Réenchanter le monde par une culture de la Beauté par Roland de Miller

Dans le prolongement de notre Congrès du 50e anniversaire, un adhérent de la première heure des JNE nous livre un bilan critique de la réflexion et de l’action écologiste, une analyse des écueils à éviter et un aperçu des perspectives d’avenir.

 

Rapport au Congrès des JNE pour le Cinquantenaire de l’Association JNE

1. Où allons-nous ?

Comme le disait l’un de nos illustres adhérents, Pierre Fournier, fondateur de La Gueule Ouverte, décédé prématurément en 1973, « où on va ? j’en sais rien mais on y va ! ». On y va … droit dans le mur !

Les membres des JNE sont-ils outillés pour comprendre l’évolution de leur association depuis 50 ans ? C’est pour les aider que j’esquisserai ici :

– un bilan critique

– une meilleure conscience des écueils à éviter

– des perspectives d’avenir.

Il convient d’abord de rappeler la distinction entre l’Écologie superficielle (avec ses quatre dimensions : scientifique, militante – l’environnementalisme, politique et pratique) et l’Écologie profonde (qui interroge nos croyances et recherche les causes idéologiques, culturelles et religieuses de la destruction de la nature). Même s’il serait plus juste de parler d’« écologisme », il serait dangereux de réduire l’Écologie à une seule de ses composantes, comme le voudraient ceux qui n’ont aucune mémoire et qui veulent l’effacer.

2. Les limitations de l’environnementalisme

L’Écologie ne fait pas encore partie de la Culture en France.

Les écologistes n’ont pas suffisamment pris la mesure de la volonté gouvernementale de saborder systématiquement toutes les institutions favorables à la Nature et à la biodiversité, tout en proférant un brouillard mensonger pour « faire croire » que l’on va protéger la Nature. Le projet de réduction drastique des pouvoirs du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et l’intégration de l’ONCFS à l’Agence Française de la Biodiversité sont deux exemples majeurs de la normalisation totalitaire des institutions françaises. Autre exemple, l’ANSES apporte une caution criminelle aux pesticides. Pour le gouvernement, trop de biodiversité nuit à la croissance. Et il s’agit donc d’imposer à tout prix un rapport de force favorable à la chasse, c’est-à-dire à la guerre de chacun contre tous.

Dans la pratique, la parole n’identifie plus l’authenticité et la probité de la personne. Il y a tellement d’opportunistes, de menteurs, d’hypocrites et d’égos démesurés que souvent la cause qu’ils prétendent défendre est trahie et travestie. On a maintes fois dénoncé ce manque de cohérence entre les paroles et les actes.

À vrai dire, le cri véritable de l’Écologie ne peut percer qu’en dehors du terrain politique classique qui est un terrain miné. Car aujourd’hui, à mes yeux, l’enjeu écologique majeur n’est pas seulement le climat, la biodiversité, l’eau ou l’énergie, il est surtout humain, il est dans la sincérité, la probité et la cohérence de ceux qui prétendent s’en occuper. Combien de fois a-t-on vu des parvenus prétentieux qui n’ont aucune expérience donner des leçons sur ce que doit être ou ne pas être l’Écologie ! Et quand cela vient de la classe politique c’est particulièrement intolérable. Mais c’est le sens de la Beauté – ou son absence – qui fait la différence. Si le risque est grand pour chacun de devenir « un dictateur bio », comme le dit Pierre Rabhi, ou dirai-je un accro du numérique, ce sont les valeurs éthiques et esthétiques qui, solidement formulées, permettraient d’arrêter l’escalade du totalitarisme. Mais la plupart des accros du pouvoir ne le souhaitent pas !

Les actions de l’État et des collectivités territoriales vont souvent à l’encontre des mesures de bon sens pour prévenir ou atténuer les conséquences du réchauffement climatique. Combien de municipalités continuent d’abattre des arbres d’alignement qui maintiennent la fraîcheur en ville alors que d’autres, au contraire, ont compris et font des efforts de végétalisation ! Loin de respecter le droit de l’environnement, l’État corrompu attaque même en justice les protecteurs de la nature ! Pour toute une série de projets inutiles, on constate que les autorités s’entêtent dans leurs projets et s’enferrent dans leurs contradictions entre de beaux discours et des travaux décidés sans concertation et qui doivent continuer coûte que coûte. C’est pourquoi devant le manque de dialogue, les luttes sur le terrain se radicalisent.

Les limitations de l’environnementalisme viennent aussi des militants eux-mêmes qui ne remettent pas en question les vieux schémas de pensée. Face aux urgences de toutes parts, le combat écologique repose sur une poignée de militants déterminés mais débordés, peu nombreux et inorganisés. Beaucoup, surtout, sont dénués de la culture qui leur permettrait de surmonter les affres du militantisme. Ils ont en face d’eux des saccageurs, des massacreurs, des bétonneurs, des assassins de la Terre, des menteurs et des escrocs, des crapules sans foi ni loi qui seront jugés pour leurs forfaits !

