La manifestation du personnel de l’Office National des Forêts du 14 décembre 2017 à Paris, entre les Invalides et le Ministère de l’Ecologie adresse au public nombre de signaux d’alerte.
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par Bernard Boisson
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Ainsi, la société civile est de nouveau en droit de se poser les questions les plus vives concernant la capacité du personnel forestier à assurer la qualité des fonctions écologiques et sociales de la forêt, sans que celles-ci se retrouvent bradées par une productivité à tout crin.
Derrière le diktat comptable d’une gestion, assiste-t-on à la désagrégation des fondamentaux d’un métier ?
Il y a certains métiers pour lesquels un jeune réfléchit à deux fois pour s’engager surtout s’il est habité par la vocation. En effet, un professionnel équilibré ne devrait pas contrevenir à ses rêves d’enfance et à son éthique d’adulte. En général, dans les entreprises qui vont mal, cet angle de vue s’avère singulièrement omis. La pression du rendement affectant toujours plus la qualité du service brade au marché tout professionnalisme de qualité. Dès lors, les métiers qui pourraient être sujet à la vocation, comme celui de forestier, risquent gravement d’être abandonnés par les plus compétents et les plus matures, ne laissant les postes qu’à des besogneux désengagés dans la valeur de sens que porte toute action.
Cette question s’avère à l’heure présente cruciale, tant l’ONF connaît des vagues de départ à la retraite plus importantes qu’auparavant (500 départs par an) et que la direction peut à travers ce renouvellement redéfinir un changement de cap en jouant l’ascendant sur un personnel juvénile choisi. Mais pour quel projet ? Pour quelle stratégie ? Il semble qu’actuellement son directeur général juge comme « passéiste » l’idée même de développement durable ! Ce qui s’entend comme un contresens stupéfiant quand le forestier fait historiquement figure d’ambassadeur emblématique du temps long dans l’économie. Dans le même flux, il y avait déjà de quoi s’inquiéter quand l’enseignement de la foresterie fut absorbé dans le cursus commun de toutes les formations de l’agriculture (voir avec AgroParisTech). Cette compilation des enseignements incorpore dans le même cadre économique des environnements qui ne présentent pas du tout les mêmes réalités en terme d’écosystèmes et de cadre de vie, ce qui prépare déjà le (ou la) jeune au plus grand simplisme de gestion sous la tutelle d’une économie de marché sans états d’âme.
De bonnes annonces pondérées par des questions graves
Mais l’Office National des Forêts est comme un bateau qui tangue sur plusieurs flancs. A noter parmi ce qui pourrait s’entendre carrément comme une bonne nouvelle, le fait que la sylviculture jardinée ait été adoptée pour l’Ile de France. En effet, elle était initialement préférée des points de vues écologistes et paysagers par rapport au modèle de sylviculture agronomique à renforts d’intrants que constitue la futaie régulière, modèle qui a fortement déplu aux franciliens par le fait qu’il impacte le paysage, contribuant pas moins à l’apparition de coupes rases, précédées de coupes laissant quelques grands arbres isolés, suivies de parcelles en régénération, dégradant l’image que l’on se fait d’une forêt.
Toutefois d’autres questions aiguisées surviennent. Car si la futaie jardinée est un modèle n’aboutissant pas à l’apparition d’éclaircissements abrupts, rien n’empêche qu’on la surexploite quand même, et que l’on rabote l’âge des arbres de sorte que notre descendance ne reverra pas près de chez elle des stades matures de boisement. Le fin du fin étant même de ne jamais laisser trainer des empilements de grumes à l’entrée des chemins pour que les riverains ne s’aperçoivent plus des prélèvements.
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De plus, en se donnant pour vitrine la gestion de la forêt francilienne en mode futaie jardinée, l’ONF pourrait intensifier plus encore la sylviculture régulière (dite « champ d’arbres » dans le langage non professionnel) dans les autres régions de France. Si en sylviculture, la futaie jardinée est le paysage forestier qui synthétise le mieux en un même lieu le respect des trois fonctions écologique, économique, sociale de la forêt, des faits attestent que cela ne bride pas la fonction économique, tout au contraire !
