Après l’année du climat, l’année de la nature ?

 


par Carine Mayo, présidente des JNE.
Mayo-Carine

Fin 2015, les enjeux climatiques ont été propulsés à la une des journaux. 99 % des Français ont entendu parler de la COP 21 selon un sondage* paru au lendemain de la conférence sur le climat et 61 % d’entre eux ont déclaré s’y intéresser. Incroyable, alors que beaucoup pensaient au sein des JNE il y a encore 18 mois, qu’il serait difficile d’éveiller l’intérêt du public pour la question climatique (et surtout celui des rédactions !), après l’échec de la conférence de Copenhague en 2009.

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Que restera-t-il de cet emballement dans l’esprit des citoyens et dans celui des dirigeants de la planète ? Difficile de le prédire. Depuis 47 ans que notre association accompagne l’actualité environnementale, nous avons l’habitude de ces enthousiasmes qui retombent comme un soufflé. Et puis, notre monde entre dans une période d’instabilité qui rend les engagements difficiles à tenir et les prévisions encore plus incertaines.

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Et pourtant, il y a urgence à agir dès maintenant pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre. Plus nous attendrons et plus les conséquences seront importantes. L’année 2015 apparaît déjà comme la plus chaude de l’histoire et les températures ont atteint plus de 0° C au pôle Nord en décembre !

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Mais si le changement climatique est une question centrale car il va modifier les conditions de notre vie sur terre, cela ne doit pas nous faire oublier que nous autres humains ne sommes pas les seuls habitants de notre planète. Jean-Marie Pelt, disparu peu avant Noël, savait comme personne nous raconter l’histoire des plantes et des animaux et nous faire réfléchir aux liens qui nous unissent à eux. Un homme remarquablement cultivé et ouvert sur le monde, auquel nous rendons hommage sur ce site.

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Autre personne qui n’avait pas son pareil pour secouer nos certitudes, François Terrasson, auteur de La peur de la nature et membre actif de notre association, disparu depuis 10 ans maintenant. Nous lui consacrons plusieurs articles et vous invitons à suivre les conférences qui seront organisées cette année pour montrer combien sa pensée est d’actualité.

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En effet, aujourd’hui encore, la vie sauvage nous dérange, comme en témoigne l’attitude de certains envers le loup, qui continue à faire peur, alors qu’il a failli disparaître de nos régions et qu’il a obtenu le statut d’espèce protégée en Europe. Suite à un arrêté ministériel autorisant l’abattage de loups, une trentaine de ces mammifères ont été tués en 2015, ce qui conduit plusieurs associations de protection de la nature à organiser une manifestation le 16 janvier à Lyon pour demander l’arrêt de cette chasse.

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A l’ouest, à Notre-Dame-des-Landes, c’est une vaste zone humide qui est menacée par le projet de construction de l’aéroport, alors que les autorités s’apprêtent à expulser les personnes qui y habitent. Et ce, malgré la COP 21 et malgré la présence d’espèces rares sur ce territoire. Notre ami Fabrice Nicolino devrait être aux côtés des naturalistes engagés contre ce projet d’aéroport, le 7 janvier, pour montrer l’importance de cette vie que l’on néglige. Un beau symbole, un an après l’attaque contre Charlie Hebdo dont il a été lui aussi victime.

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Nous sommes encore loin d’avoir une relation apaisée entre nous humains ou avec les autres espèces qui peuplent la nature.

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Aussi, formulons-nous ces vœux : que l’année 2016 nous permette de retrouver le chemin de la vie et de l’émerveillement, qui est un puissant moteur de changement.

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* IPSOS pour l’agence Havas France.

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