Le mouvement écologique devra tenir compte des analyses de fond de la société française formulées au moment de la crise des Gilets Jaunes en France et des Marches pour le Climat qui ont eu lieu dans le monde entier.

Le cerveau humain est ainsi fait que les comportements addictifs (tabac, alcool, vitesse, violence, portabliomania, égoïsme, grégarisme, anthropocentrisme…) rendent hélas la majorité des Français incapables de comprendre et d’agir face aux urgences écologiques et climatiques (2). La minorité consciente et active dont nous faisons partie ne doit pas masquer la majorité passive et inerte, prise comme par une hypnose collective.

Cependant, on reste encore là dans l’environnementalisme superficiel et le social ; les finalités existentielles concernant les rapports de l’humanité et de la nature, esquissées de longue date par des pionniers comme Henry-David Thoreau, John Muir, Aldo Leopold, Robert Hainard, Théodore Monod, Arne Naess et Fritjof Capra (entre autres), restent encore peu entendues. A fortiori oublie-t-on les voix des femmes : George Sand, Rachel Carson, Françoise d’Eaubonne (3), Wangari Maathai, Catherine Larrère, Carolyn Merchant … qui ont souvent remis en cause la vision patriarcale de domination. Au contraire, plus la vision profonde des relations de l’Homme et de la Nature, de l’Homme et de l’Animal sera claire et historicisée, plus vite elle sera manifestée et largement partagée. Si l’on se souvient de ce qui faisait vibrer ne serait-ce que les adhérents illustres des JNE, c’est-à-dire notamment Jean Dorst, Pierre Fournier, Teddy Goldsmith, François Terrasson, Pierre Samuel et Marguerite Yourcenar, on est bien obligé de considérer leurs intuitions essentielles comme relevant de l’Écologie profonde.

Dépassant le simple catalogue des cris d’alarme et des mesures de défense de l’environnement, celle-ci est porteuse d’une vision du monde qui se situe en rupture, parfois radicale, avec les idéologies dominantes. J’ai donc moi aussi toujours considéré primordial de travailler non pas sur les sujets superficiels mais sur ce qui bloque l’impératif écologique, c’est-à-dire les questions psychologiques, sociologiques et culturelles. Nous avons suffisamment de recul depuis les années 1970 pour acquérir une certaine sagesse : « il faut apprendre à surmonter le sentiment d’impuissance qui nous menace » (Isabelle Stengers).

Au 34e Festival International du Film Ornithologique (FIFO) de Ménigoute (30 octobre -4 novembre 2018) par exemple, je suis allé interroger les motivations et mesurer le degré de conscience écologique profonde des ornithologues, naturalistes et protecteurs de la nature. En général, à part quelques rares individus conscients de la globalité des problèmes, j’ai été très déçu de manière récurrente par le manque de profondeur et la superficialité de ceux qui sont censés défendre la Nature en France. Ils se sont concentrés sur certaines espèces emblématiques et ont oublié la nature ordinaire qui disparaît elle aussi. Et surtout ils sous-estiment la puissance contre-éducative et écrasante de la société de consommation.

Les naturalistes hyperspécialisés sont de bons techniciens mais seulement des techniciens. Quelle place accordent-ils au sentiment de la nature ? La combativité des associations de protection de la nature en France a beaucoup diminué ces dernières années. La réflexion de fond sur les principes et les objectifs de la protection de la nature est très généralement écartée au profit d’une attitude « pragmatique » d’accompagnement des projets destructeurs, inutiles et coûteux et au profit d’une recherche de contrats d’études qui permettront de payer les salariés. C’est ce que dénonce Pierre Grillet, dans les Deux-Sèvres : « La protection de la nature se nourrit de sa destruction. Aujourd’hui, c’est la destruction qui finance les actions de protection et par conséquent les associations (au moins pour les plus importantes) ».

J’ai eu maintes fois l’occasion de constater cette frilosité et ces dérives des écologistes, non pas seulement dans le combat mais surtout dans la pensée, incapables qu’ils sont de s’ouvrir à des dimensions transcendantes, aux nouvelles frontières de la science, à la culture artistique, aux exigences de l’éthique et de la philosophie, à l’écoféminisme, aux alertes concernant la corruption et la militarisation de la science. Cela remet en cause le sens et la pertinence même de notre combat qui sera vain s’il n’est pas assorti d’un regard sur nos motivations et sur nos propres turpitudes.

Ainsi, il est regrettable que l’écologie environnementale passe trop souvent sous silence l’écologie de la santé, pourtant incontournable dans une approche globale tentant d’inscrire une cohérence entre notre environnement « intérieur » et « extérieur », retrouvant ainsi le lien d’interdépendance du monde vivant. Il y a donc là une grave perte de synergie et de transversalité. Car sans une alliance stratégique avec les mouvements de santé naturelle contre la technocratie, le mouvement écologiste ira vers l’échec. Mais cette alliance est déjà un peu ce qui se passe avec le végétarisme et l’engagement écologique des femmes (très actives aux JNE !).