A signaler par exemple le côtoiement de deux modèles de sylviculture dans le massif de Darney, entre les Vosges et la Haute-Saône : la futaie jardinée d’Alain Chavanne (expert et propriétaire forestier affilié à Pro Sylva), et la forêt domaniale en futaie régulière de l’ONF. On remarque que la première s’avère nettement plus bénéficiaire que la seconde… Un décalage que le surcoût de gestion publique de l’ONF ne suffit pas à expliquer. Nombre de praticiens de la futaie jardinée (ou « irrégulière », « continue ») invoquent plutôt un effort supplémentaire pour la compréhension des processus naturels qui s’avère payant.
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Qu’en est-il du droit de vigilance de la société civile sur la gestion forestière ?
Dans les annonces de l’ONF qui retiennent l’attention, il y a celle en Ile-de-France de proposer des Conseils de Gestion Patrimoniale, où la société civile et les associations naturalistes peuvent être concertées avant que soient entérinés les plans de gestion. Ce semble un espace de rencontres où les maires, les associations (moins les individus semble-t-il) seront conviés. Reste effectivement à savoir qui le sera vraiment, car il est parfaitement possible de faire une concertation simulée distincte d’une consultation ouverte assimilant les arguments légitimes dans les décisions. Mais il semble que les autres régions de France restent complètement à l’écart de ce traitement de faveur. Il y a même des signaux d’alerte indiquant un glissement inverse comme l’aspiration manifeste de la direction générale à ne plus vouloir faire marteler les arbres (c’est-à-dire désigner sélectivement ceux que l’on va couper). Dès lors, elle laisserait les exploitants choisir les bois. La tendance serait donc de se rapprocher du modèle de la concession forestière africaine où la priorité est donnée au client qui a libre choix et se sert. Cette initiative, subrepticement évoquée en termes pratico-pratiques, est en réalité très lourde de conséquences pour le futur de la forêt française. Cela exprime en fait un désengagement de l’ONF (et par son intermédiaire de l’Etat) sur la préservation de la gestion patrimoniale des forêts françaises et sur une vigilance visant l’amélioration de l’écologie forestière. L’inventaire préalable aux plans de gestions (« aménagements forestiers ») dans les forêts publiques pourrait également être substitué par la télédétection sur les grands massifs en recourant aux lasers terrestres et aériens. Ainsi serait renforcé le centralisme technocratique de l’ONF qui ne voit la forêt française que par la vision simpliste des chiffres, en perdant complètement pied avec la dimension qualitative et locale des lieux qu’elle supervise.
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Qu’en est-il de l’évolution de cette sylviculture par rapport aux labels forestiers ?
Quand on sait qu’en zone tropicale le label FSC repose essentiellement sur les inventaires et sur les plans de gestion qu’on cherche aussi à répercuter en France ; quand on voit le label PEFC plus fondé initialement sur la norme ISO 14001 que sur les critères spécifiques à l’écologie forestière ; quand derrière ces deux labels forestiers, on voit des certifications en substitut des manquements législatifs ; quand un doute sérieux s’installe devant le respect des clauses justifiées d’un code forestier ayant traversé sept siècles ; quand le contrôle de l’Etat sur les forêts, à l’instar du martelage, semble de plus en plus relâché, au risque d’être démis à la faveur des intérêts privés ; alors tout candide observant la gestion forestière actuelle en France se pose très vivement la question : qui peut en assurer la qualité pérenne ? Mieux, qui peut en assurer les améliorations en compatibilité avec la maturation des consciences ?
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Jusqu’où l’intérêt de la partie contre le tout ?
