Christine Laurent tient chronique sur le site de Reporterre sous le même titre. On pourrait penser qu’elle les a rassemblées pour en faire un livre mais pas du tout. Ici, elle raconte toute l’histoire. « Depuis sept ans, le samedi, nous mettons les vélos dans le RER, laissons la ville se déliter dans le bruit métallique du train jusqu’à la frontière de l’urbanisation… Et là, en lisière de forêt, entre paddock pour les chevaux et tennis abandonné, nous prenons soin de 400 m2 de terre en ayant recours, autant que nous le pouvons aux moyens du bord.» Ce sont les premières phrases du livre. Vous avez noté le « nous prenons soin ». Le ton est donné.
L’envie de mettre les mains dans la terre est venu après une maladie et un traitement chimique lourd. Une collègue bienveillante lui a indiqué le site « savez-vous planter chez nous » qui met en relation des propriétaires de jardin qui ne jardinent pas avec des personnes sans terrain mais qui souhaitent jardiner. Première expérience chez Isabelle mais le terrain avait été une décharge comme en ont témoigné les emballages calcinés de médicaments, les morceaux de plastiques et d’aluminium qu’elle et son mari, ont extirpés de la terre. Peut-on faire un potager dans un dépotoir ? Par chance, Christine a trouvé un autre terrain, un ancien potager abandonné depuis une quinzaine d’année, tout près de là où l’aventure a vraiment démarrée.
Deux vénérables cerisiers encadraient le portail en bois dévoré par l’humidité. La nature avait repris ses droits et les ronces y étaient reines. Le premier chantier a été de dégager le potager et de retrouver le dessin initial. Les ronces n’ont pas été exterminées; elles sont simplement contrôlées. Ensuite, et bien Christine raconte, la terre, les animaux depuis les vers de terre jusqu’à la belette, les bactéries et les champignons, les bonnes surprises, les déconvenues. L’observation est au centre de la pratique de Christine. Elle n’utilise bien évidemment aucun pesticides ou intrants de synthèse, d’où le terme, sans pétrole. Elle a même éliminé les produits type bouillie bordelaise autorisés en bio mais pas forcément très bon pour la vie du sol. Sept ans plus tard, elle affirme que le jardin lui a permis d’opérer une transformation intérieure prenant notamment conscience des limites de ce que la Terre peut nous offrir. Elle a fait sienne la phrase de Gilles Clément « faire le plus possible avec, le moins possible contre ». « Le jardin sans pétrole et tous les endroits où cette diplomatie se met en place incarnent notre espoir de voir émerger une manière plus responsable et créative d’habiter la Terre » conclut Christine Laurent.
…
Éditions du Seuil, collection Reporterre, 128 pages, 12 € – www.seuil.com
Contact presse : Laetitia Correia. Tél.: 01 70 96 88 23 – Laetitia.correia@seuil.com
(Danièle Boone)
…