Les écologistes n’occupent pas toute la place qu’ils devraient occuper parce qu’ils n’ont pas su écologiser la Culture ni capitaliser la mémoire de leur mouvement (4). L’étroitesse du moule gauchiste où ils se confinent trop souvent et l’incapacité de sortir des clivages partisans y sont certainement pour beaucoup. Cela ne veut pas dire que l’écologie politique n’ait pas apporté des progrès. Mais comme on a besoin de la Nature pour se ressourcer personnellement, on a aussi besoin de la Culture pour résister au totalitarisme technocratique.

3. Renouveau de la pensée écologique

Heureusement, la pensée écologique est en train d’être renouvelée en profondeur par quatre courants importants qui me semblent capables de bouleverser la culture dominante :
1) la réflexion sur le dérèglement climatique, la biodiversité et l’anthropocène,
2) la collapsologie et la réflexion sur l’effondrement de la société occidentale,
3) l’écoféminisme, avec notamment Émilie Hache (5), Pascale d’Erm (6), Laure Noualhat (7), Mona Chollet (8), Vicki Noble (9) et Odile Chabrillac (10),
4) la réflexion sur la cause animale, avec notamment des femmes comme Lamya Essemlali, Florence Burgat, Corine Pelluchon, Christine Kristof, Valérie Cabanes, Valéry Giroux, Virginie Maris et Élisabeth de Fontenay. Il nous importe d’assumer pleinement ces nouveaux courants porteurs d’avenir.

Évoquant ce renouveau intellectuel induit par la crise écologique et climatique, Philippe Descola, anthropologue au Collège de France, est formel : « Nous sommes au seuil d’un mouvement du même ordre d’ampleur que ce qu’ont accompli les penseurs des Lumières au XVIIIe siècle ». Pour Baptiste Lanaspèze, fondateur des éditions Wildproject il y a dix ans, la multiplication actuelle des livres sur l’écologie et l’explosion des « humanités écologiques » viennent chambouler les séparations traditionnelles entre les disciplines. En effet, il nous faut penser la complexité et l’interdisciplinarité. Mais il y a un fossé affligeant entre les perspectives ainsi offertes et les minables bassesses de la politique gouvernementale en matière d’environnement. La vague écologiste submerge les consciences mais notre gouvernement conservateur ne sait pas et ne veut pas en tenir compte.

4. Faire face à la montée de la violence

Quel est le ressort profond de toutes les dictatures actuelles (Turquie, Brésil, Russie, Chine, Pakistan, Indonésie, Libye, Nigéria, Corée du Nord, etc.) et de la montée des mouvements d’extrême-droite, donc de la violence (Espagne, Italie, France, USA, Hongrie, etc.) ? C’est l’affirmation arrogante de la domination masculine associée à la puissance économique et démographique aux dépens des catégories d’êtres dits inférieurs. On y retrouve toujours le culte de la force, l’encouragement de la violence, l’antiféminisme, l’exclusivisme et le dégagisme à l’égard de l’Autre dévalorisé (l’étranger, le migrant, la femme, la nature, le sauvage, les « nuisibles », les « gêneurs », etc.). L’accroissement de la puissance économique et industrielle est toujours invoqué pour affirmer son identité.

Ce modèle occidental de domination économique et patriarcale s’est répandu dans le monde entier. Ces éléments, et notamment les revendications des chasseurs et/ou de l’agrobusiness, me semblent déterminants dans la construction politique de la haine dans les différents pays cités. Le dictateur machiste du Brésil qui veut mettre en culture l’Amazonie, tuer les Indiens et asservir les femmes n’en est que l’exemple le plus récent. On est devant ce que la féministe radicale Silvia Federici nomme le « capitalisme patriarcal » (11).

La France se bétonne et s’enlaidit à une vitesse effarante malgré les cris d’alarme depuis des décennies. On ratiboise et on éradique tout ce qui peut nous relier à un autre plan (poétique ou spirituel), à commencer par les arbres des villes suffocantes. Et là où subsiste encore une nature à peu près sauvage les agriculteurs et les chasseurs prennent des positions fanatiques et violentes anti-loups, anti-ours ou anti-lynx. Il n’y a pas loin de la chasse à la chasse aux sorcières : dans son superbe film La Vallée des loups, Jean-Michel Bertrand rappelle avec raison que les assassins des loups sont « les héritiers directs des brûleurs de sorcières ». Les racines de la violence sont là, il y a longtemps que l’Écologie profonde l’a montré.

5. Désacraliser la Science et la Technique

Annie Thébaud-Mony a décrit, dans son livre La Science asservie (12), les collusions mortifères entre industriels et chercheurs au détriment de la santé publique. Sylvie Simon a montré comment la médecine de bon sens se heurte constamment au harcèlement administratif de la « nouvelle dictature médico-scientifique » (13).