Sans doute, l’Etat français n’osera pas vendre au privé le patrimoine national de la forêt française après le tollé populaire qui s’est déclenché quand le gouvernement britannique a voulu mettre fin à son homologue : la Forestry Commission. Mais rien n’empêche une gouvernance française de transformer graduellement le régime de l’ONF en celui d’une entreprise privée pure et dure. L’une des méthodes étant de passer au-delà de la barre des 50 % dans le personnel embauché avec un statut (de CDI) de droit privé. Or on sait qu’un personnel de statut privé est bien moins habilité à dire la vérité quand les intérêts d’entreprise contreviennent au droit public, à l’écologie forestière, tout comme à une meilleure régulation de l’économie. Il y a un risque réel que la surveillance des limites de forêts, ainsi que toute suite donnée au martelage des arbres soit repris en mains par des « techniciens forestiers territoriaux » (antérieurement appelés « gardes forestiers ») davantage sous tutelle des intérêts industriels et commerciaux qu’en charge de représenter la dimension publique et la valeur écologique de nos forêts. N’est-ce pas d’ailleurs éminemment pressenti sous l’expression mainte fois entendue : « forêt privée de l’Etat » ? Le temps où le garde forestier prêtait serment sur le code forestier est-il définitivement refoulé par les lois du marché ? L’enjeu est fort. En sachant que l’ONF met sur le marché environ 40 % du volume de bois, cela signifie que si on réussit à pervertir l’ONF, ces 40 % d’un seul bloc se répercutent en responsabilités sur toute la filière. En outre, ce n’est pas moins l’exemplarité de l’Etat qui disparait pour influencer la façon dont la forêt privée sera traitée. Si cela s’entérine, c’est un déclin de représentativité par le biais duquel l’éthique citoyenne n’aura plus aucun droit d’influence.
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Puisse l’État autoriser le forestier à exister dans la complétude de son professionnalisme sans l’assujettir à une fonction de sylviculteur servile
Depuis le début des années 90, j’ai pu présenter des expositions photographiques portant la part de rêve propre au monde des forêts. J’atteste avoir vu la plupart du temps l’agent local de l’ONF en visiteur pour ce type d’évènement sans que j’ai eu de réflexe à le prévenir. Là, j’ai maintes fois senti la personne humaine aimant son monde en amont de la fonction qu’il assume. Je ne crois pas que toutes les corporations professionnelles aient le privilège de porter à ce point dans l’âme ce que leurs activités leurs donnent d’appréhender. J’ai peur que des générations ainées s’en aillent avec ce fond de présence enfouie, laissant les générations suivantes encore plus vides d’elles-mêmes. Ainsi s’aiguisent mon empathie et ma gravité.
C’est dire que les relations entre les naturalistes et les forestiers sont depuis longtemps complexes et paradoxales dépassant le simplisme comportemental du militant face aux logiques monolithiques du marché. Ce vis-à-vis des consciences ressemblerait plutôt à des cellules qui, n’appartenant pas aux mêmes organes, se sentiraient toutefois appartenir à la même maladie, puisque appartenant au même corps : la société. Cela fait davantage converger les regards vers la responsabilité engagée au niveau gouvernemental (quelque soient les bords politiques qui se suivent) avec la vive inquiétude de voir la chaine décisionnelle des états majors se faire hypnotiser par les chiffres du marché quand une réalité professionnelle beaucoup plus profonde part en décrochage entre le vital sensible des êtres humains et les équilibres du vivant dans la nature. Oui l’âme d’un métier est de plus en plus rapidement érodée, vidée de son sens, vidée de son essence. Ainsi, on se demande si une logique d’entreprise ne va pas se désagréger comme un météore dans l’atmosphère ? Si un corps de métiers ne va pas tomber sur les genoux ?
On entend des forestiers prenant leur retraite se dire soulagés de quitter les temps qui viennent. J’ai entendu un directeur d’agence de l’ONF dire que l’on trouve très difficilement de jeunes français pour les activités de base tel le bucheronnage, et qu’il est souvent fait appel à la main d’œuvre étrangère. Mais a-t-il vu qu’à partir du moment où un travail retrouvait du sens et se reconnaissait dans des valeurs essentielles, les jeunes français pouvaient revenir ? Comme par exemple dans les emplois de caissières et de caissiers de magasins bio en alternative aux supermarchés standards ? Et si pour les générations qui venaient la valeur du sens comptait plus encore que la valeur du salaire ? N’est-ce point d’ailleurs la demande légitime d’une société voulant continuer à évoluer au-delà d’un niveau de confort, en évitant de se retrouver piégé dans toute survie concurrentielle pour le maintenir ?
En tout cas, le signal qui pouvait le plus impressionner le parisien de la rue, a été de voir le syndicalisme forestier tirer la sonnette d’alarme sur la place publique concernant la qualité de forêt que la sylviculture française s’apprête à léguer aux générations futures. Manifestement la conscience intime d’une très grande part de forestiers ne s’y retrouve plus ! Cette alerte, particulièrement mise en avant par le Snupfen, un syndicat spécifiquement forestier, est quand même singulièrement distincte des revendications sollicitant de meilleurs salaires et de meilleures retraites ! Du reste cette attitude s’est retrouvée plus largement renforcée par une alliance intersyndicale. Cela touche l’intérêt suprême du bien commun dans lequel les fonctions écologiques et sociales de nos forêts sont fortement éprouvées par les logiques internationales de marchés.
