Le Soir d’Algérie, quotidien algérien indépendant, a rapporté une information selon laquelle «un cinquième de la population souffre de troubles auditifs».
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par M’hamed Rebah
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Ce journal a cité des spécialistes qui ont tiré la sonnette d’alarme sur ce phénomène dont la cause, selon eux, est à rechercher du côté des nuisances sonores. Celles-ci sont régulièrement évoquées et dénoncées par la presse algérienne qui se fait l’écho du mécontentement de riverains agressés par le bruit. Mais du côté des autorités, à quelques exceptions près, aucun écho à leurs plaintes, c’est la sourde oreille. Encore pire, une des sources des nuisances sonores dont souffre la population se trouve dans les activités dites de loisirs (concerts bruyants de musique et hauts parleurs posés sur le trottoir), organisées par les autorités locales sur la voie publique et au milieu d’habitations, qui se prolongent tard le soir, provoquant un vrai tapage nocturne, au mépris de la tranquillité des riverains.
Ces activités sont en violation non seulement d’un décret qui remonte à 1993 (et que l’on doit à Belaid Abdesselam, qui était chef du gouvernement à l’époque), mais surtout de la loi sur l’environnement de juillet 2003, qui impose une étude d’impact pour les activités bruyantes sur la voie publique. La loi vise évidemment les travaux d’utilité publique (réparation de canalisations d’eau ou réfection d’une chaussée, par exemple) et non pas les activités de loisirs ou de publicité commerciale qui peuvent être délocalisées vers des lieux éloignés des habitations. Les nuisances sonores viennent également de la circulation automobile par l’utilisation abusive du klaxon ou du poste radio, et par les motos qui pétaradent à n’importe quelle heure, y compris la nuit. La loi algérienne punit ces infractions mais elle n’est pas appliquée.
Le bruit et les nuisances sonores sont une marque des capitales des pays sous-développés, à la différence des capitales et villes des pays développés où la caractéristique dominante est la lutte systématique contre le bruit pour assurer toute la tranquillité aux habitants. En France, depuis le 1er juillet 2017, la réalisation de travaux de rénovation énergétique globale (ravalement, toiture…) doit s’accompagner de travaux d’isolation acoustique dans les zones particulièrement exposées au bruit.
En Algérie, les autorités de la wilaya d’Oran, qui constituent une exception en matière de lutte contre les pollutions et nuisances, ont pris des mesures contre les fauteurs de bruit. En mai 2017, selon notre confrère Le Quotidien d’Oran, la Commission de contrôle et de surveillance des établissements classés pour la protection de l’environnement, dont le secrétariat est assuré par la direction de l’environnement de la wilaya d’Oran, a procédé à la fermeture de quatre commerces et a adressé des mises en demeure à huit autres, à la suite de plaintes de citoyens contre les nuisances sonores. Les autres villes algériennes, dont la capitale, devraient suivre cet exemple. Les spécialistes attirent l’attention sur les conséquences du bruit sur la santé : irritabilité, dépression, insomnie … Ils font savoir qu’« une bonne audition et une bonne compréhension sont des conditions nécessaires à l’acquisition des apprentissages fondamentaux et à l’insertion dans le milieu familial et social ». Pour minimiser les risques, les scientifiques conseillent de contrôler le niveau de bruit en se servant d’outils spéciaux. Ils appellent également à utiliser les moyens de protection de l’ouïe. Ils suggèrent de « mieux isoler les lieux d’habitation, les lieux de travail et les écoles mais aussi retravailler les projets d’urbanisme notamment en aménageant des zones calmes, isolées et éloignées des axes bruyants ».
La sous-estimation des nuisances sonores en milieu urbain, en Algérie, découle de l’ignorance des effets de ce véritable fléau environnemental et de la méconnaissance de son cadre juridique, par les élus et gestionnaires locaux, en premier lieu. Une journée d’étude organisée au début de 2017, il y a un an, à Constantine par l’Institut de Gestion des Techniques Urbaines (Université de Constantine) en collaboration avec le Laboratoire Ville et Santé, aurait dû les intéresser. Elle a porté sur la question des nuisances sonores en milieu urbain. Mais quelle place occupent l’environnement et les nuisances sonores dans les cycles de formation destinés aux membres des Assemblées populaires communales (APC) ?
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Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Alger).
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