Actuellement, avec l’hyperspécialisation qui favorise le monopole de la technoscience, dans les sciences exactes, rares sont ceux qui ont à la fois la culture générale, la vision éthique et le poids politique nécessaires pour intégrer la complexité de tous les paramètres et orienter la recherche vers des décisions qui ne soient pas technoscientistes. À part quelques-uns comme Hubert Reeves, Jacques Testart, Christian Vélot ou Boris Cyrulnik, la plupart des scientifiques actuels sont devenus austères, dogmatiques et soumis parce qu’ils ont évacué l’âme de la science. Ceux qui restent indépendants et honnêtes sont bridés dans la diffusion de leur savoir par l’obscurantisme scientiste.

La plupart des naturalistes français se cramponnent encore à une conception étroite et réductionniste de « La Science » et à une vision restrictive de la réalité, rejetant dans la « philosophie » tout ce qu’ils ne savent pas expliquer « scientifiquement ». Les mots de « sacré » et de « spiritualité » n’entrent pas dans leur vocabulaire. Pourtant, de grands scientifiques comme Einstein, Capra, Sheldrake, Chauvin, Reeves … ont assez dit qu’on ne pourra pas établir une nouvelle éthique dans le cadre de « La Science » impérialiste et arrogante et que celle-ci doit être entièrement révisée sur des bases nouvelles. Tous les naturalistes ne tombent pas uniformément sous le coup de ma critique. Par exemple Jean-Claude Génot, auteur de nombreux ouvrages, et Pierre Grillet sont très ouverts à l’écologie profonde.

Il y a déjà longtemps que l’édifice de « La Science » non seulement se lézarde mais vole en éclats ! Auto-critique de la science (1973) (14) et Technocritiques (2016) (15) sont deux ouvrages majeurs qui ont jalonné l’histoire de la pensée écologique. Les écologues ne peuvent plus se prétendre « scientifiques » sans se démarquer honnêtement d’un certain nombre d’imposteurs qui cautionnent la politique gouvernementale en matière de protection de l’environnement, de santé publique, d’obligation vaccinale, d’énergies propres, etc. Les écologistes ne peuvent plus se faire complice de l’obscurantisme pseudo-scientifique. Penser profondément l’écologie, à la croisée des sciences, des arts et des luttes, nécessite des années de maturation sensible et intellectuelle.

La mentalité technicienne et le totalitarisme technicien qui président au monde artificiel des objets connectés (pour distraire le troupeau !) nous empêchent de développer la sensibilité nécessaire à la communication avec le monde naturel et spirituel : tout nucléaire, tout numérique, tout automobile, tout plastique, tous vaccinés, tous manipulés…Voilà ce qui nous est imposé derrière les discours mystificateurs. L’écran froid des ordinateurs ne fait pas buvard à nos émotions. Comment amener les êtres à développer leur intelligence intuitive et émotionnelle dans un contexte de matraquage médiatique autour de l’« intelligence artificielle » (qui sert avant tout des intérêts commerciaux et militaires !) ? C’est ce que les Français dans leur majorité n’ont pas encore compris ou ne veulent pas comprendre parce que le déni de réalité est très fort.

Les puissants sont persuadés que la Technique (au sens où l’entendait Jacques Ellul) les sauvera de la catastrophe écologique. Le techno-solutionnisme et la mentalité technicienne sont le plus grave fléau : à cause d’eux une partie du public est devenue indifférente à la destruction de la Nature. Ou elle ne veut surtout pas ressembler aux écologistes diabolisés comme des « extrémistes ». Des journaleux climatosceptiques traînent dans la boue les lanceurs d’alerte sur le climat ou les pesticides qu’ils fustigent de « charlatans de l’écologie » et font ainsi le jeu de la dictature technoscientifique qui se met en place. C’est pourquoi la lutte contre la désinformation (par exemple l’intox pro-glyphosate) me semble rester un objectif majeur.

Il faut bien distinguer la motivation économique de la mise en valeur des ressources naturelles et le véritable sentiment de la nature. On a tendance à confondre les deux pour dire que l’intérêt du public pour la nature augmente, ce qui à mon avis est complètement faux. La grande majorité des Français ne sait pas et ne veut pas s’engager dans la protection de la nature (16) parce que cela ne leur parle pas et qu’ils ne voient pas l’intérêt de s’y engager (ou même ils ont peur d’entrer dans des « sectes »). Il ne faut pas s’étonner que d’une part le mouvement associatif soit aussi faible en France et que d’autre part l’on ait donc de plus en plus de mal à éveiller un authentique sentiment de la nature. Parce que l’addiction au virtuel et à la Technique, véritable religion populaire, est de plus en plus forte et écarte tout le reste. La France est l’un des seuls pays européens où le taux de mobilisation écologique des citoyens est aussi bas et le taux de décision technocratique aussi élevé. C’est l’une des raisons pour lesquelles la violence policière est aussi l’une des plus élevées.

