Le ton du secrétaire général de l’ONU est volontairement sombre et pessimiste : « Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature », a exhorté Antonio Guterres, à la veille de la COP 25 qui se tient du 3 au 13 décembre à Madrid.
par Olivier Nouaillas
Et d’ajouter : « Depuis des décennies, l’espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup ». Les dernières chiffres rendus publics par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sont particulièrement inquiétants. Tous les clignotants sont, en effet, au rouge.
Après avoir qualifié la période 2009-2019 comme « une décennie perdue », le PNUE note que pour maintenir le réchauffement à 1,5 ° C – l’objectif de l’Accord de Paris conclu lors de la COP 21 en 2015 – il faudrait que les 196 pays signataires réduisent de 7,6 % par an leur émissions de gaz à effet de serre alors qu’ils ont encore augmenté de 3,2 % en 2018, avec un record historique de 55,3 milliards de tonnes de CO2 émis ! Des chiffres tirés vers le haut par la Chine, le pays le plus émetteur, qui malgré un développement rapide des énergies renouvelables, continue d’investir dans des centrales à charbon.
Et, sans surprise, les prochaines statistiques de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) vont certainement classer 2019 dans le top 5 des années les plus chaudes jamais connues par la planète Terre. Conséquence, au rythme actuel, la température mondiale pourrait augmenter de 3,9 ° C d’ici 2100, ce qui entraînerait, selon le PNUE, « des impacts climatiques vastes et destructeurs ». Avec des parties du globe totalement inhabitables quand d’autres seront également submergées par la montée du niveau de la mer…
Pourtant, malgré à la fois cette urgence climatique et la montée des mobilisations de la jeunesse à travers le monde, il ne faut pas attendre – hélas – grand chose de cette COP 25. Tout d’abord, parce que initialement prévue au Chili et annulée au dernier moment à cause de la dégradation de la situation sociale, elle a été transférée en toute hâte à Madrid en Espagne. Ce qui a nui à sa préparation, obligeant notamment de nombreuse ONG du Sud à y renoncer à participer. Mais surtout parce que une clause de l’accord de Paris, si elle prévoit que les Etats signataires doivent revoir à la hausse leurs ambitions en cas de dérapage des émissions (ce qui est le cas) il leur donne un délai cinq ans pour le faire. Et cela sur la base du volontariat, sans obligation juridique contraignante. D’ailleurs, pour l’instant, seulement 60 pays, généralement de petite taille et qui ne représente que 8 % des émissions mondiales, se sont engagés à revoir leur engagement à la hausse. Même l’Europe, pourtant généralement en pointe dans les négociations climatiques des différentes COP, n’a pris, pour le moment, aucun engagement sur ce point crucial. Sans parler de la volonté maintes fois réaffirmée des Etats-Unis de quitter l’accord de Paris.
Cet accord ayant été signé fin 2015, cela nous conduit fin 2020, c’est à dire à la COP 26 prévue en novembre à Glasgow en Ecosse. Au moment même, où les Etats-Unis rééliront ou pas Donald Trump, celui qui a pris la tête, avec le brésilien Bolsonaro, d’une coalition dangereuse, pour ne pas dire suicidaire, de pays ouvertement climato-sceptiques. Autant dire, que tout concourt à ce que la COP 26 à Glasgow, une ville connue pour son climat pluvieux, soit une des dernières chances pour limiter le réchauffement climatique et ainsi éviter le pire.
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