Les adhérent(e)s des JNE – ou du moins celles et ceux qui sont assez âgés pour avoir couvert les sommets de Rio en 1992 et Johannesburg en 2002,et avant cela les ministères Bouchardeau (1983-86) et Lalonde (1988-92) – ont appris avec beaucoup de tristesse le décès de Michel Mousel, survenu le 25 juin dernier à l’âge de 80 ans.
par Laurent Samuel
Né le 11 mars 1940 à Colombes (aujourd’hui dans les Hauts-de-Seine) dans une famille d’enseignants, Michel Mousel s’engagea dans sa jeunesse contre la guerre d’Algérie. Etudiant à Sciences Pô puis à l’ENA (Ecole nationale d’administration), il devient en 1963-1964 président de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France). Membre du PSU (Parti socialiste unifié) dès sa création en 1960, il en sera le secrétaire national de décembre 1974 à janvier 1979, affirmant l’orientation autogestionnaire de ce parti et tissant des liens avec les Amis de la Terre et les mouvements antinucléaires. Parallèlement, Michel Mousel poursuit une carrière de haut fonctionnaire, notamment au Commissariat au Plan et au ministère des Finances. En 1978, il participe à la brève aventure de l’hebdomadaire Maintenant, auquel participent des « autogestionnaires », des socialistes, des communistes, des écologistes (dont l’auteur de ces lignes), des féministes, etc. Proche d’Huguette Bouchardeau, qui lui succède à la tête du PSU, il devient son directeur de cabinet lorsqu’elle est nommée ministre de l’Environnement en 1983. En 1988, il prend les fonctions de Directeur de l’eau et de la Prévention des Pollutions et des Risques et de délégué interministériel aux risques naturels et technologiques sous le ministère de Brice Lalonde. De 1991 à 1994, il est le premier président de l’ADEME, qui vient d’être créée.
En rentrant de Rio, où s’est tenue en juin 1992 une conférence mondiale sur l’environnement, Michel Mousel a l’idée de lancer une ONG sur le thème alors très important du « développement durable », qui se préoccuperait non seulement d’environnement, mais aussi des inégalités sociales et de l’action économique . C’est la naissance de 4D (Dossiers et Débats pour le Développement Durable), qu’il préside de 1993 à 1997, puis de 2003 à 2007. Cette association jouera un grand rôle dans le développement des Agendas 21 et lancera le projet de l’Encyclopédie du développement durable qui poursuit aujourd’hui son essor. De 1997 à 2002, sous les ministères Voynet et Cochet, Michel Mousel est président de la Mission interministérielle de l’effet de serre, avant d’assurer en 2002 la présidence du Comité français pour le sommet mondial du développement durable à Johannesburg, rassemblant l’ensemble des acteurs français privés, publics et associatifs pour plaider les voies d’un monde un peu plus soutenable.
Tous ceux qui ont connu Michel Mousel garderont l’image d’un homme ouvert, chaleureux, toujours fidèle à ses convictions, et d’une compétence hors du commun. Après Serge Antoine, c’est un spécimen de l’espèce rare des hauts fonctionnaires écologistes qui vient de s’éteindre. Les JNE adressent leurs condoléances à sa famille et à l’équipe de 4D, qui aura sans nul doute à coeur de poursuivre le travail exceptionnel initié par Michel.