Roger Cans est décédé le 27 novembre dernier. Un hommage personnel à un journaliste hors pair, qui était aussi un ami discret et fidèle.
par Laurent Samuel
Précis, curieux, rigoureux, persévérant… Roger Cans avait toutes les qualités pour être un excellent journaliste. Sans oublier l’esprit critique, la solide culture générale, le refus des chapelles intellectuelles et un sens de l’humour exemplaire. Bien qu’ayant travaillé une vingtaine d’années dans le « quotidien de référence », à savoir le Monde (qu’il continuait bien après son départ à appeler affectueusement « le journal »), Roger n’avait jamais eu la grosse tête, contrairement à tant d’autres officiant dans des organes de presse moins prestigieux.
Passé à la rubrique environnement au début des années 1980 (où il avait succédé à un autre JNE, Marc Ambroise-Rendu), Roger Cans, porté par l’actualité (pluies acides, couche d’ozone, premières grandes alertes sur le changement climatique…), s’était battu avec succès pour que le Monde accorde davantage de place à ce sujet alors « émergent ». Sa gentillesse (qui n’excluait pas la force de caractère) et son sens de la convivialité faisaient qu’on ne pouvait pas se fâcher durablement avec lui, même quand il avait qualifié Brice Lalonde, alors fraîchement nommé ministre de l’Environnement, de « cosmopolite » (en référence à sa mère anglaise et à ses cousins américains), sans réaliser que ce terme était utilisé de façon codée par l’extrême-droite pour (dis)qualifier les juifs.
Membre actif des JNE depuis les années 1980, il avait participé à de nombreux voyages, congrès, colloques et autres petits déjeuners. Jusqu’à ce que la maladie l’affaiblisse trop ces derniers mois, il était l’un des collaborateurs les plus fidèles du site internet des JNE. Lors des réunions du Conseil d’administration dont il fut longtemps le secrétaire général, les membres non végans attendaient avec impatience les succulentes rillettes artisanales qu’il ne manquait jamais de nous apporter de la Sarthe !
Roger Cans n’était pas seulement un journaliste d’exception, rompu à la presse écrite ainsi qu’à l’audiovisuel (après son départ du Monde, il avait réalisé plusieurs sujets pour l’émission Gaia de Dominique Martin Ferrari), mais aussi, comme certains d’entre nous l’avaient découvert tardivement en 2014, lors de la publication de son livre Nature(s) Morte(s), édité aux éditions Grandvaux avec le concours de nos amis Catherine et Bernard Desjeux, un dessinateur et un peintre de nature de grand talent.
Toutes mes condoléances à son épouse Chantal, qui a elle aussi beaucoup oeuvré pour les JNE, à sa famille et à ses proches.