Voici une lettre ouverte adressée à tous les spécistes par un membre des JNE très engagé dans la défense de la cause animale.
par Michel Cros
Mesdames et Messieurs les spécistes,
Ouest France vient d’annoncer le projet d’une nouvelle usine à Châteaulin dans le Finistère avec une cadence d’abattage de 800 000 poulets par semaine.
Arrêtons les massacres, s’il vous plaît, fermons ces abattoirs !
A l’heure où la cathédrale du vivant s’effondre inexorablement, ne croyez-vous pas qu’il est temps de changer. On ne s’acharne pas sur un corps mourant, celui du vivant. L’accompagner, serait le terme le plus approprié. Ces êtres sentients (1) qui nous ressemblent, avec certes leurs différences physiques, humaine, non-humaine ou que sais-je autre qualificatif technique, ont tous un même dénominateur commun : « la Vie ». Du plus petit des insectes à la forme la plus évoluée des mammifères, tous aspirent à vivre et mourir avec respect.
Qui n’a pas vu dans sa vie un être cher prendre soin de quelqu’un de sa famille, qui n’a pas vu tel animal sauvage ou de compagnie témoigner d’empathie pour un bébé malade qui plus est appartenant même à une autre espèce, qui n’a pas ressenti au plus profond de son cœur un déchirement à la vue d’une vie qu’on retire ?
Avons-nous stocké tant de merde dans nos yeux pour ne plus y voir clair !
Ne nous voilons plus la face et ouvrons les yeux sur ce champ de bataille sans fin. Hardi les spécistes, soyez les premiers à fermer ces portes de l’enfer qui déshonorent la civilisation humaine. Nous n’avons rien à perdre, maintenant que nous sombrons vers la 6e extinction, mais tout à gagner pour mieux ressusciter la conscience en paix.
A nous tous qui avons oublié ce précieux héritage qui nous est alloué dans cette Vie, nous lui devons maintenant reconnaissance. Des peuples premiers comme les aborigènes nous disent que toute Vie est notre parente biologique. Nous sommes faits pour nous aider et non pour nous détruire, c’est inscrit dans notre ADN. Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour cela. Nous le savons aujourd’hui grâce à la science. Si 99 % de nos gènes sont identiques avec les grands singes, nos parents les plus proches, nous, « êtres animés » partageons aussi les mêmes gènes avec les autres espèces. S’il vous plaît, ne voyez pas cette lettre comme un quelconque sermon militant supplémentaire. Ouvrons plutôt notre cœur !
Chers spécistes, c’est vous qui avez la clé et il n’appartient qu’à vous de faire le geste de la libération. Ces camps de la mort n’ont plus lieu d’être. L’histoire en a fait la triste expérience au siècle dernier, c’était hier. Ne leur permettons pas de subsister encore ici.
Si un pas vers le « bien-être animal » a été fait avec une proposition d’abattage à la ferme, poursuivons cette marche vers la fermeture totale de ces usines-abattoir. Nous n’avons pas besoin d’autant de viande pour nous nourrir quotidiennement. Pour ceux qui en doutent, je les invite à visionner cette vidéo sur Philip Wollen, réalisée à Melbourne en 2012. Tout est dit avec clarté. Souhaitons que la vision de ce philanthrope vous enthousiasme comme elle m’a touchée en cette soirée de Pâques alors que mes aspirations volaient en éclats devant tant de destructions annoncées. Car l’effondrement du vivant a bien lieu, n’en déplaise à ceux qui continuent à surfer sur les vagues de leurs illusions… Que faire, comment agir ?
Faudrait-il, peut-être plus d’un gilet jaune devant chaque spéciste pour faire pencher la balance mais je ne suis pas sûr que la loi du grand nombre ferait ici l’affaire.
Nous n’avons pas le choix. Écoutons la souffrance des « sans voix », c’est eux qui nous dictent le chemin de cette résurrection de l’Homme vers l’humain. Utopie crieront certains, alors rappelons-nous les sages paroles d’Edgar Morin sur l’éloge de l’utopie réaliste et fonçons sans hésiter dans cette direction.
Trop de sang continue à être versé quotidiennement par la main humaine. Deux milliards d’animaux meurent ainsi en silence chaque semaine dans le monde.
Trop d’agonie s’enchaîne jour après jour, année après année, dans cette spirale infernale d’un productivisme sans fin. Stop, cela suffit. Fermons ces abattoirs définitivement.
C’est le moment maintenant de le faire. C’est possible !
Nous le voyons bien en cas de catastrophe naturelle. Tout s’arrête. N’attendons pas l’irrémédiable. Certes, nous ne stopperons pas le dérèglement climatique. Mais fermer ces abattoirs, nous pouvons et devons le faire aujourd’hui. Pas demain ni après demain !
Ces portes de l’horreur une fois condamnées, d’autres portes s’ouvriront vers plus de respect et de bonheur pour nous tous, surtout pour ceux qui travaillent à de telles tristes besognes.
N’ayons pas peur et ayons le courage d’avancer libres vers plus d’amour pour le vivant.
Bien à vous
(1) A lire aussi : http://www.nature.com/articles/s41586-019-1099-1