Voici une analyse très précise des causes de la situation actuelle sur le front des inondations en Ile-de-France, rédigée par un adhérent des JNE qui est à la fois journaliste et biogéographe.
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par Christian Weiss
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Certes, l’oscillation météorologique est exceptionnelle et je me garderai de produire immédiatement des assertions hâtives; je retiens toutefois que les crues enregistrées précédemment se sont produites pendant les premiers mois de l’année et pas à la fin du mois de mai …
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Conséquences de l’altération de la morphologie d’un cours d’eau
75 % du réseau hydrographique francilien, les têtes de bassin versant, sont constituées de rus, de ruisseaux et d’aubettes qui représentent l’arborescence en amont des rivières et du fleuve Seine.
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Le remembrement des parcelles agricoles, réalisé sans étude d’impact, a bouleversé cette architecture paysagère et ces écosystèmes qui concouraient à ce que les flux pluviaux demeurent laminaires, grâce à la présence de mares en chapelets et de petits marais qui les jouxtaient et qui favorisaient l’infiltration de ces excédents pluviaux vers les nappes phréatiques et leur stockage dans les marais, véritables tampons aquatiques.
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Aujourd’hui, la plupart des ruisseaux ont été transformés en « fossés de drainage » par les gestionnaires des surfaces agricoles, ce qui favorise les écoulements torrentiels, sans parler des impacts sur la biodiversité. Le lobby de l’agriculture industrielle poursuit pourtant cette politique environnementale aveugle, en prétendant que ces ruisseaux n’en sont pas, mais qu’ils font partie de l’aménagement agricole, et de ce fait ne doivent pas être soumis à la loi sur l’eau et aux préconisations du Grenelle de l’Environnement (bandes enherbées épuratrices des intrants et des pesticides …).
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Cette minorité d’exploitants agricoles continue de polluer les nappes phréatiques, d’empoisonner l’air (38 pesticides jusque dans l’atmosphère parisienne), accélère l’érosion de la biodiversité en milieu rural et est en partie responsable des facteurs aggravant les inondations …
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Pas la peine de remarquer que ni ce gouvernement, ni les précédents n’ont vraiment légiféré sérieusement pour mettre fin à ces impacts sanitaires et environnementaux.
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Rappel hydromorphologique
La modification de la morphologie, suite à des travaux de recalibrage, de rectification et d’effacements de méandres ou de sinuosités conduit à :
– un surdimensionnement du lit du cours d’eau qui entraîne une diminution de la hauteur d’eau et souvent une augmentation de la température de l’eau, aggravant ainsi les phénomènes d’eutrophisation (algues vertes) ;
– une dénaturation du substrat constituant le fond du lit : la granulométrie devient homogène, les structures d’abris – gravières, roches, sous-berges – et les écosystèmes végétaux disparaissent, réduisant ainsi la capacité phyto-épuratrice du cours d’eau ;
– une réduction de la longueur du cours d’eau qui génère plusieurs dynamiques : accentuation de la pente, augmentation de la vitesse et de la densité du flux entrant en synergie et provoquant l’érosion des berges, encaissement du lit et incision des sols, favorisant ainsi l’apparition de ravines, la diminution des zones d’expansion et des sorties de lit plus conséquentes en aval …
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