Ne pouvant être présente à la journée d’études et à la fête organisées pour le 50e anniversaire des JNE, l’ancienne présidente de notre association nous a envoyé ce texte.
par Nicole Lauroy
C’était comment il y a cinquante ans ? Ou même trente ans ?
Les écolos étaient considérés comme de doux rêveurs nostalgiques de l’âge de pierre, protecteurs des petits oiseaux et autres bestioles, amoureux de la nature idyllique et du ciel bleu, bref, de gentils poètes en décalage complet avec une ère où l’informatique commençait à s’imposer.
Bref, des adeptes du retour en arrière… quand régnaient les famines, la peste et le choléra !
Des nostalgiques qui contestaient les bienfaits du monde moderne responsable de l’appauvrissement des ressources, de la déforestation à tour de bras, des pollutions dues, entre autres, à la bagnole reine. Bref, de doux dingues, pas très méchants, et en tous cas inoffensifs, qui faisaient sourire les gens dits intelligents. Dans mon journal, j’ai mis pas mal de temps à faire accepter des sujets autres que ceux dépeignant une nature idyllique et jamais réussi à faire passer une enquête sur le nucléaire.
Et puis, peu à peu, les choses ont changé.
Pollution atmosphérique, embouteillages, cancers… Disparitions des espèces et des espaces sauvages (d’où l’organisation par les JNE en 1991 d’un grand colloque à la Sorbonne : « Quel avenir pour la faune sauvage ? »).
Avec le temps, il a bien fallu admettre que la fuite en avant nous conduisait dans le gouffre et tout simplement à la fin de l’espèce humaine sur terre. La nature, elle, s’en remettrait, mais dans quel état ?
Il devenait urgent d’effectuer un rétro-pédalage. Non pas de revenir en arrière, mais d’opter pour une forme de civilisation moins gourmande et moins dépensière en ressources. Cela paraît évident ? Il fut une époque où l’on puisait sans vergogne dans des ressources que l’on croyait inépuisables, où l’on traitait les écolos de doux dingues : c’est celle que j’ai vécue.
Vous en vivez une autre. Plus riche de perspectives, plus raisonnable, plus soucieuse d’autrui. Et surtout, plus inventive dans le domaine du bonheur personnel qui n’est pas d’acheter toujours plus de gadgets inutiles mais d’opter pour une autre forme de civilisation moins gloutonne. C’est fou ce que les initiatives et expériences des autres peuvent nous enrichir. A vous de les faire connaître. Il y a tant de choses à dire et à faire connaître. Tant de reportages et enquêtes à mener pour révéler les initiatives bonnes pour la planète. Et tant de vigilance à conserver pour dénoncer les tricheurs.
Bonne chance et longue vie aux JNE.