Au Sénégal, les associations Korsa et Lamko ont créé des cultures maraîchères (tenues par des femmes) et développent désormais des projets médicaux et éducatifs et culturels.
par Jane Hervé et Alan Riding
Après s’être rendu dans la région de Tambacounda (sud-est du Sénégal), l’écrivain Alan Riding, ancien correspondant du New York Times, a admiré l’action menée par l’ONG américaine Korsa.
Une association cousine a été créée en France : Les Amis du Korsa-Lamko. Son lieu d’action est Tambacounda, à 430 km de Dakar (7 h 30 de route) dans la région la plus pauvre du pays. Ses habitants n’ont guère que le choix de l’exil, vers le Mali d’abord, puis le Niger et enfin la Libye. Une équipée longue, harassante et coûteuse, car les trafiquants exigent des sommes faramineuses. La traversée de la mer sur une embarcation de fortune, instable et surchargée, s’avère souvent périlleuse. L’espoir d’atteindre l’Italie ne se réalise pas toujours. Il est fréquent d’apprendre au village la disparition de tel ou tel.le exilé.e.
Quelles actions ont déjà été menées ? Il y a deux ans, un centre culturel Thread cofinancé par Le Korsa et la Fondation Josef et Anni Albers a ouvert à Sinthian, à 55 km au sud de Tambacounda. Il a déjà accueilli en résidence plus de 40 artistes sénégalais et internationaux qui associent la jeunesse locale à leurs activités. Il a piloté un projet de cultures maraîchères lancé par Le Korsa et mis en œuvre exclusivement par des femmes. En 18 mois, les rendements leur assurent déjà l’autosuffisance et la qualité de la nutrition du village a progressé de manière significative.
Fort de son succès, ce programme a essaimé vers trois communes voisines où Le Kors finance des puits pour l’irrigation des cultures. Aujourd’hui à Tambacounda, seule agglomération du district, l’hôpital sous-équipé où les patients arrivent de partout est débordé. Dans la maternité et le service pédiatrique délabrés, des dizaines de femmes et d’enfants attendent un examen. Nouveau-nés et enfants malades sont parqués dans la même pièce, parfois le même lit. Le Korsa a déjà fourni certains équipements. L’association souhaite lever des fonds – 200.000 US $, environ 185.270 € – pour rénover et agrandir cette maternité-pédiatrie. Le directeur de l’hôpital, qui fait au mieux avec peu de ressources, en attend beaucoup.
Le Foyer de Jeunes Filles (financé par le Korsa) héberge des jeunes femmes originaires des villages environnants, afin qu’elles suivent des études secondaires en sécurité. Actuellement, 74 étudiantes de 12 à 22 ans y résident. Elles ont échappé – jusqu’ici – au mariage et aux grossesses précoces. Elles rêvent de devenir docteur, sage-femme, journaliste ou même…Présidente ! Le prochain projet Korsa est de construire un foyer similaire pour les garçons.
La première pierre de la nouvelle école primaire à Fass (rive sud du fleuve Gambie) vient d’être posée. Les autorités religieuses locales ont approuvé le principe de cette école mixte après deux ans de réflexion. L’inauguration festive a eu lieu en présence de l’imam. Ce projet est cofinancé par le Korsa qui l’a construite et par le Lamko qui rémunèrera ses enseignants et achètera des fournitures pour 200 élèves jusqu’à ce que l’école intègre l’éducation sénégalaise.
La stratégie générale est claire : partir des besoins pour y répondre. Les partenaires – médecins, éducateurs et travailleurs sociaux sénégalais – entament désormais une collecte de fonds à Paris pour maintenir leur action. Tout don est bienvenu et déductible des impôts français. En tant que partenaire du Korsa, le Lamko espère contribuer à améliorer les conditions de vie dans cette région. Pour plus de détails, consultez le site lamko.org.
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