Les rencontres nationales et internationales sur la gestion des déchets en Algérie ont-elles servi à quelque chose ? Organisées par le ministère chargé de l’Environnement en partenariat avec des organismes étrangers, elles se sont multipliées avec des couvertures médiatiques impressionnantes. Mais le résultat est là, incontestable : le pays n’a pas avancé dans la gestion des déchets.
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par M’hamed Rebah
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Les séminaires internationaux sont accompagnés de distribution aux participants des gadgets habituels (cartables, stylos…), ponctués par des pauses cafés et déjeuners, avec prise en charge des experts étrangers, incontournables et imposés par le mode de financement du séminaire ; les communications et débats font l’objet parfois d’un document « actes du séminaire » qui finit, dans le meilleur des cas, dans un rayon de bibliothèque, et sur le terrain, presque rien n’est appliqué.
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Il y a une quinzaine d’années, en 2000, un séminaire international sur la gestion intégrée des déchets solides avait été organisé par le ministère chargé de l’Environnement en partenariat avec un organisme allemand spécialisé. Un expert algérien, le regretté Lakhdar Khaldoun, avait exposé un « plan de wilaya intégré pour le traitement des déchets solides ». Il s’agit, avait-il expliqué, d’« un outil de choix pour une gestion intégrée, allant de la localisation des gisements à prendre en compte en qualité (ménages, services publics, commerces, industries,…) et quantités, à l’évaluation des conditions de collecte et d’élimination existantes, notamment par les communes et les entreprises ».
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Lakhdar Khaldoun avait présenté son plan, entre autres, comme « un instrument d’arbitrage objectif dans les conflits sur les solutions retenues, notamment en matière de contribution aux dépenses de traitement des déchets solides ou de localisation des décharges ou des installations d’élimination ». S’il avait été écouté, il n’y aurait peut-être pas eu tous ces mouvements violents de protestation de la population contre les centres d’enfouissement technique, comme celui qui secoue la localité de Beni Amrane, dans la wilaya de Boumerdès, après les manifestations de Corso, dans la même wilaya, et de Reghaïa, près d’Alger, pour la même raison.
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On n’en serait pas aussi à des taux ridicules de recyclage des déchets ménagers comme nous l’apprend, en novembre 2015, une étude réalisée par des experts sud-coréens dans le domaine de l’environnement sur les wilayas de Blida et de Bordj Bou Arreridj où il est particulièrement faible, oscillant entre 2 % et 5 % seulement. Ce chiffre correspond certainement au taux moyen au niveau national, ce qui signifie que le recyclage est quasiment inexistant en Algérie. On ne pourra pas dépasser les 10 % d’ici à 2020, selon les Sud-Coréens, alors que l’Agence nationale des déchets (AND) estime que 40 % des déchets ménagers produits actuellement sont recyclables.
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Pourquoi ce décalage entre l’objectif donné par les experts sud-coréens, 10 %, et les estimations des Algériens, 40 % ? Après les Allemands, c’est au tour des Sud-Coréens à nous aider à gérer les déchets ménagers. Comme les Allemands, il y a une vingtaine d’années, les Sud-Coréens, eux aussi, commencent par des opérations pilotes : les wilayas de Blida et de Bordj Bou Arreridj ont été choisies « à titre pilote pour servir à l’établissement d’un plan général de gestion rationnelle et efficace des déchets » , peut-on lire dans la dépêche de l’APS qui a rendu compte d’un forum algéro-sud-coréen sur l’eau et l’environnement, tenu récemment, à Alger. Quand sortira-t-on des opérations pilotes en matière de gestion des déchets ménagers ?
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