Comme le démontre mon ami Pierre Rabhi, il n’y aura de « sobriété heureuse » qu’avec une volonté ferme à chaque instant de freiner cet emballement technologique. Désacraliser la Technique exige de reconnaître le besoin humain fondamental de sacré, mais la plupart des matérialistes se refusent à cette évidence. Ils foncent les deux pieds dans le même sabot et la tête la première dans l’emballement et l’escalade technologiques alors que la société occidentale risque de s’effondrer d’ici quelques années dans le chaos justement à cause de cette hypertrophie du cerveau rationnel. Les matérialistes sont donc incapables de se prémunir contre les dangers d’une culture uniquement économique et financière.

6. La prétendue révolution numérique

Je suis effaré de voir l’immense régression mentale des Français addicts de leur téléphone mobile et d’Internet : leur dépendance technologique aveugle aboutit à un désastre culturel, humain et écologique. Le téléphone mobile est un facteur majeur de dépendance, de perturbation mentale et de déstabilisation culturelle, c’est-à-dire « une arme de destruction massive » selon le groupe anti-nanotechnologies Pièces et Main d’Œuvre (Grenoble). Destruction massive de la culture au profit d’un faux lien social ! Gadget-écran entre le monde et nous ! Il ne peut plus y avoir de progrès social sans faire cette remise en cause pour restaurer des limites et remettre l’humain, le sensible et le féminin au centre de la société. Le bonheur et la joie ne s’achètent pas avec de l’argent ni par des clics sur Internet.

Les medias mainstream nous enfument avec des discours rassurants occultant les tragédies aux quatre coins du monde. Dans l’état actuel de la propagande technophile, malgré leurs vœux pieux, les Français sont incapables d’amorcer une vraie révolution écologique, a fortiori une dissidence radicale à l’égard de l’idéologie technicienne.

L’obsession du numérique est une perversité infantile qui a tendance à gommer la mémoire du mouvement et de la pensée écologiques. Si l’on prend en considération l’épuisement des ressources naturelles et notamment des métaux rares, si d’autre part l’on a confiance dans les intuitions de base des écologistes profonds comme Henry-David Thoreau, John Muir, Aldo Leopold, Lynn White, Robert Hainard, Théodore Monod et Arne Naess, il est permis de voir la « révolution numérique » comme un barrage à la « révolution écologique » : la première donne au capitalisme une rallonge de temps, elle n’est que de l’intox pour faire durer l’aliénation capitaliste.

Les addicts des réseaux sociaux se moquent pas mal de maintenir une culture, une éthique et les droits humains : la fascination de l’outil technique prime sur tout le reste ! La folie du tout numérique accentue donc la fracture sociale entre ces fanatiques du progrès technologique et les laissés-pour-compte attachés à la défense des valeurs naturelles, humaines et morales. Cette folie favorise les mouvements extrémistes et populistes.

La « culture numérique » (Dominique Cardon, 2019) est à mes yeux un virus insidieux qui s’est répandu auprès d’une grande majorité de Français qui ne peuvent plus s’en passer. Mais cette culture numérique est tellement exclusive et désarmante (pas au début !) qu’elle aura finalement raison de la culture écologiste et de la culture générale. Elle est tellement vorace en énergie au niveau mondial qu’elle nous obligera un jour à choisir entre cette gabegie illimitée et l’eau, la vie, l’air, le climat. La culture numérique vise à supplanter le livre papier considéré comme une vétusté non performante dans la course effrénée à l’information.

Il n’y a que des fascinés de la Technique (surtout des hommes !) pour croire encore que, par exemple, les réseaux sociaux véhiculent moins la haine que la solidarité et que les élans d’amour y sont majoritaires. Il faut vouloir fortement la coopération et l’entraide ; les femmes y sont naturellement plus prédisposées parce qu’elles saisissent mieux les liens entre les deux lobes du cerveau. Les valeurs masculines de domination et de compétition (qui donnent toute priorité à la Technique) poussent davantage au conflit qu’à la coopération.

Voilà un avertissement que l’on doit prendre très au sérieux dans nos métiers de la communication. Il ne faut pas oublier que tous les opérateurs de téléphonie, tous les serveurs, fournisseurs d’accès, plates-formes informatiques et autres serviteurs d’Internet que nous utilisons à chaque instant sont des brigands et des assassins financiers ; ils sont conçus pour ne respecter aucune limite à leur développement et donc pour épuiser la planète. Le plus souvent les consommateurs se moquent pas mal de combien coûte en énergie l’envoi électronique d’une simple photo. Il ne faut pas faire semblant de ne pas le savoir sans quoi on serait dans la schizophrénie totale. Les zombies qui ont les yeux rivés sur leur téléphone vont rejoindre tant ceux qui se font déjà « pucer » pour entrer dans certaines boîtes de nuit ou entreprises, que ceux qui vont jouer avec les véhicules soi-disant « autonomes », mais en fait énormément énergivores. Bien réel est le danger de l’homme « augmenté » que veulent les transhumanistes ! Le grand combat de l’avenir ne serait-il pas entre la robotisation et la spiritualisation ?

