Chasse en enclos : le sadisme en toute quiétude

Vous ne connaissez pas la chasse sur des animaux captifs en France ? C’est normal, il s’agit d’une pratique plutôt opaque, mais révélée par des activistes courageux de l’ASPAS, qui se sont infiltrés et qui ont filmé. Accrochez-vous.

par Marc Giraud

L’année dernière, l’ASPAS avait révélé les conditions parfois épouvantables d’élevage de petit gibier de chasse, quelque 20 millions de faisans et autres « cocottes » destinés à être flingués dès l’ouverture. Une pratique qui, à elle seule, réduit à néant la supposée « bonne gestion » de la faune avancée par le lobby de la chasse.

Cette année, l’ASPAS frappe à nouveau, cette fois-ci avec les gros mammifères coincés par des grillages, harcelés et abattus de la manière la plus impitoyable qui soit. Révélation qui, elle aussi, suffirait à faire taire bien des affirmations du lobby sur le respect de la nature, le rôle sanitaire des chasseurs, la nécessité de « réguler » la faune et autres fadaises.

Bien qu’elle soit peu connue, la chasse d’animaux en captivité n’est pas anecdotique puisqu’elle concerne environ 1 300 parcs et enclos qui détiennent au total de 50 000 à 100 000 animaux : sangliers essentiellement, mais aussi cerfs, chevreuils, mouflons, daims, etc. La chasse peut y être un loisir personnel des propriétaires ou une activité commerciale : les propriétaires font payer à des chasseurs le droit de venir tuer des animaux, ce qui rapporte des dizaines de milliers d’euros.

Dans le parc commercial où l’ASPAS a enquêté, les chasseurs font durer le plaisir d’une manière qui atteint le sadisme, car le sanglier affolé ne peut pas s’échapper. Leur objectif est de ne pas tirer tout de suite pour faire courir l’animal le plus longtemps possible, harcelé par les chiens, en le suivant en voitures et en quads avant de décider du moment de sa mise à mort. La traque dure parfois toute la journée.

Les enquêteurs de l’ASPAS ont été choqués par la fascination morbide de ces chasseurs envers la souffrance des sangliers. Pour ces hommes, voir un animal tenter de courir avec une patte brisée, ou se faire castrer à vif par les chiens, mangé vivant par l’arrière, est une source de rires et de blagues.

Une fois sur deux, les chasseurs ne tuent pas le sanglier au fusil mais avec des épieux (longs poignards au bout de perches métalliques), ce qui est illégal : ces armes ne peuvent servir qu’à achever une bête blessée, pas à la chasser. Quand des tirs ont lieu, ils sont souvent mal ajustés, laissant des animaux blessés. Un adepte raconte qu’il avait revu un sanglier très amaigri après lui avoir tiré dans le groin une semaine plus tôt ; le sanglier ainsi mutilé ne pouvait plus s’alimenter, ce qui amusait beaucoup le chasseur.

L’importation d’animaux étrangers pour ces « parcs d’attraction » est légale, mais opaque. Dans les années 2000, on soupçonne ces transports d’avoir amené la brucellose. Aujourd’hui, c’est la PPA (peste porcine africaine) qui inquiète les autorités. Voilà pour le rôle sanitaire dont se vantent les « premiers écologistes de France »…

Il faut saluer le courage de ces enquêteurs anonymes, parfois végans, obligés de partager les charcuteries et les blagues graveleuses des chasseurs, et d’assister sans intervenir à la torture d’animaux impuissants, ni même trahir leur émotion. Mais c’est grâce à de telles infiltrations, façon L214, que le public peut connaître la vérité. Le public, et les journalistes…

Comme sur le terrain, le puissant lobby des armes et de la chasse a encore aujourd’hui une place écrasante dans les médias, alors que les pratiquants n’atteignent pas 2 % des citoyens : on ne peut quasiment pas parler de nature sans avoir à affronter un de ses représentants, et devoir contrer toutes les contrevérités qu’ils assènent à des journalistes sans arguments, car peu concernés par la faune sauvage, et trop souvent bien peu curieux de la chose. Voici donc une pièce de plus pour étayer le dossier, et pour parler de la vraie réalité…

Le sujet de Konbini :
http://www.facebook.com/konbinifr/videos/403044750404315/UzpfSTEyMjAwNDY1ODI6MTAyMjA2NDI1MjE0MzI1Mjk/

Pour en savoir plus :
http://www.aspas-nature.org/actualites/enquete-carnage-derriere-le-grillage/

Pour signer la pétition :
http://www.aspas-nature.org/campagnes/petitions/stop-a-la-chasse-en-enclos/#petition

Une confrontation avec un fameux JNE :
http://www.leparisien.fr/environnement/les-chasseurs-sont-ils-bons-pour-la-nature-la-question-divise-21-09-2019-8156751.php

Contacts presse : Madline Rubin, directrice de l’ASPAS, 06 79 44 61 17 – direction@aspas-nature.org