Crèches, écoles et collèges pollués en Ile-de-France : un bilan inquiétant révélé par Robin des Bois

Toujours fidèle, l’association Robin des Bois, creusant le sujet de l’écologie, révèle le travail du ministère de la Transition écologique et solidaire, qu’on aurait tort d’ignorer. Tant que les associations augmenteront le Bien Public, on peut se réjouir.

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par Marie-Paule Nougaret

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Voici l’introduction de la synthèse publiée par Robin des Bois sur son site, que vous pouvez lire en version intégrale en cliquant ici.

Après les Hauts-de-France et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Robin des Bois publie les synthèses des diagnostics des établissements accueillant des enfants et adolescents en Ile-de-France et des crèches et haltes garderies à Paris intra-muros.

Ces diagnostics concernent les établissements bâtis à l’aplomb, en contiguïté ou à proximité immédiate d’installations industrielles ou d’activités commerciales historiques susceptibles d’avoir durablement contaminé les sols et les eaux souterraines (lire ci-dessous).

Cet inventaire résulte d’une campagne nationale déployée depuis 2012-2013 sous la responsabilité du Ministère de l’écologie.

Ces campagnes de vérification et de dépistage des pollutions historiques dans les écoles intéressent aussi les riverains. Selon leur situation géométrique et hydraulique, ils peuvent être dans une situation égale, allégée ou aggravée par rapport à l’établissement sensible diagnostiqué.

Après en avoir fait la demande aux services de l’Etat et obtenu l’avis favorable de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), Robin des Bois a reçu en octobre 2016 123 diagnostics pour les établissements accueillant des enfants en Ile-de-France depuis la crèche jusqu’au lycée et 40 diagnostics pour Paris intra-muros concernant exclusivement des crèches et haltes garderies.

Pour l’Ile-de-France hors Paris intra-muros :
– 58 % des établissements doivent faire l’objet d’une vigilance renforcée sur le long terme pour maintenir en bon état les dalles de béton et autres revêtements de sols ainsi que les vides sanitaires de manière à réduire le transfert des polluants sous forme de poussières ou d’émanations dans les salles de classe, les cours de récréation et les logements de fonction.
– 4% des établissements doivent faire l’objet d’aménagements ou de précautions d’usage comme la fermeture des jardins pédagogiques, l’amélioration de la ventilation et la recherche de la source de pollution. Il est parfois recommandé de laisser couler l’eau des robinets plusieurs minutes avant de l’utiliser.
– Un établissement mérite un lever de doute radiologique. Le collège Sainte-Thérèse au Mesnil-Saint-Denis dans les Yvelines a été construit sur l’emprise d’une entreprise ayant mis en œuvre des radioéléments artificiels.

Pour Paris intra-muros :
– 52 % des crèches et haltes garderies doivent l’objet d’une vigilance renforcée.
– 23 % des crèches et haltes garderies doivent l’objet d’aménagements et de précautions d’usage.

Les polluants majeurs sont les hydrocarbures, les solvants chlorés et le plomb. A cet égard, Paris intra-muros détient le record avec une concentration en plomb de 1400 mg/kg dans les sols du jardin pédagogique d’une crèche.

La bonne qualité de l’eau, des sols, de l’air dans les établissements accueillant des enfants et des adolescents est primordiale. Les polluants ont des impacts sur le développement du cerveau, du système nerveux, du squelette et peuvent avoir des effets différés sur les capacités de reproduction. Pourtant, faute de moyens financiers mais sans doute aussi parce que les résultats des premières vagues de diagnostics sont plus perturbateurs que prévu, cette campagne pionnière est pour le moment interrompue. Les écoles primaires et les lycées à Paris intra-muros ne sont plus soumis à cette opération de dépistage.

Il ne suffit pas de fermer les portes, de purger les robinets, d’ouvrir les fenêtres et de condamner des pièces. Il faut extraire les sources de pollution. Le problème de la Mairie de Paris et des autres collectivités, c’est qu’une dépollution coûte cher, oblige à fermer les établissements et dure plusieurs mois ou années.

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La mémoire défaillante
La liste des établissements à diagnostiquer a été faite en croisant leurs coordonnées géographiques et les bases de données BASIAS qui recense les activités commerciales et industrielles potentiellement polluantes (248.000 installations) et BASOL qui recense les sites pollués par des activités industrielles historiques ou existantes.

La fermeture du collège Saint Exupéry à Vincennes (Val de Marne) montre qu’il y a des failles dans le dispositif. A l’occasion de travaux d’extension, une pollution par des solvants chlorés à été mise en évidence et a rappelé aux autorités les anciennes activités industrielles en contiguïté du site au début du XXème siècle, probablement un atelier de travail des métaux spécialisé dans les œillets métalliques (fiche BASIAS). Cet atelier était implanté dans une impasse complétement disparue de la mémoire cadastrale et administrative. A tort, ce collège n’était pas sur la liste des établissements à diagnostiquer. Un autre site est digne d’intérêt, l’atelier Paillard (fiches BASIAS).

De même, le groupe Jules Ferry à proximité immédiate de l’usine SNEM à Montreuil (Seine-Saint-Denis) a échappé jusqu’alors aux diagnostics alors que l’emprise de la SNEM a été exploitée depuis 1928 par de nombreux industriels.

Le scandale continue
Selon la circulaire du 8 février 2007 émise par le Ministère de l’écologie, la construction d’établissements scolaires sur des sites pollués doit être évitée. Cette circulaire n’est pas strictement appliquée et à titre d’exemple, le collège Confluence d’Ivry-sur-Seine a été achevé en 2015 et n’ouvrira pas avant la rentrée 2018 suite à la mauvaise évaluation initiale de la pollution au mercure. Le collège a été construit à l’aplomb d’une ancienne usine de lampes Philips. Il en va de même pour le groupe scolaire sur l’écoquartier de La Courrouze à Rennes dont la construction sur une ex cartoucherie a été interrompue en 2016 à cause d’une pollution métallique et en solvants chlorés plus importante que prévue. Les bâtiments scolaires déjà construits devraient être reconvertis en bureaux.

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