par Dominique Martin Ferrari |
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Ce devait être la première « COP bleue ». Même si l’océan aura une place prépondérante dans les réunions annexes, ce vœu chilien risque de passer aux oubliettes vu l’état du monde au jour où s’ouvre la rencontre mondiale.
Prévue à Santiago du Chili, la COP 25 se déroulera finalement à Madrid et ouvre ses négociations du lundi 3 décembre jusqu’au 15 décembre.
Madrid a réagi d’une manière extraordinairement rapide. Teresa Ribeira, ancienne directrice de l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales) et désormais ministre de l’environnement espagnole, dont on connaît la forte mobilisation pour le climat, n’est sans doute pas étrangère à ce sauvetage de dernière minute. « Un miracle ! » pour Paul Watkinson, président de l’organe subsidiaire du conseil scientifique des COP, que nous avons récemment rencontré à Paris. Il émet cependant un bémol : « ce ne sera pas une COP comme les autres; la société civile des pays du Sud rencontrera plus de difficultés pour y participer et l’Europe domine l’organisation de ces conférences depuis quelques années déjà. »
Les négociations de Madrid devraient d’abord compléter la mise en œuvre juridique de l’accord de Paris, pratiquement finalisée en Pologne l’an dernier.
Ensuite, elles devraient fixer les règles du jeu de la COP 26 qui se tiendra à Glasgow l’an prochain, et qui sera fondamentale.
La COP 25 : intermédiaire mais importante
2020 a été fixée effectivement comme étant une date symbolique. A cette date, les Etats doivent revoir leurs engagements (- 7,6 % par an jusqu’en 2030) car pour l’instant nous sommes très largement au dessus des seuils annoncés pour rester à + 2 ° C.
Seuls 68 pays sur 193 ont promis de revoir à la hausse leurs engagements et ils ne représentent que 8 % des émissions mondiales. 2050 doit sonner le temps du zéro carbone, il y a fort à faire d’ici là, donc il faudra s’engager plus et peu de pays y sont prêts en ce mois de décembre 2019.
Outre revoir à la baisse les émissions, un autre débat décisif doit émerger, celui qui tourne autour de l’article 6 de l’accord de Paris. Selon cet article, en 2020, Glasgow doit décider de l’organisation des mécanismes de marché et de non marché, savoir comment vont être comptabilisés les échanges. Les pays développés préfèrent se mobiliser sur cette question financière plus que sur un nouvel engagement d’atténuation et se mettent un peu entre parenthèses cette année.
Comment va s’organiser ce marché ? La réduction des émissions génère un crédit carbone, selon le protocole de Kyoto qui arrive en fin de période. Cette comptabilité s’opérait selon un mécanisme différencié entre pays émetteurs (le Nord) et pays touchés (le Sud). Mais depuis la signature du Protocole en 1995, Chine, Brésil, Afrique du Sud, Chili…. sont devenus à leur tour fortement émetteurs. Il faut donc revoir le mécanisme et le Brésil y est fortement opposé, tandis que l’Amérique latine persiste dans un refus idéologique du marché, et que le groupe des petites îles (AOSIS) et l’Afrique restent très exigeants en termes d’atténuation globale. L’assemblée n’est donc pas au diapason, même si tout le monde est d’accord pour mettre en œuvre un marché du carbone.
Collaborer à l’adaptation
Tout ne sera pas conflictuel. Pendant qu’ils discutent de renforcer leurs engagements (NDC) et de l’organisation du marché carbone, les Etats vont collaborer à répondre à ce que le mécanisme de Varsovie a mis en évidence : il y a des impacts climatiques au delà desquels on ne sait plus s’adapter, où l’on ne peut plus reconstruire, où il convient de déplacer les populations et de prévoir des compensations. La culture du risque, l’apprentissage de la résilience, l’adaptation avec ses trois volets (connaissance, coordination, action) doivent trouver dans les rapports du GIEC des propositions. « Que fait-on de l’information? » questionne Paul Watkinson. « C’est un langage fleuri fort, mais qui ne change rien. Il faut trouver des méthodes, des outils pour intégrer les propositions aux politiques, notamment européennes, lancer un cycle de réadaptation, écouter la science pour en faire du politique ». On attend beaucoup sur ce sujet l’Union Européenne, dont la nouvelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dévoilera la 12 décembre son « green deal », après avoir déjà déclaré l’UE en état d’urgence climatique et en ayant annoncé un fonds de transition.
Plusieurs membres des JNE seront présents à Madrid pour couvrir la COP 25 pour leurs médias respectifs. Nous mettrons en ligne les liens vers leurs sujets, ainsi que d’autres articles dignes d’intérêt sur les négociations, via les comptes Facebook et Twitter des JNE.
A lire : Une course de lenteur pour sauver la Terre, article de Audrey Garric publié sur le site du Monde.
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