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En amont, les élus et les états majors de la gestion forestière vont-ils atterrir ou atterrer ?
Et les médias, à quoi jouent-ils ?
Par expérience, je suis péniblement accoutumé à la mise sous silence récurrente des médias français et de la plupart des partis politiques concernant le sujet forêt quand il s’agit de signaler sans omission les enjeux réels. Pour donner un exemple parmi d’autres, l’information me parait très partiale ou partielle quand les contradictions entre le bois-énergie et l’écologie forestière ne sont pas explicitées de sorte de poser les limites. De même, les rédactions ne semblent pas vouloir faire leur travail d’investigations à la juste mesure quand pourtant des riverains de forêt sont alarmés par des coupes rases. Si un livre comme « La vie secrète des arbres » semble commercialement dopé en termes de promotion en déclarant son antériorité de best-seller international, cela permettra-t-il enfin en France d’ouvrir le débat forestier sur la place publique ? Ou seulement de voir passer une étoile filante dans le monde de l’édition ? Derrière les thèmes de ce livre, combien d’autres thèmes forestiers nécessitant leurs émergences passeront-ils sous silence ? Les médias s’ancrent facilement dans les mêmes conditionnements de pensées pour appréhender le sujet forêt et passent trop souvent à côté de questions essentielles. Cela s’avère très pesant pour les personnes conscientes de longue date…
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L’hyperspécialisation des métiers contre « les écosystèmes professionnels » ?
Parmi les malaises signalés à l’ONF, le cloisonnement des compétences dans l’hyperspécialisation compromet toute possibilité de gestion cohérente. Il est difficile d’imaginer atteindre une cohésion humain/nature dans la gestion forestière sans que les organisations professionnelles se constituent en « écosystèmes de compétences », se murissant mutuellement dans l’interdisciplinarité et s’accordant aux dynamiques naturelles des écosystèmes forestiers. Ainsi, la prévalence à faire du chiffre envers et contre tout, contrevient à l’harmonie d’une gestion patrimoniale de la forêt française, tout comme à une sylviculture aimant la nature dans sa dimension première, avant toute exploitabilité. Là, certainement, est à relever une blessure psychologique profonde en filigrane d’un métier hanté par la nostalgie d’une vocation détournée. Il semble que l’ONF ait pour enjeu de retrouver de manière imminente la mue qui est la sienne au risque de se désagréger au seuil même de sa mutation manquée. Autrement, il se verrait seulement soumis aux lois du marché érigées en dissociation des principes de régulation des écosystèmes et des climats. C’est ainsi que lui incombe la mission inverse, celle d’être une pionnière de l’exemplarité dans le fait de réintégrer les lois du marchés dans la matrice des écosystèmes, de la biosphère et du climat. L’ONF étant le délégué de l’Etat, il devrait influencer les gouvernements successifs pour qu’ils insistent auprès de l’Europe afin que la régulation des marchés de la filière bois s’accorde à la régulation écologique des territoires. Pour le moment l’affaiblissement français semble abandonner sa part de vigilance aux instances européennes, plus avisées dans certains réseaux. Là encore, le silence médiatico-politique franco-français a énormément desservi !
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L’ONF a-t-il une gestion adaptée à la santé de la nature et de l’humain ?
Si on se met à témoigner des méthodes de gestion de l’ONF aux managers les plus en pointe, ceux réellement éclairés par les notions de systémique et d’intelligence collective, on peut s’attendre à ce qu’ils soient particulièrement étonnés par la manière dont cet établissement est dirigé. Sa position caricaturale de durcissement parait totalement contrevenir au management du XXIe siècle. Cela semble en désaccord avec l’image juvénile d’un président de la république, et d’un gouvernement dont on s’interroge, comme pour ses prédécesseurs, de leurs connaissances réelles du sujet !
