Alors que le printemps est enfin arrivé, il n’est pas trop tard pour revenir sur les beautés de la nature en hiver.
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par M.H.L.
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En Ardèche, dans la Drôme, ou ailleurs, il y a du plaisir à poser le regard. Tôt le matin, végétaux et rocailles s’habillent d’un voile blanc. Beaucoup d’arbres ont choisi l’effeuillage discret. La faune sauvage, toujours dans les parages, s’abrite et se repose. Qu’il en faut du temps pour pouvoir l’observer ! La nature en hiver est une ode au silence. Pause, respiration salvatrice, loin de tout artifice. Bonheur d’admirer faune et flore sauvages ; joie d’observer simplement la nature exister ; la tête en l’air, se détendre et contempler.
L’aigle de Bonelli : l’emblème des Gorges
Oiseau emblématique de la Réserve Naturelle des Gorges de l’Ardèche, l’Aigle de Bonelli, rapace le plus menacé de France, est accompagné par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
Michel Mure de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, animateur du plan national d’action en faveur de l’aigle de Bonelli, présente ce rapace : « L’aigle de Bonelli occupe tout le pourtour méditerranéen et se reproduit donc en France des Pyrénées Orientales à l’ouest jusqu’aux départements du Var à l’est et de l’Ardèche au nord. En déclin dans toute l’Europe, la population française suivie avec précision et estimée à 80 couples avant les années soixante a atteint son plus bas niveau au début des années deux mille avec 22 couples. Les programmes de conservation ont permis de stabiliser cette diminution et la tendance actuelle semble aller vers la recolonisation de sites vacants avec 34 couples reproducteurs pour la saison 2017. »
Ces nouvelles encourageantes sont une des conséquences probables d’une meilleure survie des individus immatures, due notamment aux premières mesures de protection sur le réseau électrique dans des sites sensibles, qui limitent le nombre d’électrocutions, en collaboration avec Enedis. La Basse-Ardèche constitue actuellement le dernier bastion de l’espèce en Rhône-Alpes. Deux couples subsistent depuis la fin des années soixante-dix et restent fidèles aux sites historiques de reproduction, malgré de nombreux changements d’individus constatés qui témoignent de graves problèmes de conservation. Les deux couples ont niché mais un seul couple a réussi cette année à mener à l’envol deux aiglons. L’aigle a son rôle dans la chaîne de la biodiversité en se nourrissant d’oiseaux et de tout petits mammifères.
Baronnies : le retour des vautours
Christian Tessier, directeur de l’association Vautours en Baronnies, présente ces magnifiques rapaces… Le massif des Baronnies abrite les quatre espèces de vautours d’Europe, mais à cette saison, le plus petit d’entre eux, le Vautour percnoptère, a rejoint depuis l’automne ses quartiers d’hiver au sud du Sahel dans l’ouest africain. Le seul couple reproducteur des Baronnies devrait revenir courant avril.
Pour les Vautours fauves, c’est en hiver que débute la saison des amours. Décembre et janvier sont en effet les mois des parades nuptiales. Chaque couple effectue des vols en tandem, l’un des individus se positionnant exactement au-dessus de son partenaire. Les Vautours fauves vivant en colonie, lorsqu’un couple effectue un vol en tandem, il n’est pas rare que d’autres individus ou couples les rejoignent, effectuant ainsi des figures sur plusieurs étages. C’est à cette période également que les couples choisissent la paroi rocheuse qui abrite l’aire. Les Vautours fauves ne sont pas de grands bâtisseurs. Les nids situés sur une vire ou dans une cavité sont constitués de branches, d’herbes, parfois de plumes. Il n’est pas rare que les Vautours fauves réutilisent une aire d’Aigle royal inoccupée. L’œuf unique sera pondu entre début janvier et mi-mars. Les premiers Vautours fauves ont été réintroduits dans les Baronnies en 1996. Le massif abrite aujourd’hui la plus importante colonie de l’arc alpin avec un peu plus de deux cents couples.
Chez les Vautours moines, c’est aussi en hiver que débute la période de reproduction, mais à la différence des Vautours fauves, ils vont construire un nid dans un arbre, le plus souvent un pin solide et très stable. L’aire est imposante et va être restaurée chaque année avec des branches. Un vieux nid de Vautour moine peut peser une demi tonne ! La situation de la colonie de Vautour moine est fragile, avec seulement huit couples. Le programme de réintroduction de cette espèce devrait se terminer fin 2018 avec la libération des trois derniers individus.
La quatrième espèce de vautour, le Gypaète barbu, ne se reproduit pas pour l’instant dans les Baronnies. Un ambitieux programme de réintroduction soutenu par l’Union européenne a débuté depuis 2016. Cinq jeunes gypaètes ont été réintroduits dans les Baronnies. Au moins deux autres individus seront relâchés au printemps 2018. Compte tenu d’une maturité sexuelle très tardive chez cette espèce, il faudra attendre six ou sept ans pour espérer une première reproduction dans les Baronnies. Actuellement, trois Gypaètes peuvent être observés dans les Baronnies.
Bien que de taille imposante, ces oiseaux sont totalement inoffensifs, et ne se nourrissent que d’animaux morts ; chaque espèce trouvant sa place sur un cadavre. Ils sont un peu les éboueurs de la nature, et y jouent ainsi un rôle essentiel.
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L’association Vautours en Baronnies organise toute l’année des sorties de terrain pour découvrir les vautours, les méthodes de réintroduction et de suivi de ces oiseaux et évidemment toutes les anecdotes liées à cette réintroduction. Ces sorties s’adressent à cette saison à des groupes de 20 personnes maximum ( vautourbaronnies@ozone.net– Tél. 04 75 27 81 91). Vous pouvez également visiter la Maison des vautours (entrée gratuite) qui vous permettra de découvrir une exposition sur les vautours et un film vidéo tourné sur place (Informations à l’office de tourisme des Baronnies, bureau de Rémuzat. Tél. 04 75 27 85 71).
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Vous aimez la nature ? Rejoignez ses amis…
– ASPAS : L’Association pour la Protection des Animaux Sauvages est une ONG indépendante, sans subvention publique. www.aspas-nature.org T. 04 75 25 10 00.
– FRAPNA : Fédération des associations de protection de la nature de Rhône-Alpes, elle rassemble 212 associations, regroupées en 8 FRAPNA départementales. frapna-ardeche@frapna.org T. 04 75 93 41 45 frapna-drome@frapna.org T. 04 75 81 12 44
– LPO : La Ligue pour la Protection des Oiseaux agit au quotidien pour la sauvegarde de la biodiversité, à partir de sa vocation de protection des oiseaux. ardeche@lpo.fr T. 04 75 35 55 90 drome@lpo.fr T. 04 75 57 32 39
– LYSANDRA : L’association Lysandra Education Environnement est un outil local d’animation, d’échange et d’accompagnement de projets au service du territoire de la Gervanne. T. 04 75 57 32 34
– Et bien d’autres encore…
Sortir avec Mille Traces
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L’association de protection de la nature et d’éducation à l’environnement Mille Traces organise plusieurs sorties. Le matin du 20 mai : sortie « à la rencontre des marmottes » qui se seront réveillées, en compagnie d’un guide naturaliste. Pour en savoir plus : www.mille-traces.org
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