8. Déculturation générale

La déculturation, la paupérisation culturelle et économique sont une menace pour la démocratie. Au moment même où nous pourrions accéder à un prodigieux capital de connaissances et de sagesse, la perte de la curiosité et des valeurs morales réduit les individus à n’exprimer plus que des pulsions primaires, quotidiennement encouragées par la publicité et le commerce.

Celui qui ne s’intéresse à rien ne fait pas preuve de libre arbitre ni de discernement ; il est la proie idéale pour tous les manipulateurs. La dictature technofasciste augmente donc en proportion du délabrement de la culture (noyée dans le divertissement) et de l’abrutissement généralisé. Ainsi il n’y a plus d’effort financier en faveur des bibliothèques qui sont de moins en moins fréquentées, les services culturels des communes ou des parcs nationaux sont remplacés par des services « animation » et les émissions de télévision de toutes les chaines sont devenues d’une imbécillité effarante.

La Nature et la Culture régressent partout simultanément, mais même les naturalistes ne lisent plus autant. Ils ne me semblent donc plus avoir les outils intellectuels et spirituels pour défendre correctement la Nature et comprendre la crise globale dans toute sa gravité. Sont-ils soumis, comme le reste de la société, à des problèmes psychologiques voire psychiatriques non résolus ? Un Français sur cinq est malade physiquement ou psychiquement. Bien sûr, les religions culpabilisantes ne nous ont pas appris à reconnaître à la fois la lumière divine et les zones sombres en chaque être et à ne pas accuser les autres de nos propres turpitudes.

J’ai montré dans mon livre Célébration de la Beauté (17) que la perte du sens de la Beauté et l’affaiblissement du sens moral étaient directement responsables de la décadence de la civilisation occidentale à cause de la toute-puissance accordée aux valeurs matérialistes de compétition, de domination et de profit économique. Dans ce livre, j’ai consacré de longs développements aux rapports entre la science et l’art. Devons-nous apprendre à vivre dans un monde abîmé et amputé ? Le sens de la Beauté et de la sensibilité marque notre empreinte profonde, et permettrait de sortir d’une vision exclusivement « matérialiste ». Il s’apparente à une quête du Féminin sacré et de survie morale face à l’effondrement de la civilisation patriarcale. Mais qu’est-ce que la Beauté si ce n’est la nourriture de l’âme ? Et qu’est-ce que l’âme ? La permanence de ces questions montre la perte de culture dans la société matérialiste.

Le plus important, à notre époque, me semble consister pour chacun de trouver le juste dosage entre son pôle masculin et son pôle féminin, entre l’indignation et l’émerveillement ; et c’est en fait la colonne vertébrale du journalisme écologique sans laquelle il ne serait que divertissement.

On ne pourra pas « résister à la barbarie qui vient » (Isabelle Stengers) sans maintenir les conditions de cet émerveillement qui permet de réenchanter le monde. Pour cela, je voudrais souligner la nécessité d’une culture transversale entre naturalistes, photographes, cinéastes, animateurs nature, accompagnateurs en montagne, écophilosophes, artistes, etc., pour éviter l’hyperspécialisation et les approches sectorielles cloisonnées, souvent scientistes. Ce sera une culture de la Beauté ! Pourquoi réenchanter le monde ? Parce que nos facultés d’émerveillement nous maintiennent en bonne santé physique et mentale ! « L’émotion associée au contact (avec la Nature ou l’animal) reste le moyen le plus puissant de combattre les préjugés et de créer des liens », dit Xavier Bonnet dans son magnifique livre sur la peur des serpents (18).

S’intéresser à la Beauté aujourd’hui dans ce monde qui la profane quotidiennement, c’est s’interroger sur le vide spirituel contemporain, communier personnellement avec la Nature, s’intéresser à l’histoire culturelle de la Femme, à l’histoire des mythes et des religions, aux sagesses des civilisations traditionnelles, aux fondements d’une écologie spirituelle, à un renouveau authentique de l’Art, et finalement s’engager comme résistant culturel face à la déculturation. Contre les ravages de la pensée unique, y aura-t-il chez les jeunes une relève des quelques bastions de résistance culturelle qui subsistent ?

8. Émergence des valeurs féminines

Comment promouvoir un humanisme écologique en laissant de côté, comme le voudraient certains, la santé et les médecines naturelles ? Dans plein de domaines nobles comme l’écologie ou les médecines naturelles, on voit des egos démesurés et des luttes pour le pouvoir. Or l’écologie profonde est incompatible avec cette course au pouvoir, c’est pourquoi elle dérange tous ceux qui ont pareilles ambitions.

