Les spécialistes des mammifères marins du monde entier se sont réunis à Barcelone

La World Marine Mammals Conference s’est déroulée du 9 au 12 décembre à Barcelone. Une première en Europe !

par Frédérique Gilbert

La World Marine Mammal Conference à Barcelone, décembre 2019 - photo Frédérique Gilbert
La World Marine Mammal Conference à Barcelone, décembre 2019 – photo Frédérique Gilbert

Plus de 2500 personnes spécialistes de mammifères marins venant de 95 pays se sont réunies pour parler des effets du changement climatique sur la vie marine, mais aussi de la conservation active, des échouages et des captures d’animaux. La recherche était bien présente parce que tous sont convaincus qu’on ne protège ce qu’on connaît. Six cent vingt sept posters ont été présentés afin de partager les résultats et conclusions des travaux menés par différents organismes et universités.

De nombreuses espèces sont en voie d’extinction : « La recherche est essentielle, il faut appliquer les politiques de conservation et impliquer la société pour la protection, sans cela, il sera très difficile de protéger et de conserver les populations de mammifères marins », a déclaré Carla A. Chicote, coorganisatrice du congrès et responsable de la recherche bioacoustique (Submon).

Surpêche, pollution,s mais aussi problème de désoxygénation qui se propage à travers les océans de la planète. Il y a maintenant 700 sites marins dans le monde qui sont touchés par de faibles niveaux d’oxygène. Le volume des eaux anoxiques (totalement privées d’oxygène) a quadruplé entre 1960 et 2010. Si rien n’est fait pour inverser la tendance actuelle, nous pouvons nous attendre à ce que les océans perdent entre trois et quatre pour cent de leur oxygène d’ici 2100, selon les chercheurs.

Il faut mettre fin à la surpêche ! « Une action rapide et réalisable qui restaurera les populations de poissons, créera des écosystèmes océaniques plus résilients, réduira la pollution par le CO2… », explique Monica Verbeek, directrice exécutive du groupe Seas at Risk.

La prise en charge des cétacés échoués vivants se fait également dans de nombreux pays. Des évaluations de la santé sur le terrain et des traitements sont mis en place dans les centres de protection pour augmenter les chances de survie après la libération. Des satellites temporaires sont utilisés afin de les suivre près de deux mois après le sauvetage. Il y a beaucoup de réussite en ce sens. Il existe un peu partout des centres de sauvetage où la pédagogie est mise en avant, où la transparence est importante,. Cela responsabilise le public.

En France, c’est un peu plus timide, selon une Française présente au World Marine Mammal Conference. Il semblerait que sur les milliers d’échouages de cétacés l’hiver dernier, pas un animal n’aurait pu survivre…. Le seul pays dans le monde dans ce cas… On ne sait pourquoi ….

Mais à l’heure où j’écris ces lignes, hier, justement, encore un dauphin s’est échoué vivant sur la plage de Soustons. Sans structure d’accueil, il a fallu remettre l’animal épuisé dans l’océan déchaîné. Il reste encore beaucoup de choses à faire pour la protection et la conservation des mammifères marins.

Résumé de la World Marine Mammals Conference : l’important, c’est de s’unir, d’étudier, d’évoluer, d’informer et de confirmer les paroles par des actions.

Deux exemples de belles initiatives…

– Le Dr Louisa Shobhini Ponnampalam, une écologiste  qui a commencé ses études en sciences marines à l’Université d’Hawaï à Hilo, Hawaï. Elle a poursuivi son doctorat à la station de biologie marine de l’Université à Millport, en Écosse, pour la recherche de petits dauphins dans la mer d’Oman. Louisa est également membre du groupe de spécialistes des cétacés de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN et a été nominée en 2014 pour le prestigieux Pew Fellowship in Marine Conservation. Membre fondatrice du Malaysian Marine Mammal Stranding Network, elle espère former des chercheurs locaux qui seront la prochaine génération d’ambassadeurs pour la conservation des mammifères marins et de l’environnement marin en Malaisie.

– Le Dr Wang Ding travaille pour une sous-espèce d’eau douce de marsouin sans dorsale (Neophocaena phocaenoides) qui vit dans le fleuve Yangtzé et les lacs Poyang et Dongting (Chine). En raison de l’activité humaine sur le fleuve, y compris la pêche excessive et illégale, la pollution, le transport et la construction de barrages, la population de marsouins du Yangtsé a diminué dangereusement au cours des dernières décennies. Pour sauver cet animal unique de l’extinction, le Dr Wang Ding a pris trois mesures : la conservation in situ, la conservation ex situ et l’intensification de la recherche sur la reproduction en captivité. Après neuf ans de travail sur la conservation en milieu captif, le premier marsouin Yangtzé y est né avec succès le 5 juillet 2005. Un mâle d’une longueur de 69 cm. Il s’agit du premier cétacé d’eau douce jamais né en captivité. Il a pu être introduit dans le milieu sauvage. Ces efforts sont attendus pour établir une colonie durable ce qui non seulement élargira considérablement les connaissances sur la biologie de cette espèce, mais aidera également à peupler la population sauvage grâce à une introduction douce et annuelle dans son milieu d’origine.