Malgré toute son érudition (ou plutôt à cause de celle-ci), l’historienne de l’environnement Valérie Chansigaud annonce d’emblée la difficulté qu’elle a éprouvée à ordonner ce sujet avec une méthode rationnelle : les mouvements en faveur de la nature se sont révélés « protéiformes, redoutables à définir ». Même les mots utilisés (nature, combat, environnement…) ont eu besoin d’une définition précisée en fin d’ouvrage. Quant aux acteurs, ils n’échappent pas à une analyse exigeante qui frise le coup de griffe : « certains parlent de solidarité tout en nourrissant le rêve de voir se réduire la population humaine ; d’autres affirment l’importance de la frugalité, mais ne disent rien sur les modalités pratiques de la répartition des richesses ; d’autres encore rejettent l’irrationalité des choix économiques et font la promotion de nouvelles formes de spiritualité… ». S’intéressant donc plus à la finalité des combats pour la nature qu’à ses acteurs, l’ouvrage est construit comme une mosaïque dont chaque chapitre s’intéresse à des idées (Malthus, Reclus, Rousseau, Veblen…) ou à des cas exemplaires (Minamata, Khian Sea…). En conclusion, l’auteure constate qu’au-delà de leurs différences, « les défenseurs de la nature se rejoignent sur un point : la solution consisterait à mettre (ou à remettre, comme on aime à le dire) la nature au centre de la société. De page en page, on retrouve aussi cette conviction déjà défendue par Valérie Chansigaud dans « Les Français et la nature : pourquoi si peu d’amour ? » (Actes Sud 2017) : le combat pour l’écologie est indissociable d’un combat pour la justice sociale (et réciproquement).
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(Marc Giraud)
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