Découvrir et protéger nos abeilles sauvages par Nicolas Vereecken

Ah, voici un livre naturaliste que l’on en attendait depuis longtemps ! Il nous présente des animaux très courants, visibles par un large public, mais sur lesquels il n’existait pas vraiment d’ouvrage de vulgarisation : les abeilles sauvages. On les appelle également abeilles solitaires, car beaucoup d’espèces niches seules, contrairement à notre unique espèce d’abeille domestique. La plupart d’entre elles sont terricoles (elles pondent dans des petits terriers, visibles en bord de chemin ou dans les jardins), d’autres caulicoles (dans des tiges creuses) ou hélicicoles (dans des coquilles d’escargots vides !). D’autres encore sont dites maçonnes, car elles cimentent leur nid, ou bien tapissières car elles le tapissent avec des feuilles de rosier ou des pétales de coquelicot… C’est dire la passionnante diversité de ce presque millier d’espèces différentes vivant en France. Comme on peut s’y attendre, certaines sont en forte régression, mais d’autres se maintiennent, voire se répandent géographiquement, comme la collète du lierre que l’on observe facilement en automne.

Ingénieur en sciences agronomiques, docteur en sciences biologiques et professeur d’agroécologie à à l’Université libre de Bruxelles, mais aussi excellent macrophotographe, Nicolas Vereecken nous dévoile les mœurs secrètes de ces passionnants hyménoptères avec un langage clair et des images étonnantes de précision. Leur nombre et leur variété montrent les heures que l’auteur a passées sur le terrain pour les obtenir.

Nicolas Vereecken termine avec des conseils pratiques pour la protection des abeilles sauvages, avec des tableaux des plantes et de leurs insectes associés. Il exprime aussi de salutaires bémols sur cette nouvelle mode d’installer partout soit des hôtels à abeilles géants, qui peuvent attirer des prédateurs et des parasites, soit des ruches d’abeilles domestiques pour soi-disant favoriser la pollinisation. En fait, les 30 000 à 60 000 abeilles domestiques de chaque ruche visitent presque toutes les fleurs existantes, et exercent une terrible concurrence sur leurs cousines sauvages plus vulnérables, car souvent spécialisées dans une seule espèce de fleur.

Enfin, l’auteur revient sur deux clichés à propos des abeilles : il est remonté à la source de la fameuse phrase attribuée à Einstein sur la disparition de l’humanité qui suivrait celle des abeilles, et est remonté à Darwin en passant par Maeterlinck. D’autre part, ayant lui-même voyagé en Chine, Nicolas Vereecken rappelle que les paysans du Sichuan qui pollinisent leurs arbres fruitiers à la main le font pour sélectionner les arbres donneurs et récepteurs, et non parce que la région aurait été vidée de ses butineurs. Une bonne nouvelle dans un très bon livre.


Éditions Glénat, 25 € – www.nature.glenatlivre.com
Contact presse : Laure Wachter. Tél.: 01 41 46 10 34 / 06 95 88 13 34 – laure.wachter@glenat.com
(Marc Giraud)