Les Héros de l’environnement par Élisabeth Schneiter

Ce livre s’ouvre sur un texte poignant, dans lequel Berta Isabel Caceres Flores, militante écologiste du Honduras,  raconte à la première personne et comme dans des mémoires d’outre-tombe, sa lutte contre un grand projet hydro-électrique, son assassinat le 2 mars 2016, et les événements qui s’en sont ensuivis, jusqu’à sa nomination à titre posthume fin 2016 au titre de « Championne de la Terre » décerné par le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) pour sa « campagne inlassable en faveur des droits des populations autochtones au Honduras et pour la protection de leur environnement naturel ».

Cette entrée en matière nous place d’emblée au cœur du sujet de cet ouvrage : les militants éliminés ou menacés à travers le monde à cause de leurs combats écologistes. « En 2017, d’après les calculs de l’ONG Global Witness, 207 activistes ont été tués parce qu’ils défendaient la nature, ce qui fait environ 4 personnes par semaine », écrit Élisabeth Schneiter, journaliste indépendante qui collabore depuis quatre ans à « Reporterre », partenaire de l’édition de ce livre. 

Certains des personnages évoqués sont passés à la postérité, comme Dian Fossey, la défenseure des gorilles des montagnes africaines, Paul Watson, le protecteur des océans et des baleines, ou Chico Mendes, qui voua sa vie à la préservation de la forêt amazonienne, avant d’être assassiné en 1988. Mais Élisabeth Schneiter, ancienne de « Ça m’Intéresse », nous fait également découvrir des figures moins connues en France, comme les avocats Steven Donzinger et Pablo Fajardo, harcelés et poursuivis en justice par la compagnie pétrolière Chevron pour leur défense des paysans de la forêt amazonienne d’Equateur, qui demandent la dépollution de leurs terres contaminées par la multinationale. Autre cas emblématique : celui de Chutt Witty, à qui son combat contre la déforestation au Cambodge a valu d’être mortellement blessé en 2012 par des militaires. 

Dans les derniers chapitres, l’auteure, qui a créé et dirigé un magazine sur la langue française, « Qui-vive ! », et un autre sur l’actualité culturelle et scientifique, « Rendez-vous en France », salue le combat d’ONG comme Global Witness, Protect Defenders ou la nouvelle NIM (Not1More, pas un de plus), ainsi que les avancées encore timides de la jurisprudence internationale. En septembre 2016, la procureure générale de la CPI (Cour pénale internationale) a ainsi annoncé l’élargissement de son champ d’action aux crimes liés à « l’exploitation illicite des ressources naturelles » ou à « l’appropriation illicite de terres ou à la destruction de l’environnement. »


Éditions Seuil, Documents Reporterre, 160 pages, 12 € – www.seuil.com
Contact Presse  : Marie-Claire Chalvet. Tél. : 01 41 48 83 51 – mchalvet@seuil.com
(Laurent Samuel)