représentatif de la population française.  « Les grandes crises ont toujours façonné nos villes. Et celle de la Covid a été un catalyseur des aspirations d’une partie de la population, un révélateur des désirs et des besoins des français dans leur espace de vie mais aussi des maux de la ville », souligne Lise Bourdeau-Lepage.

Nouveau rapport à la nature

L’enquête confirme que la population vivant dans un logement avec jardin a mieux vécu le confinement. Elle montre aussi durant le confinement, un déploiement de la proximité virtuelle  (34 % ont téléchargé une nouvelle appli). Mais aussi le renforcement de l’entraide (aux proches : 42 % ; aux voisins 32 %), une augmentation de l’isolement (41,3 % contre 9 % avant le confinement), une contraction de la vie sociale, un resserrement autour de la cellule familiale, une redécouverte du voisin et des commerçants du quartier.

Et demain ? 57 % des gens ne veulent pas généraliser le télétravail, pour préserver leur vie privée. De quoi chambouler tous ceux qui prônent cette nouvelle manière de travailler comme un véritable cordon sanitaire et une alternative aux déplacements urbains domicile-travail. Egalement, 66,8 % pensent que ce confinement va changer quelque chose dans la manière de vivre. « Le résultat qui m’a le plus étonné est le 69 % des individus pour qui le confinement va modifier notre manière de prendre en compte l’environnement et de le préserver », souligne Lise Bourdeau-Lepage.

La revanche du quartier

A la suite de cette étude, notre chercheuse esquisse la ville de demain désirée : « elle doit d’abord être sensible à l’individu, et sera donc sensible à l’environnement car on voit que les citadins souhaitent avoir un nouveau rapport à la nature. » Elle plaide également pour une ville plus ouverte avec une forte participation des citadins dans la construction urbaine, une ville plus résiliente (désimperméabiliser les sols dans les cours de récréation, au pied des arbres ; gestion alternative des eaux de pluie, diversité des essences d’arbres qui résiste aux hautes températures, cuve de récupération des eaux de pluie), une ville frugale en consommation d’énergie et de ressources (utilisation de matériaux biosourcés comme le pisé ou la terre crue …), une ville verte centrée sur la santé des habitants, avec des paysages thérapeutiques et le développement des déplacements doux en positionnant le piéton au centre de l’aménagement. « Il faut favoriser la ville du quart d’heure, favorable à la rencontre et à la vie de quartier de proximité et réconcilier les deux désirs des citadins : celui de socialisation et celui de nature », conclut Lise Bourdeau-Lepage.