Chaque vendredi, dans plusieurs villes du monde, réparties sur tous les continents, des jeunes – écoliers, lycéens, étudiants – sortent dans la rue pour exprimer leur colère face au refus des gouvernements de s’attaquer sérieusement au problème du changement climatique.
par M’hamed Rebah
Sur ce problème, grâce aux technologies de l’information et de la communication, les jeunes du monde se rapprochent malgré l’obstacle à la libre circulation des personnes, créé par les contrôles aux frontières. Les jeunes qui manifestent chaque vendredi pour le climat, ont le même idéal, opposé au système dominant injuste, qui régit les échanges internationaux et les rapports entre les pays, au profit des nantis, et qui se sert, à cette fin et souvent impunément, de la corruption à grande échelle.
Certes, les médias exagèrent quand ils disent que c’est la jeunesse du monde entier qui est dans ce mouvement. Mais on peut affirmer que la grève pour le climat est un des faits marquants de l’actualité mondiale en 2019. La jeune fille présentée comme la porte-parole de la jeunesse mondiale pour le climat, la Suédoise Greta Thunberg, a été d’une franchise inouïe dans l’enceinte diplomatique des Nations unies, en accusant les dirigeants du monde de ne rien faire pour le climat et en dénonçant leur hypocrisie dans la démarche adoptée pour lutter contre le changement climatique.
L’ONU, par la voix de son Secrétaire général Antonio Guterres, a donné raison à la jeune Suédoise. « L’urgence climatique est une course que nous sommes en train de perdre, mais nous pouvons la gagner », a-t-il lancé à l’occasion du sommet international pour le climat, réuni le 23 septembre au siège de l’ONU.
Les autorités algériennes, pour leur part, ont montré qu’elles accordent au réchauffement climatique – dont la responsabilité incombe en très grande partie aux pays développés – la primauté par rapport à la lutte contre la désertification qui devrait être, pourtant, la priorité de l’Algérie. Deux membres du gouvernement sont allés à New York pour la session de l’ONU sur le climat : Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères, et Fatima Zohra Zerouati, ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables. L’Algérie est un pays vulnérable au changement climatique.
Pour rappel, le premier inventaire des gaz à effet de serre fait par l’Algérie portait sur 1994, définie comme année de référence par le secrétariat de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques. Il avait montré que le secteur de l’énergie était responsable à plus des deux-tiers des émissions. Les auteurs de cet inventaire avaient, cependant, reconnu que de nombreuses incertitudes, liées à la collecte des données, entachaient ses résultats. Un premier Plan national climat (PNC) a accompagné cet inventaire. Il avait pour objet l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation pour limiter les effets des changements climatiques sur les ressources naturelles et le développement socio-économique. Un nouveau PNC a été élaboré en avril 2013, découlant des obligations de l’Algérie qui a signé (en 1992) et ratifié (en avril 1993) la Convention des Nations unies sur les changements climatiques. Ce PNC comprenait l’état des lieux concernant la problématique des changements climatiques en Algérie, et la stratégie pour faire face à leur impact à court (2015), moyen (2020) et long (2050) termes, accompagnée d’un plan d’action et d’un volet institutionnel. C’est, en résumé, l’exposé de la démarche adoptée par l’Algérie pour atténuer l’impact des changements climatiques. Le plan a, évidemment, une dimension stratégique. Il est conçu pour mettre le progrès et les fruits de développement national à l’abri de tout péril provoqué par l’évolution future du climat. L’Algérie doit agir sur les fronts de l’agriculture biologique, l’économie de l’eau, des énergies renouvelables.
Un autre PNC, et non pas le premier comme ça a été annoncé officiellement, pour la période 2020-2030 a été présenté par l’Algérie au Sommet Action climat 2019 de l’ONU qui s’est tenu le 23 septembre. Elaboré par une commission nationale de l’environnement regroupant plusieurs secteurs concernés, et un groupe d’experts et de chercheurs, il prévoit 155 opérations et activités visant à s’adapter aux effets des changements climatiques et à les limiter pour la prochaine décennie, notamment à travers la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’intégration de la dimension Climat au sein des différentes politiques publiques de développement. Seulement, dans notre culture qui privilégie le temps présent et met le reste sur le dos de la fatalité, qui va se soucier de ce qu’apportera le changement climatique demain ? L’éducation environnementale, en milieu scolaire, mais aussi la formation des décideurs dans tous les domaines, autour de la problématique du changement climatique et des nouvelles attitudes à adopter face à ses conséquences, sont indispensables pour préparer la population à vivre et à agir en fonction des risques climatiques.
Cet article est paru dans La Nouvelle République (Alger) du dimanche 29 septembre 2019.