Quand en quinze ans on relate 45 suicides et un meurtre au sein de l’établissement, l’opinion publique est en droit de se demander si l’Office a toujours la compétence pour répondre à ses prérogatives concernant la fonction sociale de la forêt au niveau national ? Cela interroge encore plus vivement quand la presse vante les vertus de la sylvothérapie en mentionnant le médecin japonais Qing Li, comme si on découvrait le sujet pour la première fois ; tandis que la France, spécialiste dans l’amnésie envers ses pionniers, a remarquablement oublié l’ouvrage très étayé sur ce sujet que l’ingénieur forestier Georges Plaisance avait publié en 1985 (1) !
Et que dire des autres approches du même domaine que la sylvothérapie pouvant à terme émerger au sein de la fonction sociale de la forêt, mais se découvrant naitre dans des lieux dont on aura préalablement désagrégé la valeur paysagère de sorte que ces pratiques ne pourront jamais naître en France ?
Vers quoi s’égare la sylviculture quand les sciences naturalistes évoluent de plus en plus d’une écologie causale vers une écologie multifactorielle, et plus encore : vibratoire ?
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Les difficultés récurrentes de l’ONF par rapport à un statut ambivalent
Depuis sa fondation en 1964, l’appellation ONF n’a eu de cesse d’instiller l’ambigüité dans le public, les associations naturalistes, et les autres institutions de l’Etat, quand le terme « Office » sous-entend un organisme de services mandaté par l’Etat, alors que son statut d’EPIC (Etablissement Public Industriel et Commercial) le tire constamment vers un régime de productivité plus caractéristique d’une entreprise bien moins responsabilisée devant des services non-commerciaux d’échelle nationale. Cette dissension fonctionnelle a maintes fois fait l’objet de frictions émotives entre les interlocuteurs, de silences d’éviction, si ce n’est à entendre les détracteurs qualifier l’ONF de « schizophrène ».
Si l’ONF est sous la tutelle de deux ministères, celui de l’agriculture et celui de l’écologie, on peut se demander s’il est vraiment juste que le ministère de l’écologie apparaisse trop souvent sous tutelle du ministère de l’agriculture pour les questions forestières ? Le gouvernement n’est-il pas déjà responsable des dysfonctionnements de l’ONF dans l’iniquité des tutelles ? A ce constat du déséquilibre entre deux, s’ajoute l’absence d’un troisième, tellement la fonction sociale de la forêt ne trouve pas sa représentativité ministérielle. Ainsi cela renvoie toujours la conscience citoyenne de la forêt au point mort de sa maturation, tout comme les consciences visionnaires à leur perpétuel esseulement.
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Retourner en force de maturité cette faiblesse de l’ONF quand elle est inhérente à une multifonctionnalité des forêts que l’on ne peut biaiser
Compte-tenu de ses responsabilités sur les trois fonctions écologique, sociale, et économique de la forêt, ne serait-il pas plus juste de voir le Directeur Général de l’ONF gérer son Office davantage comme un maire plutôt que comme un chef d’entreprise ? A chaque fois qu’une structure économique est obligée de marier des contraires, c’est soit source de rapports de force, soit source de rapports de maturation. On voudrait voir les rapports de force abandonnés aux passés révolus, et les rapports de maturation ouvrir les portes de l’avenir. Si déjà les élus et les états majors de l’ONF sont capables de comprendre cela et de le mettre en actes, il est possible de voir une structure comme l’ONF devenir pionnière et pilote dans une maturité de management par rapport au monde environnant des entreprises, en sachant marier la valeur écologique des lieux, la maturation sociale des rapports humains/nature avec une économie régulée. Puissent leurs décideurs vouloir s’en donner la bienveillante volonté.
Relevons que pour une gestion forestière dans les mains de l’Etat l’urgence d’une prospective s’avère plus que pressante tellement l’accouchement du futur ne saurait se concevoir avec l’extrapolation caricaturale d’un passé, tout comme avec une gestion autoritaire trop encline à tarir les idées.
C’est sans doute la plus grande valeur que l’ONF puisse engager : celle de ne pas faillir envers une amélioration qualitative des forêts inhérente à l’évolution du forestier dans les fondamentaux complets de sa vocation.
A la sortie de ces considérations,
on a envie de clamer « Élus réveillez-vous ! »
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Bernard Boisson anime le site www.natureprimordiale.org
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1 – Forêt et Santé – Guide pratique de sylvothérapie – Editions Dangles – 1985
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