Komodo TV, la chaîne web des défenseurs du vivant

Initiée par Aymeric Caron et Stéphane Simon, le producteur de Thierry Ardisson, cette chaîne témoigne du virage numérique de certains médias. On peut la rapprocher d’un autre support indépendant, l’excellent Reporterre de notre confrère Hervé Kempf, mais Komodo TV reste plus axée sur la connaissance et le respect des animaux. 

par Marc Giraud

Pourquoi ce nom « Komodo » ? Parce que le gouvernement indonésien vient d’avoir le courage d’interdire le tourisme afin de protéger ses varans endémiques, les plus grands lézards du monde encore vivants : les dragons de Komodo. Lancée le 3 juin dernier comme « la première chaîne antispéciste », Komodo TV est ce qu’on appelle un média de niche. Ces médias permettent une pleine liberté de ton et de choix des sujets abordés, bien mieux développés que dans les médias classiques, comme ici le droit de l’animal ou les actions des associations citoyennes. Cependant, Komodo n’est pas un refuge sectaire de véganes extrémistes, comme certains pourraient être tentés de le croire, car elle s’intéresse aussi à l’écologie au sens large, et aborde des questions de société, de sciences ou de philosophie. 

Une interview de plus d’une heure sur les droits de la nature avec Valérie Cabanes (« Notre affaire à tous »), ça nous cadre bien sur les enjeux actuels de la défense du vivant. Cet entretien fait partie des nombreuses rencontres proposées régulièrement par Aymeric Caron sur Komodo TV, où l’on côtoie des personnalités diverses (Gaspard d’Allens sur les forêts, Jeanne Mas, Bruno Solo…). Le journaliste pose également des questions éthiques (« Les opérations de vandalisme contre les boucheries servent-elles votre cause ? », ou – ça peut faire rire mais c’est une vraie question – « Quelle est l’attitude d’un antispéciste face aux punaises de lit ? », etc.). Si l’auteur de « No steak » et de « Vivant » expose ses analyses personnelles sur la politique et sur bien d’autres sujets, il n’en est pas moins accompagné d’une équipe animant des chroniques variées et complémentaires, qui alimentent un flux régulier de nouveautés, et d’infos qu’on ne trouve pas ailleurs.

Au programme, la chaîne propose des actus de l’écologie avec le rédac’chef Olivier de Vellis, des reportages (sur les éléphants du Zimbabwe, le phoque You (!), le calvaire des lapins angoras…), les combats des associations de protection de la nature (avec Lamya Essemlali de Sea Shepheard, Madline Rubin de l’ASPAS, Christophe Marie de la FBB…), des conseils pratiques pour cuisiner sans produit animal avec Paloma, éviter les déchets avec Julie Bernier, ou encore des balades naturalistes avec moi-même. Bref, des thèmes animaliers, d’éthique ou d’écologie de plus en plus pris en compte par la société, voire de plus en plus brûlants, mais encore trop peu présents dans la plupart des médias dominants (avec heureusement de belles exceptions parmi les JNE, bien évidemment…)

Komodo ne nous inflige aucune publicité. Elle ne subit donc aucune pression commerciale, mais l’indépendance éditoriale a un prix. Contrairement à Reporterre, qui mise sur les dons des particuliers, Komodo est une chaîne payante. Néanmoins elle n’est pas chère : 5 € par mois ou 50 € l’année, et c’est moitié prix pour les moins de 25 ans. Reste à savoir si ce jeune public, habitué à la gratuité, va changer ses habitudes. Un beau pari à tenir !



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Sur le virage numérique des médias, l’interview du producteur Stéphane Simon : www.laruchemedia.com