Les lobbies industriels de l’agrochimie, de l’auto, de la pharmacie, de la chasse, de l’immobilier, du nucléaire, de l’armement, etc. ont créé un monde de compétition, d’escrocs et de haine, mais la plupart des hommes le subissent sans penser aux souffrances qu’il fait subir aux femmes et aux valeurs féminines. La puérilité de ceux qui prétendent changer le monde par plus de technique n’a d’égal que la puérilité de ceux qui prétendraient encore dissocier la crise écologique, la destruction de la nature et l’oppression des femmes. Il me paraît illusoire de croire que l’on pourra résoudre la crise écologique et climatique sans renoncer à l’écrasement millénaire de la femme et du féminin, écrasement qui est une facette de l’anthropocentrisme et du patriarcat.

Mouvement militant né dans les années 1980 aux États-Unis contre la menace de guerre nucléaire, l’écoféminisme interroge le lien entre destruction de la nature et oppression des femmes, deux formes de domination qui découlent des mêmes mécanismes et peuvent être combattues ensemble. L’écoféminisme invite à penser l’avenir sans la notion linéaire de « progrès », à sortir de l’ensorcèlement du capitalisme et de ses rapports de domination, et à retrouver du lien avec le monde sensible, en faisant de la place aux émotions : « on a immensément besoin des émotions, du sensible, pour faire de la politique différemment et transformer le monde » (Émilie Hache). Face à la possibilité d’une destruction de la planète, les écoféministes ont revendiqué de se réapproprier à la fois ce qui relève de la nature et ce qui relève de la féminité. Même s’il est encore peu connu en France, l’écoféminisme se développe très rapidement. Ce qui le caractérise, c’est l’heureuse absence de séparation entre la théorie et l’engagement pratique.

En France les féminicides sont devenus une urgence nationale. Toutes les violences faites aux femmes doivent être prises en amont, dans le climat délétère de déracinement culturel et de perte du sens de la vie qui engendre la violence. Maintenant que la parole se libère, on comprend mieux comment le sexisme et le machisme sont solidement ancrés dans la société française, et notamment dans la médecine. Mais même les femmes ne sont pas toujours conscientes de l’aliénation tragique qui les opprime et beaucoup d’entre elles se laissent encore volontiers soumettre.

Pourquoi remettre maintenant les valeurs féminines au cœur de la société à venir ? Parce que l’Univers lui-même fonctionne selon les principes féminins de coopération, d’entraide, de solidarité, de partage et d’amour : voilà les lois naturelles et spirituelles qui gouvernent le monde !

9. Quelle ouverture spirituelle ?

L’écologie globale de la Biosphère nous donne une vision juste mais partielle de la réalité qui peut être complétée par une vision spiritualiste. La dénonciation des périls (environnementalisme superficiel) a trop souvent occulté les pistes pour réenchanter le monde (19) et les voies pour sortir des ornières technicistes. Désormais ce sont majoritairement les femmes qui développent la dimension spirituelle de l’Écologie.

Naturalistes et écologistes sont-ils capables de trouver la tranquillité et le calme intérieurs, le temps de la méditation et de la contemplation ? Certains écologistes, avides de pouvoir, pratiquent un rejet névrotique de la spiritualité. En cela ils se font le jeu des pouvoirs établis qui freinent l’évolution vers une humanité plus consciente. Il serait temps que les écologistes atteignent leur maturité. Nous avons en France un lourd héritage à la fois d’obscurantisme religieux et de laïcisation agressive. La notion de spiritualité va peut-être même s’estomper au profit d’une notion plus large d’éveil des consciences.

Les écologistes doivent montrer qu’ils sont capables d’élever leur conscience et de l’ajuster aux changements planétaires. Par exemple, les crop circles (ou agroglyphes) sont des phénomènes sublimes et étranges qui sont inexplicables dans le cadre des concepts scientifiques étroits, qui interrogent nos prétentions de supériorité anthropocentrique et qui donc suscitent encore bien des réticences ; ce scepticisme est dû à l’incapacité d’accepter l’inattendu, l’irrationnel et l’invisible.

Cherchant la facilité et le superficiel, séduits par le divertissement, la plupart des gens ne sont pas prêts pour la connaissance de soi et le travail sur soi, c’est-à-dire : se libérer des croyances et des schémas négatifs, apprendre à lâcher prise, apprendre à s’aimer, exploiter ses pouvoirs extra-sensoriels, retrouver le féminin sacré, développer l’estime de soi et la pleine conscience, renouer avec son enfant intérieur, pour ouvrir la porte des possibles, pour optimiser sa santé mentale, se libérer de ses blocages familiaux, transformer sa vie et devenir acteur du changement collectif… Le vrai point de départ incontournable est là. C’est seulement quand on est relié à soi-même que l’on peut développer de l’empathie pour l’Autre dans sa différence.

