« L’intérêt général et moi » : un film édifiant sur la démocratie des grands projets


Le film réalisé par Sophie Metrich et Julien Milanesi est une réflexion sur l’intérêt général à partir de trois projets d’infrastructure de transport : l’autoroute Langon-Pau (A65), la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Sud Ouest et l’aéroport Notre-Dame-des-Landes à Nantes. Sortie en salle le 1er juin.


par Danièle Boone


Affiche-Interet-generalUn mois avant le référendum sur Notre-Dame-des-Landes, ce documentaire qui invite à la réflexion tombe à pic. Sophie Metrich, réalisatrice, et Julien Milanesi, économiste, maître de conférences à l’université Paul Sabatier de Toulouse et chercheur au Laboratoire d’Etude et de Recherche appliqué en Sciences Sociales (LERASS), partent d’un projet qu’ils connaissent bien : la construction de l’autoroute A65 Pau-Langon. Ils s’étaient personnellement engagés dans la lutte. C’est après que la décision soit prise, qu’ils ont décidé de faire un film en élargissant à deux autres projets, la LGV Sud-Ouest et l’aéroport Notre-Dame-des-Landes.

Pendant six ans, ils ont donné la parole à des élus, dirigeants politiques nationaux et locaux, militants associatifs, journalistes, fonctionnaires, pour tenter de définir ce qu’est l’intérêt général, qui le définit et sur quels fondements. Il est question d’un sacrifice, celui d’une terre habitée, de ses paysages, de ses cours d’eau, de ses chemins, de ses villages, de ses maisons, de ses souvenirs. Et la question est celle de la justification : au nom de quoi ce territoire est-il sacrifié ? en échange de quoi ? Sur l’autel de quels espoirs, de quels principes ?

Démontant la caricature médiatique récurrente opposant l’intérêt général incarné par des élus et l’intérêt particulier porté par des riverains touchés par le syndrome NIMBY (de l’anglais « not in my back yard »), ils entraînent le spectateur vers une réflexion de plus en plus approfondie et très documentée notamment avec des images d’archives ou la lecture d’un arrêté de la Direction Environnement de l’Aquitaine autorisant la destruction par Aliénor d’une impressionnante liste d’espèces protégées pour la construction de l’A65.

Le film pointe les manipulations de chiffres, les surestimations, l’hypocrisie des PPP (Partenariats PublicPrivé), car il y a toujours une clause qui dit qu’en cas de faillite c’est la collectivité qui récupère l’équipement et les dettes qui y sont liées ! Cette clause est l’article 40 dans le contrat de concession de l’A65. Elle apparaît également dans celui avec Vinci pour l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Aujourd’hui, les pertes de l’A65 s’élèvent à 35 millions d’euros par an ! Hervé Kempf (JNE) rappelle le cas de Bernard Hagelsteen, préfet de Loire-Atlantique, responsable de l’enquête coût-bénéfice du projet d’aéroport, qui a quitté son poste pour devenir quelque temps plus tard conseiller chez… Vinci !


Le film est rythmé par des séquences d’expression corporelle avec Géraldine Borghi et Sébastien Dumont, un couple de danseurs immédiatement suivies de citations. Ma préférée : « A l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre » ,signée Jean-Jacques Rousseau.


En salle le 1er juin
L’intérêt général et moi est distribué par Coopérative Direction des Ressources Humaines

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