Les saisons D’après le film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Textes de Stéphane Durand

Saisons
Jacques Perrin a toujours été l’exigence même pour l’image. Il préfère retardé la sortie d’un film plutôt que que de se contenter d’images imparfaites. Son dernier film, Les saisons, sera en salle le 27 janvier mais le livre est d’ores et déjà en librairie. Les saisons racontent l’histoire de l’humanité du point de vue des animaux. Le film évoque l’âge de glace, avec des paysages de steppes et de toundra et des animaux d’aujourd’hui, des survivants en quelques sortes :  bœufs musqués, rennes, chevaux de Przewalski, chouette harfang… Quelques degrés de plus et tout est bouleversé. Les arbres partent à la conquête de l’Europe et ce sera l’âge d’or de la forêt avec de la vie à tous les étages. On découvre ainsi l’ours, la cigogne noire, la martre, le lucane cerf-volant, le lynx, le renard, le cerf, le loup, le blaireau, le geai et bien d’autres habitants des bois à travers de magnifiques photos saisies sur le vif. Les hommes eux, même s’ils sont bien présents, vivent encore en symbiose avec la nature.

En se sédentarisant, les chasseurs cueilleurs vont devenir agriculteurs. Ils vont de plus en plus asservir la nature et ce sera l’âge d’or de la campagne. Le monde animal va se scinder en deux, celui des domestiqués et celui des sauvages. Le second va de plus en plus être l’ennemi de l’homme, les prédateurs en tête. L’homme moderne entre en guerre non seulement avec la nature mais avec lui-même. Jacques Delamain est un ornitho qui a observé les oiseaux depuis les tranchées. Ses carnets d’observations racontent le comportement des animaux très présents dans les tranchées. Mais les animaux et les hommes sont égaux devant les gaz de combat, ces mêmes gaz qui vont être à l’origine des engrais chimiques après la guerre. C’est la fin de la campagne. Double page d’abeilles trucidées, pleine page d’un homme en scaphandre en plein action d’empoisonnement du monde… L’empreinte de l’homme est terrible. Les animaux, en constante diminution, doivent faire avec. Ils sont devenus fuyants. Il faut d’infinies précautions pour pouvoir les observer.

Le livre s’achève avec un chapitre consacré aux coulisses du film. On y voit comment s’est effectué le travail avec des animaux imprégnés dès leur naissance, ces acteurs là n’ayant pas peur de l’homme d’autant que ceux qui les entouraient étaient très respectueux. On y découvre aussi les moyens techniques, énormes, et pourtant il s’agissait bien souvent de bricolage maison, ainsi que les expéditions et quelques scènes coupées au montage. En toute fin, viennent les visages et les noms de tous ceux qui ont collaboré au film. Le texte de Stéphane Durand qui accompagne les somptueuses photos du film est très instructif. Un livret, Plaidoyer pour une nouvelle alliance, rédigé par quatre spécialistes, Éric Baratay, Jean-Denis Vigne, Gilbert Cochet et Philippe Descola, accompagne l’ouvrage. Ce livre magnifique, vous l’aurez compris, est un hors d’œuvre à déguster patiemment en attendant la fin janvier.


Éditions Actes Sud, 286 pages, 36 € – www.actes-sud.fr
Contact presse: Sophie Patay. Tél.: 01 55 42 14 43 – s.patey@actes-sud.fr
(Danièle Boone)