On ne peut pas connaître nos adversaires si l’on ne fait pas soi-même le chemin de la connaissance intérieure. Certes, on constate des avancées dans l’écoute et le dialogue pour la paix, mais les écologistes et les alternatifs sous-estiment la puissance et la ruse de leurs adversaires, leur usage perfide du prestige absolu de la Science et du Progrès et surtout la profondeur de l’ancrage des croyances anti-nature. Il ne suffit pas de changer l’économie ou le droit pour convertir ces croyances. En France aujourd’hui les croyances dominantes sont le culte du progrès technique, de la croissance économique, de l’abondance matérielle et du conformisme social. Leur tissu est alimenté en permanence des conflits pourrissants entre communisme et anticommunisme, catholicisme et anticatholicisme, sionisme et antisémitisme. Elles se combinent avec des blocages psychoaffectifs et de très lourds héritages transgénérationnels. La fraternité, la bienveillance, la coopération, l’entraide, le pacifisme, l’écologisme et la non violence, qui sont des valeurs féminines, n’en font absolument pas partie !

La plupart des gens laissent faire, dans un repli narcissique et égoïste. Si chacun assumait sa responsabilité individuelle soudée à une responsabilité collective, on pourrait espérer une transition vers une civilisation plus respectueuse de la Biosphère, de l’Homme et du Vivant. Mais sans une véritable « insurrection des consciences », les timides efforts pour vider la baignoire qui déborde sont dérisoires tant que l’on maintient le robinet grand ouvert de la surconsommation et de la démesure.

Dans le contexte de plus en plus obsédant de guerre économique (dû à l’épuisement des ressources naturelles) et d’effondrement prévisible de la population mondiale, le plus fondamental serait de muter vers les valeurs non matérielles et sacrées de la vie.

Sans prise en compte du sacré, on reste inconsciemment sous l’emprise des vieux démons et des anciennes féodalités, en l’occurrence le judéo-christianisme et ses pouvoirs insidieux et obscurantistes qui sont à la racine de la marche forcée au « progrès » industriel. Aurons-nous alors la volonté d’équilibrer correctement l’intelligence rationnelle et l’intelligence émotionnelle, le masculin et le féminin ?

La Transition, c’est construire un monde non surpeuplé où l’on sera bien tous ensemble. Elle n’est pas seulement énergétique ou écologique, elle est aussi et surtout un changement de paradigme vers l’écologie profonde. À part Corinne Lepage, Pierre Rabhi, Mathieu Ricard, Kenneth White et quelques autres, qui se préoccupe vraiment de la Transition des consciences ? Les milieux écologistes, pour la plupart, oublient de dire son rôle déterminant dans les changements de comportements individuels et sociétaux. Il y a fort à craindre que sans cette Transition des consciences, la seule transition écologique et énergétique soit un échec.

Les écologistes sont-ils encore capables de défendre la Nature ?

 

1 Roland de Miller est écrivain-conférencier, fondateur de la Bibliothèque de l’Écologie, libraire itinérant sur salons et foires.
2 George MARSHALL : Le Syndrome de l’autruche. Pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique. Actes Sud, 2017.
3 Françoise d’EAUBONNE (1978) : Écologie et féminisme. Révolution ou mutation ? Préface de Serge Latouche. Éditions Libre et Solidaire, 2018.
4 Qui s’intéresse vraiment à la réinstallation enfin de la Bibliothèque de l’Écologie, trésor d’intérêt public national ?
5 Émilie HACHE : Reclaim. Anthologie de textes écoféministes. Éditions Cambourakis, coll. Sorcières, 2016.
6 Pascale d’ERM : Sœurs en écologie. Des femmes, de la nature et du réenchantement du monde. Éditions La Mer Salée, Nantes, 2017.
7 Laure NOUALHAT : Lettre ouverte aux femmes qui n’ont pas (encore) d’enfant. Plon, 2018.
8 Mona CHOLLET : Sorcières. La puissance invaincue des femmes. La Découverte, coll. Zones, 2018.
9 Vicki NOBLE : La Femme Shakti. Le nouveau chamanisme féminin. Trad. angl. Éditions Véga, 2012.
10 Odile CHABRILLAC : Âme de sorcière. Ou la magie du féminin. Solar, 2017.
11 Silvia FEDERICI : Le Capitalisme patriarcal. Éditions La Fabrique, 2019.
12 Annie THÉBAUD-MONY : La Science asservie. La Découverte, 2014.
13 Sylvie SIMON : La Nouvelle dictature médico-scientifique. L’emprise des lobbies sur notre santé. Dangles, 2006.
14 Jean-Marc LEVY-LEBLOND : Auto-critique de la science. Le Seuil, 1973, réédition Points, 1975.
15 François JARRIGE : Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences. La Découverte, 2016.
16 Voir Valérie CHANSIGAUD : Les Français et la Nature. Pourquoi si peu d’amour ? Actes Sud, coll. Mondes Sauvages, 2017.
17 Roland de MILLER : Célébration de la Beauté. Écologie profonde : la Femme, la Nature, l’Art et la Spiritualité. Sang de la Terre, 2017.
18 Xavier BONNET et Maxime BRIOLA : Mordus de serpents. Editions Regard du Vivant, 2018, p. 206.
19 Saluons le livre récent de l’économiste décroissant Serge LATOUCHE : Comment réenchanter le monde. La décroissance et le sacré. Bibliothèque Rivages, 2019.