Un groupe de journalistes des JNE assiste au Tribunal International Monsanto qui se tient du 14 au 16 octobre à La Haye (Pays-Bas) et à l’Assemblée des peuples qui l’accompagne. Voici le premier de leurs compte-rendus. Guettez les infos de nos envoyés spéciaux sur le fil Tweeter des JNE et notre page Facebook !
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par Carine Mayo
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Ils sont venus des quatre coins de la planète raconter comment leur vie s’est trouvée modifiée du jour au lendemain suite à la confrontation avec la multinationale Monsanto (aujourd’hui Bayer).
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Tel Percy Schmeiser, agriculteur canadien accusé par cette firme d’avoir cultivé illégalement du colza transgénique, alors que ces champs avaient été contaminés par cette plante en 1997. « A cette époque, nous ne savions même pas ce qu’étaient des OGM (GMO en anglais). Nous pensions que cela voulait dire General Motors », explique-t-il.
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Il raconte alors les menaces et les pressions qu’il a subies pour ne pas avoir voulu payer de redevance à la multinationale, dénonce une culture de la peur.
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Malgré cela, il a tenu bon et a fini par gagner en obtenant au bout de onze ans de procès la reconnaissance de la contamination de ses champs. « Aucune entreprise, aucune entreprise ne devrait pouvoir contrôler la vie », conclut-il.
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Nilvia Silva, représentante de la Via Campesina et des paysans sans terre au Brésil, évoque les expropriations dont ont été victimes les paysans. « La production de soja transgénique a assassiné les paysans du Brésil, d’Argentine, d’Uruguay », assène-t-elle.
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Même son de cloche chez Ali Tapsoba, du collectif citoyen agroécologique du Burkina Faso, qui dénonce l’introduction du coton transgénique dans son pays et le désordre social qu’elle a provoquée. « Chez nous nous partageons les graines depuis des millénaires. » Une pratique qui a été bouleversée par l’arrivée de Monsanto. « Sur le plan économique et social, c’était la catastrophe. Nous ne pouvions plus vendre notre coton. Les paysans se sont retrouvés dans la misère. »
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Mais la société civile s’est mobilisée et le Burkina a arrêté de produire du coton transgénique. Ali Tapsoba est venu à La Haye avec deux propositions : réfléchir à un fonds international contre Monsanto et à la création d’un fonds international des femmes pour la souveraineté alimentaire.
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« Ici je ne suis plus burkinabé, je suis africain, je suis européen, je suis américain, je suis asiatique », proclame cet orateur hors pair. Et de conclure : « la semence est la mère de toute chose. »
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