Coronavirus : pouce, on ne joue plus !

 


par Danièle Boone

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Un virus nous impose une pause mondiale. Comme dans chat perché, il faut une vraie raison pour crier « Pouce ! » Le Covid-19 est-il une vraie raison ? Sans aucun doute, mais les décisions prises à la hâte ressemblent à un aveu de l’impuissance de nos gouvernants ? Et d’incohérence : est-ce que cela a du sens de tout fermer et de maintenir le premier tour des municipales ? Est-ce que cela a du sens d’interdire toute sortie dans les 36 heures, juste suffisamment de temps pour que tous les citadins ayant un refuge à la campagne se précipitent dans des trains pleins ? Un vent de panique semble avoir saisi l’humanité alors que 96 % des personnes atteintes par le Covid-19 guérissent.  Si le Covid-19 est assurément une vraie raison, il y a eu beaucoup d’autres vraies raisons qui auraient dû nous inciter à stopper notre course folle bien avant, notamment l’épidémie de SRAS de 2002-2003 ou la grippe aviaire de 2009 dont nous n’avons pas su retenir les leçons.

Alors oui, pouce, mais pour en profiter pour réfléchir plutôt que paniquer, voire d’orchestrer la panique. Que nous dit la crise actuelle ? La mondialisation néolibérale révèle sa fragilité. La Chine, le modèle de la croissance économique, en chute libre, entraîne à sa suite tout le monde occidental. La menace du krach financier fait frémir toutes les places boursières. Mais prendrons nous conscience que la financiarisation du monde et le consumérisme qui va avec est une voie absurde qui mène l’humanité à sa perte ou plutôt allons nous cesser de faire l’autruche et prendre enfin notre destin en main ?

A l’aune de la crise, nous découvrons de nouvelles aberrations comme ces avions qui ont volé quasi à vide juste pour ne pas perdre leurs créneaux horaires ou les molécules les plus courantes de l’industrie pharmaceutique qui sont fabriquées pour la plupart en Chine, nous rendant complètement dépendants. «.Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour.», a affirmé le président Macron dans son discours aux Français du 12 mars.

« Pouce, on ne joue plus », cela ne veut pas dire : « on ne joue plus tout court mais on fait une pause ». Il est sous-entendu que le jeu va reprendre. Plus tard. Avec les mêmes règles. Dans son discours du 16 mars, Macron a affirmé que demain ne sera plus comme avant. Nous verrons si, enfin, il s’attaquera à ce qui semble le plus fondamental à un nombre croissant d’entre nous. L’épidémie de coronavirus nous montre la voie : elle a fait baisser les émissions de CO2 de la Chine de 25 % et les émissions mondiales de gaz à effet de serre et toutes les autres pollutions ont reculé fortement sous l’effet de la nette décrue de la croissance mondiale.

Avec cette épidémie inédite, nous vivons les conséquences du dérèglement climatique et de la perte de la biodiversité dans notre chair et ce n’est qu’une première étape si nous ne changeons pas de manière radicale. Le moment semble venu de se mobiliser tous ensemble, non pas seulement momentanément pour lutter contre un virus ,mais pour transformer notre société ultra-libérale en société plus résiliente. Alors oui, pouce. Posons-nous, remettons tout à plat, mobilisons nous et changeons les règles ! Et si nos gouvernants ne le font pas, faisons le nous-même. «.Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens engagés et imaginatifs puisse changer le monde, car il en a toujours été ainsi.», disait l’anthropologue américaine, Margaret Mead.

Danièle Boone est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Je sauve les oiseaux (Rustica 2020), la version pour les enfants de son manifeste Sauvons les oiseaux (Rustica, 2019) et de Accueillir les insectes dans mon jardin  – ma contribution à la biodiversité (Jouvence nature, 2019). Elle co-anime la mensuelle environnementale Planète Nièvre sur RCF Nièvre.


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